[350] (Τροφός)
Τί φῄς; Ἐρᾷς, ὦ τέκνον; Ἀνθρώπων τίνος;
(Φαίδρα)
Ὅστις ποθ' οὗτός ἐσθ', ὁ τῆς Ἀμαζόνος - - -
(Τροφός)
Ἱππόλυτον αὐδᾷς;
(Φαίδρα)
Σοῦ τάδ', οὐκ ἐμοῦ κλύεις.
(Τροφός)
(353) Οἴμοι, τί λέξεις, τέκνον; Ὥς μ' ἀπώλεσας.
Γυναῖκες, οὐκ ἀνασχέτ', οὐκ ἀνέξομαι
(355) ζῶσ'· ἐχθρὸν ἦμαρ, ἐχθρὸν εἰσορῶ φάος.
Ῥίψω μεθήσω σῶμ', ἀπαλλαχθήσομαι
βίου θανοῦσα· χαίρετ', οὐκέτ' εἴμ' ἐγώ.
Οἱ σώφρονες γάρ, οὐχ ἑκόντες ἀλλ' ὅμως,
κακῶν ἐρῶσι. Κύπρις οὐκ ἄρ' ἦν θεός,
(360) ἀλλ' εἴ τι μεῖζον ἄλλο γίγνεται θεοῦ,
ἣ τήνδε κἀμὲ καὶ δόμους ἀπώλεσεν.
(Χορός)
Ἄιες ὤ, ἔκλυες ὤ,
ἀνήκουστα τᾶς
τυράννου πάθεα μέλεα θρεομένας;
Ὀλοίμαν ἔγωγε πρὶν σᾶν, φίλα,
(365) κατανύσαι φρενῶν. Ἰώ μοι, φεῦ φεῦ·
ὦ τάλαινα τῶνδ' ἀλγέων·
ὦ πόνοι τρέφοντες βροτούς.
Ὄλωλας, ἐξέφηνας ἐς φάος κακά.
Τίς σε παναμέριος ὅδε χρόνος μένει;
(370) Τελευτάσεταί τι καινὸν δόμοις.
Ἄσημα δ' οὐκέτ' ἐστὶν οἷ φθίνει τύχα
Κύπριδος, ὦ τάλαινα παῖ Κρησία.
(Φαίδρα)
(373) Τροζήνιαι γυναῖκες, αἳ τόδ' ἔσχατον
οἰκεῖτε χώρας Πελοπίας προνώπιον,
(375) ἤδη ποτ' ἄλλως νυκτὸς ἐν μακρῷ χρόνῳ
θνητῶν ἐφρόντισ' ᾗ διέφθαρται βίος.
Καί μοι δοκοῦσιν οὐ κατὰ γνώμης φύσιν
πράσσειν κάκιον· ἔστι γὰρ τό γ' εὖ φρονεῖν
πολλοῖσιν· ἀλλὰ τῇδ' ἀθρητέον τόδε·
(380) τὰ χρήστ' ἐπιστάμεσθα καὶ γιγνώσκομεν,
οὐκ ἐκπονοῦμεν δ', οἱ μὲν ἀργίας ὕπο,
οἱ δ' ἡδονὴν προθέντες ἀντὶ τοῦ καλοῦ
ἄλλην τιν'. Εἰσὶ δ' ἡδοναὶ πολλαὶ βίου,
μακραί τε λέσχαι καὶ σχολή, τερπνὸν κακόν,
(385) αἰδώς τε. Δισσαὶ δ' εἰσίν, ἡ μὲν οὐ κακή,
ἡ δ' ἄχθος οἴκων. Εἰ δ' ὁ καιρὸς ἦν σαφής,
οὐκ ἂν δύ' ἤστην ταὔτ' ἔχοντε γράμματα.
Ταῦτ' οὖν ἐπειδὴ τυγχάνω προγνοῦσ' ἐγώ,
οὐκ ἔσθ' ὁποίῳ φαρμάκῳ διαφθερεῖν
(390) ἔμελλον, ὥστε τοὔμπαλιν πεσεῖν φρενῶν.
