HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ESCHINE, Contre Ctésiphon (discours complet)

Οὕτω



Texte grec :

[210] Ὅλως δὲ τί τὰ δάκρυα; Τίς ἡ κραυγή; Τίς ὁ τόνος τῆς φωνῆς; Οὐχ ὁ μὲν τὴν γραφὴν φεύγων ἐστὶ Κτησιφῶν; Ὁ δὲ ἀγὼν οὐκ ἀτίμητος· σὺ δ' οὔτε περὶ τοῦ σώματος, οὔτε περὶ τῆς ἐπιτιμίας ἀγωνίζῃ; Ἀλλὰ περὶ τίνος ἐστὶν αὐτῷ ἡ σπουδή; Περὶ χρυσῶν στεφάνων καὶ κηρυγμάτων ἐν τῷ θεάτρῳ παρὰ τοὺς νόμους· (211) ὃν ἐχρῆν, εἰ καὶ μανεὶς ὁ δῆμος, ἢ τῶν καθεστηκότων ἐπιλελησμένος, ἐπὶ τοιαύτης ἀκαιρίας ἐβούλετο στεφανοῦν, αὐτόν, παρελθόντα εἰς τὴν ἐκκλησίαν εἰπεῖν· " Ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τὸν μὲν στέφανον δέχομαι, τὸν δὲ καιρὸν ἀποδοκιμάζω, ἐν ᾧ τὸ κήρυγμα γίγνεται· οὐ γὰρ δεῖ, ἐφ' οἷς ἡ πόλις ἐπένθησε καὶ ἐκείρατο, ἐπὶ τούτοις ἐμὲ στεφανοῦσθαι. Ἀλλ', οἶμαι, ταῦτα μὲν ἂν εἴποι ἀνὴρ ὄντως βεβιωκὼς μετ' ἀρετῆς· ἃ δὲ σὺ λέξεις, εἴποι ἂν κάθαρμα ζηλοτυποῦν ἀρετήν. (212) Οὐ γὰρ δὴ, μὰ τὸν Ἡρακλέα, τοῦτό γε ὑμῶν οὐδεὶς φοβήσεται, μὴ Δημοσθένης, ἀνὴρ μεγαλόψυχος, καὶ τὰ πολεμικὰ διαφέρων, ἀποτυχὼν τῶν ἀριστείων, οἴκαδε ἐπανελθὼν ἑαυτὸν διαχρήσηται, ὃς τοσοῦτον καταγελᾷ τῆς πρὸς ὑμᾶς φιλοτιμίας, ὥστε τὴν μιαρὰν κεφαλὴν ταύτην καὶ ὑπεύθυνον, ἣν οὗτος παρὰ πάντας τοὺς νόμους γέγραφε στεφανῶσαι, μυριάκις κατατέτμηκε, καὶ τούτων μισθοὺς εἴληφε, τραύματος ἐκ προνοίας γραφὰς γραφόμενος, καὶ κατακεκονδύλισται, ὥστε αὐτὸν οἶμαι τὰ τῶν κονδύλων ἴχνη τῶν Μειδίου ἔχειν ἔτι φανερά. Ὁ γὰρ ἄνθρωπος οὐ κεφαλήν, ἀλλὰ πρόσοδον κέκτηται. (213) Περὶ δὲ Κτησιφῶντος τοῦ γράψαντος τὴν γνώμην βραχέα βούλομαι εἰπεῖν, τὰ δὲ πολλὰ ὑπερβήσομαι, ἵνα καὶ πεῖραν λάβω, εἰ δύνασθε τοὺς σφόδρα πονηρούς, κἂν μή τις προείπῃ, διαγιγνώσκειν. Ὃ δ' ἐστὶ κοινὸν καὶ δίκαιον κατ' ἀμφοτέρων αὐτῶν ἀπαγγεῖλαι, πρὸς ὑμᾶς τοῦτ' ἐρῶ. Περιέρχονται γὰρ τὴν ἀγορὰν ἀληθεῖς κατ' ἀλλήλων ἔχοντες δόξας καὶ λόγους οὐ ψευδεῖς λέγοντες. (214) Ὁ μὲν γὰρ Κτησιφῶν οὐ τὸ καθ' ἑαυτόν φησι φοβεῖσθαι· ἐλπίζειν γὰρ δόξειν ἰδιώτης εἶναι· ἀλλὰ τὴν τοῦ Δημοσθένους ἐν τῇ πολιτείᾳ δωροδοκίαν φησὶ φοβεῖσθαι, καὶ τὴν ἐμπληξίαν καὶ δειλίαν· ὁ δὲ Δημοσθένης, εἰς αὑτὸν μὲν ἀποβλέπων, θαρρεῖν φησι, τὴν δὲ τοῦ Κτησιφῶντος πονηρίαν καὶ πορνοβοσκίαν ἰσχυρῶς δεδιέναι. Τοὺς δὴ κατεγνωκότας ἀλλήλων μηδαμῶς ὑμεῖς οἱ κοινοὶ κριταὶ τῶν ἐγκλημάτων ἀπολύσητε. (215) Περὶ δὲ τῶν εἰς ἐμαυτὸν λοιδοριῶν βραχέα βούλομαι προειπεῖν. Πυνθάνομαι γὰρ λέξειν Δημοσθένην, ὡς ἡ πόλις ὑπ' αὐτοῦ μὲν ὠφέληται πολλά, ὑπ' ἐμοῦ δὲ καταβέβλαπται, καὶ τὸν Φίλιππον, καὶ τὸν Ἀλέξανδρον, καὶ τὰς ἀπὸ τούτων αἰτίας ἀνοίσειν ἐπ' ἐμέ. Οὕτω δ' ἐστὶν, ὡς ἔοικε, δεινὸς δημιουργὸς λόγων, ὥστε οὐκ ἀποχρῇ αὐτῷ, εἴ τι πεπολίτευμαι παρ' ὑμῖν ἐγώ, ἢ εἴ τινας δημηγορίας εἴρηκα, (216) τούτων κατηγορεῖν, ἀλλὰ καὶ τὴν ἡσυχίαν αὐτὴν τοῦ βίου διαβάλλει, καὶ τῆς σιωπῆς μου κατηγορεῖ, ἵνα μηδεὶς αὐτῷ τόπος ἀσυκοφάντητος παραλείπηται, καὶ τὰς ἐν τοῖς γυμνασίοις μετὰ τῶν νεωτέρων μου διατριβὰς καταμέμφεται, καὶ κατὰ τῆσδε τῆς κρίσεως, εὐθὺς ἀρχόμενος τοῦ λόγου, φέρει τινὰ αἰτίαν, λέγων ὡς ἐγὼ τὴν γραφὴν οὐχ ὑπὲρ τῆς πόλεως ἐγραψάμην, ἀλλ' ἐνδεικνύμενος Ἀλεξάνδρῳ διὰ τὴν πρὸς αὐτὸν ἔχθραν. (217) Καὶ, νὴ Δί', ὡς ἐγὼ πυνθάνομαι, μέλλει με ἀνερωτᾷν, διὰ τί τὸ μὲν κεφάλαιον τῆς πολιτείας αὐτοῦ ψέγω, τὰ δὲ καθ' ἕκαστον οὐκ ἐκώλυον, οὐδ' ἐγραφόμην, ἀλλὰ διαλείπων, καὶ πρὸς τὴν πολιτείαν οὐ πυκνὰ προσιὼν ἀπήνεγκα τὴν γραφήν. Ἐγὼ δὲ οὔτε τὰς Δημοσθένους διατριβὰς ἐζήλωκα, οὔτ' ἐπὶ ταῖς ἐμαυτοῦ αἰσχύνομαι, οὔτε τοὺς εἰρημένους ἐν ὑμῖν λόγους ἐμαυτῷ ἀρρήτους ἂν εἶναι βουλοίμην, οὔτε τὰ αὐτὰ τούτῳ δημηγορήσας δεξαίμην ἂν ζῆν. (218) Τὴν δ' ἐμὴν σιωπήν, ὦ Δημόσθενες, ἡ τοῦ βίου μετριότης παρεσκεύασεν· ἀρκεῖ γάρ μοι μικρά, καὶ μειζόνων αἰσχρῶς οὐκ ἐπιθυμῶ· ὥστε καὶ σιωπῶ καὶ λέγω βουλευσάμενος, ἀλλ' οὐκ ἀναγκαζόμενος ὑπὸ τῆς ἐν τῇ φύσει δαπάνης· σὺ δ', οἶμαι, λαβὼν μὲν σεσίγηκας, ἀναλώσας δὲ κέκραγας, λέγεις δὲ, οὐχ ὅταν σοι δοκῇ, οὐδ' ἃ βούλει, ἀλλ' ὁπόταν οἱ μισθοδόται σοι προστάττωσιν· οὐκ αἰσχύνῃ δὲ ἀλαζονευόμενος, ἃ παραχρῆμα ἐξελέγχῃ ψευδόμενος. (219) Ἀπηνέχθη γὰρ ἡ κατὰ τοῦδε τοῦ ψηφίσματος γραφή, ἣν, οὐχ ὑπὲρ τῆς πόλεως, ἀλλ' ὑπὲρ τῆς πρὸς Ἀλέξανδρον ἐνδείξεώς με φὴς ἀπενεγκεῖν, ἔτι Φιλίππου ζῶντος, πρὶν Ἀλέξανδρον εἰς τὴν ἀρχὴν καταστῆναι, οὔπω σοῦ τὸ περὶ Παυσανίαν ἐνύπνιον ἑωρακότος, οὐδὲ πρὸς τὴν Ἀθηνᾶν καὶ τὴν Ἥραν νύκτωρ διειλεγμένου. Πῶς ἂν οὖν ἐγὼ προενεδεικνύμην Ἀλεξάνδρῳ; Εἴ γε μὴ ταὐτὸν ἐνύπνιον ἐγὼ καὶ Δημοσθένης ἴδομεν.

Traduction française :

[210] Mais, enfin, à quoi bon vos pleurs, vos cris, votre ton lamentable? N'est-ce pas Ctésiphon qu'on accuse? S'il succombe, la peine n'est-elle pas fixée par les lois? Vous, Démosthène, vous ne risquez ni vos biens, ni votre vie, ni votre honneur.» Mais de quoi est-il donc jaloux? Il veut absolument des couronnes d'or proclamées sur le théâtre contre toutes les lois, 211. lui qui, supposé même que