Texte grec :
[650] πάντως ὁ λοιπὸς ἦν βιώσιμος χρόνος.
651 {κἀγώ τ´ ἂν ἔζων χἤδε τὸν λοιπὸν χρόνον,
652 κοὐκ ἂν μονωθεὶς ἔστενον κακοῖς ἐμοῖς.}
653 καὶ μὴν ὅς´ ἄνδρα χρὴ παθεῖν εὐδαίμονα
654 πέπονθας· ἥβησας μὲν ἐν τυραννίδι,
655 παῖς δ´ ἦν ἐγώ σοι τῶνδε διάδοχος δόμων,
656 ὥστ´ οὐκ ἄτεκνος κατθανὼν ἄλλοις δόμον
657 λείψειν ἔμελλες ὀρφανὸν διαρπάσαι.
658 οὐ μὴν ἐρεῖς γέ μ´ ὡς ἀτιμάζοντα σὸν
659 γῆρας θανεῖν προύδωκας, ὅστις αἰδόφρων
660 πρὸς ς´ ἦ μάλιστα· κἀντὶ τῶνδέ μοι χάριν
661 τοιάνδε καὶ σὺ χἠ τεκοῦς´ ἠλλαξάτην.
662 τοιγὰρ φυτεύων παῖδας οὐκέτ´ ἂν φθάνοις,
663 οἳ γηροβοσκήσουσι καὶ θανόντα σε
664 περιστελοῦσι καὶ προθήσονται νεκρόν.
665 οὐ γάρ ς´ ἔγωγε τῆιδ´ ἐμῆι θάψω χερί·
666 τέθνηκα γὰρ δὴ τοὐπὶ ς´. εἰ δ´ ἄλλου τυχὼν
667 σωτῆρος αὐγὰς εἰσορῶ, κείνου λέγω
668 καὶ παῖδά μ´ εἶναι καὶ φίλον γηροτρόφον.
669 μάτην ἄρ´ οἱ γέροντες εὔχονται θανεῖν,
670 γῆρας ψέγοντες καὶ μακρὸν χρόνον βίου·
671 ἢν δ´ ἐγγὺς ἔλθηι θάνατος, οὐδεὶς βούλεται
672 θνήισκειν, τὸ γῆρας δ´ οὐκέτ´ ἔστ´ αὐτοῖς βαρύ.
673 (ΧΟΡΟΣ) παύσασθ´, ἅλις γὰρ ἡ παροῦσα συμφορά·
674 ὦ παῖ, πατρὸς δὲ μὴ παροξύνηις φρένας.
675 (ΦΕΡΗΣ) ὦ παῖ, τίν´ αὐχεῖς, πότερα Λυδὸν ἢ Φρύγα
676 κακοῖς ἐλαύνειν ἀργυρώνητον σέθεν;
677 οὐκ οἶσθα Θεσσαλόν με κἀπὸ Θεσσαλοῦ
678 πατρὸς γεγῶτα γνησίως ἐλεύθερον;
679 ἄγαν ὑβρίζεις καὶ νεανίας λόγους
680 ῥίπτων ἐς ἡμᾶς οὐ βαλὼν οὕτως ἄπει.
681 ἐγὼ δέ ς´ οἴκων δεσπότην ἐγεινάμην
682 κἄθρεψ´, ὀφείλω δ´ οὐχ ὑπερθνήισκειν σέθεν·
683 οὐ γὰρ πατρῶιον τόνδ´ ἐδεξάμην νόμον,
684 παίδων προθνήισκειν πατέρας, οὐδ´ Ἑλληνικόν.
685 σαυτῶι γὰρ εἴτε δυστυχὴς εἴτ´ εὐτυχὴς
686 ἔφυς· ἃ δ´ ἡμῶν χρῆν σε τυγχάνειν ἔχεις.
687 πολλῶν μὲν ἄρχεις, πολυπλέθρους δέ σοι γύας
688 λείψω· πατρὸς γὰρ ταὔτ´ ἐδεξάμην πάρα.
