HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

EURIPIDE, Le Cyclope (tragédie complète)

Vers 400-449

  Vers 400-449

[400] τὸν δ' αὖ, τένοντος ἁρπάσας ἄκρου ποδός, παίων πρὸς ὀξὺν στόνυχα πετραίου λίθου ἐγκέφαλον ἐξέρρανε· καὶ διαρταμῶν λάβρῳ μαχαίρᾳ σάρκας ἐξώπτα πυρί, τὰ δ' ἐς λέβητ' ἐφῆκεν ἕψεσθαι μέλη. (405) Ἐγὼ δ' τλήμων δάκρυ' ἀπ' ὀφθαλμῶν χέων ἐχριμπτόμην Κύκλωπι κἀδιακόνουν· ἅλλοι δ' ὅπως ὄρνιθες ἐν μυχοῖς πέτρας πτήξαντες εἶχον, αἷμα δ' οὐκ ἐνῆν χροί̈. Ἐπεὶ δ' ἑταίρων τῶν ἐμῶν πλησθεὶς βορᾶς (410) ἀνέπεσε, φάρυγος αἰθέρ' ἐξανεὶς βαρύν, ἐσῆλθέ μοί τι θεῖον· ἐμπλήσας σκύφος Μάρωνος αὐτῷ τοῦδε προσφέρω πιεῖν, λέγων τάδ τοῦ ποντίου θεοῦ (Κύκλωψ), σκέψαι τόδ' οἷον Ἑλλὰς ἀμπέλων ἄπο (415) θεῖον κομίζει πῶμα, Διονύσου γάνος. δ' ἔκπλεως ὢν τῆς ἀναισχύντου βορᾶς ἐδέξατ' ἔσπασέν <τ'> ἄμυστιν ἑλκύσας κἀπῄνεσ' ἄρας χεῖρα· Φίλτατε ξένων, καλὸν τὸ πῶμα δαιτὶ πρὸς καλῇ δίδως. (420) Ἡσθέντα δ' αὐτὸν ὡς ἐπῃσθόμην ἐγώ, ἄλλην ἔδωκα κύλικα, γιγνώσκων ὅτι τρώσει νιν οἷνος καὶ δίκην δώσει τάχα. Καὶ δὴ πρὸς ᾠδὰς εἷρπ'. Ἐγὼ δ' ἐπεγχέων ἄλλην ἐπ' ἄλλῃ σπλάγχν' ἐθέρμαινον ποτῷ. (425) ᾌδει δὲ παρὰ κλαίουσι συνναύταις ἐμοῖς ἄμουσ', ἐπηχεῖ δ' ἄντρον. Ἐξελθὼν δ' ἐγὼ σιγῇ σὲ σῶσαι κἄμ', ἐὰν βούλῃ, θέλω. Ἀλλ' εἴπατ' εἴτε χρῄζετ' εἴτ' οὐ χρῄζετε φεύγειν ἄμεικτον ἄνδρα καὶ τὰ Βακχίου (430) ναίειν μέλαθρα Ναί̈δων νυμφῶν μέτα. μὲν γὰρ ἔνδον σὸς πατὴρ τάδ' ᾔνεσεν· ἀλλ' ἀσθενὴς γὰρ κἀποκερδαίνων ποτοῦ ὥσπερ πρὸς ἰξῷ τῇ κύλικι λελημμένος πτέρυγας ἀλύει· σὺ δέ νεανίας γὰρ εἶ (435) σώθητι μετ' ἐμοῦ καὶ τὸν ἀρχαῖον φίλον Διόνυσον ἀνάλαβ', οὐ Κύκλωπι προσφερῆ. (Χορός) (437) φίλτατ', εἰ γὰρ τήνδ' ἴδοιμεν ἡμέραν Κύκλωπος ἐκφυγόντες ἀνόσιον κάρα. Ὡς διὰ μακροῦ γε τὸν σίφωνα τὸν φίλον (440) χηρεύομεν τόνδ' οὐκ ἔχομεν καταφαγεῖν. (Ὀδυσσεύς) Ἄκουε δή νυν ἣν ἔχω τιμωρίαν θηρὸς πανούργου σῆς τε δουλείας φυγήν. (Χορός) Λέγ', ὡς Ἀσιάδος οὐκ ἂν ἥδιον ψόφον κιθάρας κλύοιμεν Κύκλωπ' ὀλωλότα. (Ὀδυσσεύς) (445) Ἐπὶ κῶμον ἕρπειν πρὸς κασιγνήτους θέλει Κύκλωπας ἡσθεὶς τῷδε Βακχίου ποτῷ. (Χορός) Ξυνῆκἔρημον ξυλλαβὼν δρυμοῖσί νιν σφάξαι μενοινᾷς πετρῶν ὦσαι κάτα. (Ὀδυσσεύς) Οὐδὲν τοιοῦτον· δόλιος προθυμία.
[400] il prit l'autre par l'extrémité du talon, et, lui brisant la tête contre l'angle du rocher, il fit jaillir la cervelle ; ensuite, enlevant les chairs avec son large coutelas, il les fit rôtir sur le feu, et jeta le reste des membres dans la marmite, pour les faire bouillir. Pour moi, malheureux, les yeux baignés de larmes, je me tenais près du Cyclope et je le servais. Les