[450] οὗ πάντες ἐσμὲν οἱ κατὰ χθόν' ἔκγονοι.
Ὅσοι μὲν οὖν γραφάς τε τῶν παλαιτέρων
ἔχουσιν αὐτοί τ' εἰσὶν ἐν μούσαις ἀεὶ
ἴσασι μὲν Ζεὺς ὥς ποτ' ἠράσθη γάμων
Σεμέλης, ἴσασι δ' ὡς ἀνήρπασέν ποτε
(455) ἡ καλλιφεγγὴς Κέφαλον ἐς θεοὺς Ἕως
ἔρωτος οὕνεκ'·
ἀλλ' ὅμως ἐν οὐρανῷ
ναίουσι κοὐ φεύγουσιν ἐκποδὼν θεούς,
στέργουσι δ', οἶμαι, ξυμφορᾷ νικώμενοι.
Σὺ δ' οὐκ ἀνέξῃ; Χρῆν σ' ἐπὶ ῥητοῖς ἄρα
(460) πατέρα φυτεύειν, ἢ 'πὶ δεσπόταις θεοῖς
ἄλλοισιν, εἰ μὴ τούσδε γε στέρξεις νόμους.
Πόσους δοκεῖς δὴ κάρτ' ἔχοντας εὖ φρενῶν
νοσοῦνθ' ὁρῶντας λέκτρα μὴ δοκεῖν ὁρᾶν;
Πόσους δὲ παισὶ πατέρας ἡμαρτηκόσι
(465) συνεκκομίζειν Κύπριν; Ἐν σοφοῖσι γὰρ
τάδ' ἐστὶ θνητῶν, λανθάνειν τὰ μὴ καλά.
Οὐδ' ἐκπονεῖν τοι χρὴ βίον λίαν βροτούς·
οὐδὲ στέγην γὰρ ᾗ κατηρεφεῖς δόμοι
καλῶς ἀκριβώσαις ἄν·
ἐς δὲ τὴν τύχην
(470) πεσοῦσ' ὅσην σύ, πῶς ἂν ἐκνεῦσαι δοκεῖς;
Ἀλλ' εἰ τὰ πλείω χρηστὰ τῶν κακῶν ἔχεις,
ἄνθρωπος οὖσα κάρτα γ' εὖ πράξειας ἄν.
Ἀλλ', ὦ φίλη παῖ, λῆγε μὲν κακῶν φρενῶν,
λῆξον δ' ὑβρίζουσ'·
οὐ γὰρ ἄλλο πλὴν ὕβρις
(475) τάδ' ἐστί, κρείσσω δαιμόνων εἶναι θέλειν,
τόλμα δ' ἐρῶσα·
θεὸς ἐβουλήθη τάδε.
Νοσοῦσα δ' εὖ πως τὴν νόσον καταστρέφου.
Εἰσὶν δ' ἐπῳδαὶ καὶ λόγοι θελκτήριοι·
φανήσεταί τι τῆσδε φάρμακον νόσου.
(480) Ἦ τἄρ' ἂν ὀψέ γ' ἄνδρες ἐξεύροιεν ἄν,
εἰ μὴ γυναῖκες μηχανὰς εὑρήσομεν.
(Χορός)
(Φαίδρα) , λέγει μὲν ἥδε χρησιμώτερα
πρὸς τὴν παροῦσαν ξυμφοράν, αἰνῶ δὲ σέ.
Ὁ δ' αἶνος οὗτος δυσχερέστερος λόγων
(485) τῶν τῆσδε καί σοι μᾶλλον ἀλγίων κλύειν.
(Φαίδρα)
(486) Τοῦτ' ἔσθ' ὃ θνητῶν εὖ πόλεις οἰκουμένας
δόμους τ' ἀπόλλυσ', οἱ καλοὶ λίαν λόγοι.
Οὐ γάρ τι τοῖσιν ὠσὶ τερπνὰ χρὴ λέγειν,
ἀλλ' ἐξ ὅτου τις εὐκλεὴς γενήσεται.