689 τί δῆτά ς´ ἠδίκηκα; τοῦ ς´ ἀποστερῶ;
690 μὴ θνῆισχ´ ὑπὲρ τοῦδ´ ἀνδρός, οὐδ´ ἐγὼ πρὸ σοῦ.
691 χαίρεις ὁρῶν φῶς· πατέρα δ´ οὐ χαίρειν δοκεῖς;
692 ἦ μὴν πολύν γε τὸν κάτω λογίζομαι
693 χρόνον, τὸ δὲ ζῆν σμικρὸν ἀλλ´ ὅμως γλυκύ.
694 σὺ γοῦν ἀναιδῶς διεμάχου τὸ μὴ θανεῖν
695 καὶ ζῆις παρελθὼν τὴν πεπρωμένην τύχην,
696 ταύτην κατακτάς· εἶτ´ ἐμὴν ἀψυχίαν
697 λέγεις, γυναικός, ὦ κάκισθ´, ἡσσημένος,
698 ἣ τοῦ καλοῦ σοῦ προύθανεν νεανίου;
699 σοφῶς δ´ ἐφηῦρες ὥστε μὴ θανεῖν ποτε,
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Traduction française :
[650] le temps qui te restait à vivre était bien court ;
Alceste et moi nous aurions passé sans crainte le reste de nos jours, et je n'aurais pas à pleurer mon veuvage. Cependant tu avais eu en partage tout le bonheur permis à un homme ; ta jeunesse s'est passée sur le trône ; tu avais en moi un fils, héritier de tes états ; tu n'avais donc pas à craindre de mourir sans enfants, et de laisser ta maison en proie à des étrangers. Et ne me dis pas que, méprisant ta vieillesse, je t'ai livré à la mort, moi qui eus toujours tant de respect pour toi ; et telle est la reconnaissance que toi et ma mère vous m'en avez témoignée ! Aussi tu ne peux trop te hâter d'engendrer des enfants qui nourrissent ta vieillesse, et qui, à ta mort, t'ensevelissent et prennent soin de tes funérailles ; car, pour moi, ma main ne t'ensevelira pas ; je suis mort pour toi ; et si j'ai rencontré un autre sauveur à qui je dois la lumière, je suis son fils, et je dois être le soutien de sa vieillesse. C'est donc faussement que les vieillards invoquent la mort, se plaignent de la vieillesse et de la longue durée de la vie; si la mort approche, aucun d'eux ne veut plus mourir, et la vieillesse n'est plus pour eux un si pesant fardeau.
673 LE CHOEUR.
Cessez vos débats : il suffit du malheur présent, mon fils ; n'aigris pas le cur de ton père.
PHÉRÈS.
Mon fils, qui prétends-tu invectiver ainsi? Est-ce quelque esclave lydien ou phrygien acheté à prix d'argent? Ne sais-tu pas que je suis Thessalien, fils d'un père thessalien, et né libre? Tes outrages passent les bornes; tu lances contre moi d'insolents propos de jeune homme ; mais ce ne sera pas impunément. Je t'ai donné le jour et je t'ai élevé, pour être après moi le maître de ma maison; mais rien ne m'oblige à mourir pour toi. Ni les coutumes de nos ancêtres, ni les lois de la Grèce, n'imposent aux pères de mourir pour leurs enfants : chacun vit pour soi, heureux ou malheureux. Tout ce que je devais te donner, tu l'as reçu de moi : tu commandes à un grand nombre d'hommes, et je te laisserai de vastes domaines : je les ai reçus de mon père. En quoi t'ai-je fait tort? de quoi t'ai-je privé? Ne meurs pas pour moi, ni moi pour toi. Tu aimes à jouir de la lumière ; et crois- tu que ton père ne l'aime pas? Je songe que le temps de notre séjour dans les enfers sera long, et que cette vie est courte, mais douce. Toi-même tu as bataillé sans honte pour ne pas mourir, et tu vis, tu as franchi le terme fatal, en sacrifiant ton épouse. Et tu me reproches ma lâcheté, infâme, vaincu par une femme qui est morte pour toi, beau jeune homme ! Tu as trouvé là un heureux moyen de ne jamais mourir,
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