autres, comme des oiseaux tremblants, se retiraient dans les coins obscurs de la caverne, frappés de terreur, et le sang glacé dans les veines. Lorsque enfin, après s'être repu de la chair de mes compagnons, le Cyclope est retombé, et que I'haleine impure de son gosier infectait l'air, une pensée divine vint m'inspirer. Je remplis une coupe de vin pur de Maron, je l'offre à boire au Cyclope, et lui dis : « Cyclope, fils du dieu des mers, vois quelle boisson divine la Grèce exprime de ses vignes : c'est la liqueur de Bacchus. » Gorgé de ces mets abominables, il prit la coupe et la vida d'un trait ; puis il en fait l'éloge, et, levant les mains, il s'écrie : « O le plus cher des hôtes ! tu me fais boire une liqueur exquise après un repas exquis. » Le voyant ainsi réjoui, je lui remplis une seconde coupe, sur que le vin le dompterait, et nous aiderait à le punir. Déjà il en venait aux chansons; et moi, versant coup sur coup, j'échauffais ses entrailles d'un nouveau feu. Il mêle ses chants discordants aux pleurs de mes compagnons ; tout l'antre en retentit. Moi, je me dérobe en secret, prêt à vous sauver avec moi, si vous voulez me seconder. Dites-moi donc si vous désirez ou non fuir un monstre insociable, pour aller habiter le palais de Bacchus avec les jeunes naïades. Ton père, qui est dans l'antre, m'a déjà témoigné ce désir; mais il est faible et ne songe qu'à boire: comme un oiseau pris à la glu et qui bat vainement de l'aile, il ne peut se détacher de la coupe qu'on lui présente. Toi qui es jeune, échappe au danger avec moi; retourne à ton ancien ami Bacchus, auquel le Cyclope ressemble si peu. LE CHOEUR. (437) O cher ami, puissions-nous voir luire cet heureux jour, et nous dérober au joug du Cyclope impie! Depuis longtemps nous sommes privés du plaisir de boire ; mais nous ne pouvons échapper à ce maître cruel. ULYSSE. Écoute donc quel moyen j'ai trouvé pour nous venger de ce monstre sauvage, et pour te délivrer de la servitude. LE CHOEUR. Parle, car je n'aurais pas plus de plaisir à entendre les sons de la lyre asiatique que la nouvelle de la mort du Cyclope. ULYSSE. Dans la joie que lui inspire la liqueur de Bacchus, il veut aller à un festin avec ses frères les Cyclopes. LE CHOEUR. Je comprends : tu veux le surprendre dans les bois et le tuer, ou le précipiter du haut des rochers. ULYSSE. Rien de tel ; mon dessein est profondément combiné.


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Dernière mise à jour : 2/10/2009