(Τροφός)
(490) Τί σεμνομυθεῖς; Οὐ λόγων εὐσχημόνων
δεῖ σ', ἀλλὰ τἀνδρός. Ὡς τάχος διιστέον,
τὸν εὐθὺν ἐξειπόντας ἀμφὶ σοῦ λόγον.
Εἰ μὲν γὰρ ἦν σοι μὴ 'πὶ συμφοραῖς βίος
τοιαῖσδε, σώφρων δ' οὖσ' ἐτύγχανες γυνή,
(495) οὐκ ἄν ποτ' εὐνῆς οὕνεχ' ἡδονῆς τε σῆς
προῆγον ἄν σε δεῦρο·
νῦν δ' ἀγὼν μέγας
σῶσαι βίον σόν, κοὐκ ἐπίφθονον τόδε.
(Φαίδρα)
Ὦ δεινὰ λέξασ', οὐχὶ συγκλῄσεις στόμα
καὶ μὴ μεθήσεις αὖθις αἰσχίστους λόγους;
| [450] auquel tous sur la terre nous devons la vie. Tous ceux
qui possèdent les écrits des anciens, ceux qui jouissent du commerce des
Muses, savent comment Jupiter fut épris de Sémélé ; ils savent que la
brillante Aurore enleva parmi les dieux Céphale, par amour pour lui.
Cependant ces divinités habitent toujours le ciel, et ne se dérobent pas
aux regards des autres dieux ; elles se résignent sans doute à la destinée
qui les a vaincues : et toi, tu ne céderais pas à la tienne? Il fallait
que ton père te mit au monde à certaines conditions, et sous l'empire
d'autres dieux, si tu ne te résignes pas à ces lois. Combien crois-tu
qu'il y ait d'époux sensés qui voient leur couche souillée, et feignent de
ne pas voir? combien est-il de pères qui favorisent les amours de leurs
enfants coupables? car l'habileté parmi les hommes consiste à cacher le
mal. Les mortels ne doivent pas chercher dans leur vie une perfection trop
rigide ; on ne prend pas non plus la peine de décorer le toit d'un vaste
édifice. Dans l'abîme où tu es tombée, comment espérerais-tu échapper?
Mais si, pour toi, le bien l'emporte sur le mal, malgré ta condition
mortelle, tu dois t'estimer bien heureuse. Ainsi, ma chère fille, renonce
à de mauvaises pensées, et cesse tes outrages ; car c'est un véritable
outrage, que de vouloir s'élever au-dessus des dieux. Ose aimer, c'est une
déesse qui l'a voulu ; et ce mal qui te dévore, fais tout pour t'en
délivrer. Il est des enchantements et des paroles propres à calmer les
fureurs amoureuses : on trouvera un remède pour ton mal. Certes, les
hommes seraient bien lents dans leurs découvertes, si nous autres femmes
ne trouvions pas de tels secrets.
(LE CHOEUR)
Phèdre, les avis qu'elle te donne sont les plus utiles dans ton malheur
présent ; mais tes sentiments sont ceux que j'approuve. Cependant cet
éloge t'est plus odieux et plus pénible à entendre que les discours de ta
nourrice.
(PHÈDRE)
(486) Voilà ce qui ruine les familles et les états les mieux constitués :
ce sont les discours artificieux. Il faut dire, non ce qui flatte
l'oreille, mais ce qui doit conduire à la gloire.
(LA NOURRICE)
A quoi bon ce magnifique langage ? ce ne sont pas de belles paroles qu'il
te faut, c'est l'homme que tu aimes. Il faut reconnaître au plus vite ceux
qui s'expliquent directement sur ta passion. Si ta vie n'était livrée à de
telles calamités, si tu n'étais une femme modeste, jamais, pour favoriser
tes voluptés et tes désirs coupables, je ne t'encouragerais à cette
démarche : mais maintenant il s'agit de sauver ta vie, et pour cela rien
ne doit coûter.
(PHÈDRE)
Ô exécrables conseils! Tais-toi, malheureuse, et ne répète pas des paroles
qui me font rougir.
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