Texte grec :
[600] (ΜΕΝΕΛΑΟΣ) τί δ´ ἔστιν; οὔ που βαρβάρων συλᾶσθ´ ὕπο;
601 (ΘΕΡΑΠΩΝ) θαυμάστ´, ἔλασσον τοὔνομ´ ἢ τὸ πρᾶγμ´ ἔχον.
602 (ΜΕΝΕΛΑΟΣ) λέγ´· ὡς φέρεις τι τῆιδε τῆι σπουδῆι νέον.
603 (ΘΕΡΑΠΩΝ) λέγω πόνους σε μυρίους τλῆναι μάτην.
604 (ΜΕΝΕΛΑΟΣ) παλαιὰ θρηνεῖς πήματ´· ἀγγέλλεις δὲ τί;
605 (ΘΕΡΑΠΩΝ) βέβηκεν ἄλοχος σὴ πρὸς αἰθέρος πτυχὰς
606 ἀρθεῖς´ ἄφαντος· οὐρανῶι δὲ κρύπτεται
607 λιποῦσα σεμνὸν ἄντρον οὗ σφ´ ἐσώιζομεν,
608 τοσόνδε λέξας´· Ὦ ταλαίπωροι Φρύγες
609 πάντες τ´ Ἀχαιοί, δι´ ἔμ´ ἐπὶ Σκαμανδρίοις
610 ἀκταῖσιν Ἥρας μηχαναῖς ἐθνήισκετε,
611 δοκοῦντες Ἑλένην οὐκ ἔχοντ´ ἔχειν Πάριν.
612 ἐγὼ δ´, ἐπειδὴ χρόνον ἔμειν´ ὅσον μ´ ἐχρῆν,
613 τὸ μόρσιμον σώσασα πατέρ´ ἐς οὐρανὸν
614 ἄπειμι· φήμας δ´ ἡ τάλαινα Τυνδαρὶς
615 ἄλλως κακὰς ἤκουσεν οὐδὲν αἰτία.
616 ὦ χαῖρε, Λήδας θύγατερ· ἐνθάδ´ ἦσθ´ ἄρα.
617 ἐγὼ δέ ς´ ἄστρων ὡς βεβηκυῖαν μυχοὺς
618 ἤγγελλον εἰδὼς οὐδὲν ὡς ὑπόπτερον
619 δέμας φοροίης. οὐκ ἐῶ σε κερτομεῖν
620 ἡμᾶς τόδ´ αὖθις, ὡς ἅδην ἐν Ἰλίωι
621 πόνους παρεῖχες σῶι πόσει καὶ συμμάχοις.
622 (ΜΕΝΕΛΑΟΣ) τοῦτ´ ἔστ´ ἐκεῖνο· ξυμβεβᾶσί μοι λόγοι
623 οἱ τῆσδ´ ἀληθεῖς. ὦ ποθεινὸς ἡμέρα,
624 ἥ ς´ εἰς ἐμὰς ἔδωκεν ὠλένας λαβεῖν.
625 (ΕΛΕΝΗ) ὦ φίλτατ´ ἀνδρῶν Μενέλεως, ὁ μὲν χρόνος
626 παλαιός, ἡ δὲ τέρψις ἀρτίως πάρα.
627 ἔλαβον ἀσμένα πόσιν ἐμόν, φίλαι,
628 περί τ´ ἐπέτασα χέρα φίλιον ἐν μακρᾶι
629 φλογὶ φαεσφόρωι.
630 (ΜΕΝΕΛΑΟΣ) κἀγὼ σέ· πολλοὺς δ´ ἐν μέσωι λόγους ἔχων
631 οὐκ οἶδ´ ὁποίου πρῶτον ἄρξωμαι τὰ νῦν.
632 (ΕΛΕΝΗ) γέγηθα, κρατὶ δ´ ὀρθίους ἐθείρας
633 ἀνεπτέρωσα καὶ δάκρυ σταλάσσω,
634 περὶ δὲ γυῖα χέρας ἔβαλον ἡδονάν,
635 ὦ πόσις, ὡς λάβω.
636 (ΜΕΝΕΛΑΟΣ) ὦ φιλτάτα πρόσοψις, οὐκ ἐμέμφθην·
637 ἔχω τὰ τοῦ Διὸς λέκτρα Λήδας τε.