le peuple d'Athènes fût assez peu sensé, assez aveugle, pour vouloir le couronner dans des conjonctures si peu convenables, devrait monter à la tribune, et dire : « Athéniens, j'accepte la couronne; mais j'en refuse la proclamation dans les circonstances présentes. Il n'est pas juste que je sois couronné, lorsque la république est plongée dans l'affliction et dans le deuil. » Ce serait là, sans doute, le langage d'un homme vraiment et solidement vertueux; le sien sera celui d'un scélérat hypocrite, qui n'a de la vertu que le masque. 212. Ne craignez pas que Démosthène, héros magnanime, guerrier illustre, frustré de la récompense de sa valeur, se donne la mort, dès qu'il sera rentré dans sa maison : non, n'appréhendez rien de tel de ce coeur bas et mercenaire, qui, peu jaloux de votre estime, s'est fait lui-même mille fois des incisions à la tête, à cette tête coupable et comptable qu'on veut couronner contre toutes les lois, qui a eu le front d'intenter des procès criminels pour se faire payer de ses propres blessures, qui enfin a mis à profit le soufflet de Midias, ce soufflet dont l'empreinte est encore sur sa joue : car cet homme fait de sa tête un fonds d'un excellent revenu. 213. Je vais dire un mot de Ctésiphon, l'auteur du décret : je n'entrerai pas dans le détail de sa vie ; je veux voir si, de vous-mêmes et sans le secours d'un orateur, vous pouvez connaître les méchants. Ne séparons point le héros et le panégyriste, et disons ce qu'on peut dire de tous deux en toute justice. Ils se promènent dans la place publique, pensant et parlant l'un de l'autre dans la plus exacte vérité. 214. Ctésiphon assure qu'il est tranquille pour lui-même, il se flatte d'être pris pour un homme simple; mais il redoute les variations de Démosthène dans le ministère, ses traits de cupidité et son manque de courage. Quant à Démosthène, lorsqu'il s'examine, il proteste qu'il est plein de confiance pour ce qui le regarde, mais qu'il craint étrangement pour les moeurs corrompues et les infâmes trafics de Ctésiphon. Et vous, Athéniens, juges de Ctésiphon et de Démosthène, absoudrez-vous deux hommes qui se condamnent mutuellement? 