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Du texte à l'hypertexte

ÉSOPE, Les Fables, première partie (fables 1 à 50)

[27] LE PÊCHEUR QUI BAT L'EAU

  [27] LE PÊCHEUR QUI BAT L'EAU

[27] (Version A) Ἁλιεὺς ὕδωρ τύπτων. Ἁλιεὺς ἔν τινι ποταμῷ ἡλίευε. Καὶ δὴ κατατείνας τὰ δίκτυα, ὡς ἐμπεριέλαβεν ἑκατέρωθεν τὸ ῥεῦμα, προσδήσας κάλῳ λινῷ λίθον, ἔτυπτε τὸ ὕδωρ, ὅπως οἱ ἰχθύες φεύγοντες ἀπροφυλάκτως τοῖς βρόχοις ἐμπέσωσι. Τῶν δὲ περὶ τὸν τόπον οἰκούντων τις θεασάμενος αὐτὸν τοῦτο ποιοῦντα, ἐμέμφετο ἐπὶ τῷ τὸν ποταμὸν θολοῦν καὶ μὴ ἐᾶν αὐτοὺς διαυγὲς ὕδωρ πίνειν. δὲ ἀπεκρίνατο· "Ἀλλ' ἐὰν μὴ οὕτως ποταμὸς ταράσσηται, ἐμὲ δεήσει λιμώττοντα ἀποθανεῖν." Οὕτω καὶ τῶν πόλεων οἱ δημαγωγοὶ τότε μάλιστα ἐνεργάζονται, ὅταν τὰς πατρίδας εἰς στάσεις περιαγάγωσιν.

(Version B)
Ἁλιεὺς ὕδωρ τύπτων. Ἁλιεὺς ἔν τινι ποταμῷ ἡλίευεν. Διατείνας δὲ τὰ δίκτυα καὶ τὸ ῥεῦμα περιλαβὼν ἑκατέρωθεν, καλωδίῳ προσδήσας λίθον, τὸ ὕδωρ ἔτυπτεν, ὅπως οἱ ἰχθύες φεύγοντες ἀπαραφυλάκτως τοῖς βρόχοις ἐμπέσωσι. Τῶν δὲ περὶ τὸν τόπον οἰκούντων τις θεασάμενος τοῦτο ποιοῦντα ἐμέμφετο ὡς τὸν ποταμὸν θολοῦντα καὶ διειδὲς ὕδωρ μὴ συγχωροῦντα πίνειν. Καὶ ὃς ἀπεκρίνατο· Ἀλλ' εἰ μὴ οὕτως ποταμὸς ταράττεται, ἐμὲ δεήσει λιμώττοντα ἀποθανεῖν. μῦθος δηλοῖ ὅτι καὶ τῶν πόλεων οἱ δημαγωγοὶ τότε μάλιστα ἐργάζονται, ὅταν τὰς πατρίδας εἰς στάσιν περιάγωσιν.

[27] LE PÊCHEUR QUI BAT L'EAU Un pêcheur pêchait dans une rivière. Il avait tendu ses filets, et en avait barré le courant d'une rive à l'autre ; puis ayant attaché une pierre au bout d'une corde de lin, il en battait l'eau, pour que les poissons affolés se jetassent en fuyant dans les mailles du filet. Un des habitants du voisinage, le voyant faire, lui reprocha de troubler la rivière et de les forcer à boire de l'eau trouble. Il répondit : « Mais si la rivière n'est pas ainsi troublée, force me sera à moi de mourir de faim. » Il en est ainsi dans les États : les démagogues y font d'autant mieux leurs affaires qu'ils ont jeté leur pays dans la discorde.

(Version B - traduction DDC) :
Un pêcheur dans une rivière pêchait. Il y avait tendu ses filets et contenait le courant d’une rive à l’autre. Ayant attaché une pierre au bout d’un lacet, le voilà qui battait l’eau afin que les poissons dans leur fuite éperdue tombent dans ses nasses. Un des habitants des alentours le surprenant en train de faire ainsi, lui reprochait de polluer le fleuve et les empêcher de boire une eau limpide. Et lui de rétorquer : « Mais si le fleuve n’est pas troublé comme je le fais, il me faudra tomber mort de faim » ! La fable démontre que les démagogues des cités, eux aussi, sont particulièrement actifs lorsqu’ils poussent leurs patries à la sédition.

Commentaire DDC :
Cette version reprend textuellement quelques phrases de son modèle en les simplifiant à l’occasion, p. ex. en remplaçant dans une hypothétique l’éventuel par le réel (εἰ μὴ οὕτως ὁ ποταμὸς ταράττεται...δεήσει reprenant ἐὰν μὴ ταράσσηται...δεήσει). Dans une version comme dans l’autre la conclusion s’accorde plutôt laborieusement au récit.


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Dernière mise à jour : 4/05/2005