Λέξω δὲ καί σοι τῆς ἐμῆς γνώμης ὁδόν.
Ἐπεί μ' ἔρως ἔτρωσεν, ἐσκόπουν ὅπως
κάλλιστ' ἐνέγκαιμ' αὐτόν. Ἠρξάμην μὲν οὖν
ἐκ τοῦδε, σιγᾶν τήνδε καὶ κρύπτειν νόσον.
(395) Γλώσσῃ γὰρ οὐδὲν πιστόν, ἣ θυραῖα μὲν
φρονήματ' ἀνδρῶν νουθετεῖν ἐπίσταται,
αὐτὴ δ' ὑφ' αὑτῆς πλεῖστα κέκτηται κακά.
Τὸ δεύτερον δὲ τὴν ἄνοιαν εὖ φέρειν
τῷ σωφρονεῖν νικῶσα προυνοησάμην.
| [350] (LA NOURRICE)
Que dis-tu ? O mon enfant, aimes-tu quelqu'un?
(PHÈDRE)
Tu connais ce fils de l'Amazone ?
(LA NOURRICE)
Hippolyte, dis-tu?
(PHÈDRE)
C'est toi qui l'as nommé.
(LA NOURRICE)
(353) Grands dieux ! qu'as-tu dit? je suis perdue! Mes amies, cela peut-il
s'entendre? Après cela je ne saurais plus vivre : le jour m'est odieux, la
lumière m'est odieuse ! J'abandonne mon corps, je le sacrifie ; je me
délivrerai de la vie en mourant. Adieu, c'est fait de moi. Les plus sages
sont donc entraînées au crime malgré elles! Vénus n'est donc pas une
déesse, mais plus qu'une déesse, s'il est possible, elle qui a perdu
Phèdre, et sa famille, et moi-même !
(LE CHOEUR)
Avez-vous entendu la reine dévoiler sa passion funeste, inouïe? Puissé-je
mourir, chère amie, avant que ta raison t'abandonne ! Hélas! hélas!
quelles souffrances! O douleur, aliment des mortels ! Tu es perdue, tu as
révélé de tristes secrets. Quelle longue suite de misère t'attend
désormais! Quelque chose de nouveau va se passer dans ce palais. Il n'y a
plus à chercher sur qui tombe la persécution de Vénus, ô malheureuse fille
de la Crète !
(PHÈDRE)
(373) Femmes de Trézène, qui habitez cette extrémité de la terre de Pélops,
souvent, dans la longue durée des nuits, je me suis demandé ce qui
corrompt la vie des mortels. Selon moi, ce n'est pas en vertu de leur
nature qu'ils font le mal, car un grand nombre ont le sens droit; mais
voici ce qu'il faut considérer : nous savons ce qui est bien, nous le
connaissons, mais nous ne le taisons pas ; les uns par paresse, les autres
parce qu'ils préfèrent le plaisir à ce qui est honnête. Or, il y a bien
des plaisirs dans la vie : les longs entretiens frivoles, l'oisiveté,
plaisir si attrayant, et la honte ; il y en a de deux espèces, l'une qui
n'a rien de mauvais, l'autre qui est le fléau des familles; et si les
caractères propres à chacun étaient bien clairs, elles n'auraient pas
toutes deux le même nom. Après avoir reconnu d'avance ces vérités, il
n'est sans doute aucun breuvage capable de me corrompre au point de me
jeter dans des sentiments contraires. Mais je vais vous exposer la route
que mon esprit a suivie. Après que l'amour m'eut blessée, je considérai
les meilleurs moyens de le supporter. Je commençai donc dès lors par taire
mon mal et par le cacher ; car on ne peut en rien se fier à la langue, qui
sait fort bien donner des conseils aux autres, mais qui est victime des
maux qu'elle s'attire elle-même. Ensuite je résolus de résister au délire
de ma passion, et de la vaincre par la chasteté.
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