215. Je vais répondre, en peu de mots, aux invectives dont ils ne manqueront pas de me charger. Selon ce que j'apprends, Démosthène dira que j'ai causé autant de dommages à la république, qu'il lui a rendu de services. Il m'imputera tout le mal que Philippe et Alexandre ont pu faire. Ce harangueur dangereux ne se contentera pas de noircir ce que j'ai dit et fait en qualité de ministre; 216. il décriera mon loisir même et mon silence, afin qu'aucune partie de ma conduite n'échappe à sa malignité. Il empoisonnera jusqu'à mes habitudes innocentes, avec la jeunesse, dans les gymnases. Dès l'entrée de son discours, il doit chercher à rendre suspecte l'accusation actuelle, soutenir que ce n'est point par zèle pour le bien de l'état, que je l'ai accusé, mais par envie de faire ma cour à Alexandre, sachant bien que ce prince ne l'aime pas. 217. J'apprends, enfin, qu'il doit me demander pourquoi je m'élève en même temps contre toutes les opérations de son ministère, lorsque je ne les ai ni traversées, ni attaquées dans le détail; pourquoi je m'avise, en ce jour, de l'accuser auprès de vous, moi qui ne me suis mêlé des affaires publiques, que rarement et par intervalle. Pour moi, Athéniens, je n'ai jamais envié les occupations de Démosthène, et ne rougis pas des miennes. Je ne me reproche aucun des discours que j'ai prononcés devant vous, et je mourrais de honte, si je m'étais permis les siens. 218. Quant à mon silence, c'est ma vie simple, Démosthène, qui m'en a inspiré le goût. Modéré dans mes désirs, je me contente d'une fortune médiocre, et ne cherche pas à la grossir par des voies honteuses. Ma volonté seule, et non le besoin d'entretenir mon luxe, me fait taire ou parler : vous vous taisez, vous, lorsque vous avez reçu de l'argent, et vous criez de nouveau, lorsque vous l'avez dépensé. Vous parlez, non pas quand et comme il vous plaît, mais quand et comme il plaît à ceux qui vous paient; et vous ne craignez pas d'avancer des faits sur lesquels, le moment d'après, vous serez convaincu de mensonge. 219. Vous dites, par exemple, que j'ai intenté l'accusation actuelle, non par amour du bien public, mais pour faire ma cour à Alexandre. Cependant, lorsque je l'ai intentée, Philippe vivait encore, Alexandre n'était pas monté sur le trône, et vous n'aviez pas eu votre songe au sujet de Pausanias, ni vos entretiens nocturnes avec Junon et Minerve. Comment donc aurais-je eu l'idée de faire ma cour à Alexandre, n'étant pas favorisé du même songe que Démosthène?





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Dernière mise à jour : 4/10/2007