638 (ΕΛΕΝΗ) ἃν ὑπὸ λαμπάδων κόροι λεύκιπποι
639-640 ξυνομαίμονες ὤλβισαν ὤλβισαν ...
641 (ΜΕΝΕΛΑΟΣ) τὸ πρόσθεν, ἐκ δόμων δὲ νοσφίσας ς´ ἐμοῦ
642 πρὸς ἄλλαν ἐλαύνει
643 θεὸς συμφορὰν τᾶσδε κρείσσω.
644 (ΕΛΕΝΗ) τὸ κακὸν δ´ ἀγαθὸν σέ τε κἀμὲ συνάγαγεν, ὦ πόσι,
645 χρόνιον, ἀλλ´ ὅμως· ὀναίμαν τύχας.
646 (ΜΕΝΕΛΑΟΣ) ὄναιο δῆτα· ταὐτὰ δὲ ξυνεύχομαι·
647 δυοῖν γὰρ ὄντοιν οὐχ ὁ μὲν τλήμων, ὁ δ´ οὔ.
648 (ΕΛΕΝΗ) φίλαι φίλαι,
649 τὰ πάρος οὐκέτι στένομεν οὐδ´ ἀλγῶ.
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Traduction française :
[600] MÉNÉLAS.
Qu'y a-t-il ? avez-vous été dépouillés par les Barbares ?
LE MESSAGER.
Un prodige, moins encore de nom que de fait.
MÉNÉLAS.
Parle ; tu apportes quelque nouvelle importante, à en juger par ton empressement.
LE MESSAGER.
Je dis que tu as perdu le fruit de tant de travaux.
MÉNÉLAS.
Tu rappelles d'anciennes infortunes ; mais quelle est ta nouvelle ?
LE MESSAGER.
605 Ton épouse s'est évanouie dans les airs, elle à disparu et s'est perdue dans le ciel, en quittant la grotte où nous la gardions; seulement elle s'est écriée : « Malheureux Phrygiens, et vous Grecs, vous êtes morts pour moi sur les rives du Scamandre, par les artifices de Junon, croyant Hélène dans les bras de Pâris, qui ne la posséda jamais. Fidèle à l'arrêt du destin, j'ai accompli le temps qui m'était prescrit, et je retourne au ciel, mon père. L'infortunée fille de Tyndare a vu son nom déshonoré par d'injustes imputations. » — Mais salut, fille de Léda ! tu étais donc ici ? et moi je venais annoncer ton essor vers la région des astres, ignorant que ton corps traversât les airs sur des ailes. Mais je ne te laisserai pas désormais tourner en ridicule les inutiles travaux que tu as causés à ton époux et à ses compagnons devant Troie.
MÉNÉLAS.
C'est cela même : ton récit s'accorde avec ce qu'elle vient de me dire. O jour désiré, qui me permet de te presser dans mes bras !
HÉLÈNE.
625 O Ménélas, le plus chéri des époux! bien du temps s'est passé, mais le bonheur luit enfin pour moi. O mes amies, avec quelle joie je retrouve et j'embrasse mon époux, après un si long temps !
MÉNÉLAS.
Moi de même : entre tant de choses que j'aurais à te dire, je ne sais par laquelle commencer.
HÉLÈNE.
Tout mon corps frémit de joie, et en même temps je verse des larmes; je presse mon époux dans mes bras, et je retrouve mon bonheur perdu. O mon époux.! ô doux aspect!
MÉNÉLAS.
636 Je ne me plains plus de mon sort; je possède la fille de Jupiter et de Léda, celle dont les deux frères aux blancs coursiers honorèrent jadis l'hymen en portant les torches nuptiales, celle que les dieux m'avaient ravie.
HÉLÈNE.
Les dieux nous envoient un sort meilleur. Ton voyage périlleux, mais enfin prospère, nous a réunis, ô mon époux, quoique bien tard; cependant puisse la fortune me sourire !
MÉNÉLAS.
Oui, qu'elle te soit favorable ! Je fais les mêmes vœux, Dieux ! exaucez sa prière ; de nos deux cœurs l'un ne peut être malheureux sans que l'autre partage sa misère.
HÉLÈNE.
Chères amies, nos maux passés ne sont plus rien, nous n'en souffrons plus :
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