HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ESCHINE, Contre Ctésiphon (discours complet)

δόγμα



Texte grec :

[100] Ταῦτα δ' εἰπὼν δίδωσιν ἀναγνῶναι ψήφισμα τῷ γραμματεῖ, μακρότερον μὲν τῆς Ἰλιάδος, κενότερον δὲ τῶν λόγων οὓς εἴωθε λέγειν, καὶ τοῦ βίου ὃν βεβίωκε, μεστὸν δ' ἐλπίδων οὐκ ἐσομένων, καὶ στρατοπέδων οὐδέποτε συλλεγησομένων. Ἀπαγαγὼν δ' ὑμᾶς ἄπωθεν ἀπὸ τοῦ κλέμματος, καὶ ἀνακρεμάσας ἀπὸ τῶν ἐλπίδων, ἐνταῦθ' δὴ συστρέψας γράφει, κελεύων ἑλέσθαι πρέσβεις εἰς Ἐρέτριαν, οἵτινες δεήσονται τῶν Ἐρετριέων (πάνυ γὰρ ἔδει δεηθῆναι αὐτῶν), μηκέτι διδόναι τὴν σύνταξιν ὑμῖν τὰ πέντε τάλαντα, ἀλλὰ Καλλίᾳ, καὶ πάλιν ἑτέρους αἱρεῖσθαι εἰς Ὠρεόν, πρὸς τοὺς Ὠρείτας πρέσβεις, οἵτινες δεήσονται καί αὐτοὶ, τὸν αὐτὸν Ἀθηναίοις φίλον καὶ ἐχθρὸν νομίζειν εἶναι. (101) Ἔπειτα ἀναφαίνεται περὶ ἁπάντων ἐπὶ τῷ ψηφίσματι πρὸς τῷ κλέμματι, γράψας, καὶ τὰ πέντε τάλαντα τοὺς πρέσβεις ἀξιῶν τοὺς Ὠρείτας, μὴ ὑμῖν, ἀλλὰ Καλλίᾳ διδόναι. Ὅτι δ' ἀληθῆ λέγω, ἀφελὼν τὸν κόμπον, καὶ τὰς τριήρεις, καὶ τὴν ἀλαζονείαν ἐκ τοῦ ψηφίσματος ἀνάγνωθι, καὶ τοῦ κλέμματος ἅψαι, ὃ ὑφείλετο ὁ μιαρὸς καὶ ἀνόσιος ἄνθρωπος, ὅν φησι Κτησιφῶν καὶ ἐν τῷδε τῷ ψηφίσματι διατελεῖν λέγοντα καὶ πράττοντα τὰ ἄριστα τῷ δήμῳ τῷ Ἀθηναίων. ΨΗΦΙΣΜΑ. (102) Οὐκοῦν τὰς μὲν τριήρεις, καὶ τὴν πεζὴν στρατιὰν καὶ τὴν πανσέληνον, καὶ τοὺς συνέδρους, λόγῳ ἠκούσατε· τὰς δὲ συντάξεις τῶν συμμάχων, τὰ δέκα τάλαντα, ἔργῳ ἀπωλέσατε. (103) Ὑπόλοιπον δ' εἰπεῖν ἐστί μοι, ὅτι, λαβὼν τρία τάλαντα μισθὸν, τὴν γνώμην ταύτην ἔγραψε Δημοσθένης, τάλαντον μὲν ἐκ Χαλκίδος παρὰ Καλλίου, τάλαντον δὲ ἐξ Ἐρετρίας παρὰ Κλειτάρχου τυράννου, τάλαντον δὲ ἐξ Ὠρεοῦ. Διὸ καὶ καταφανὴς ἐγένετο, δημοκρατουμένων τῶν Ὠρειτῶν, καὶ πάντα πραττόντων μετὰ ψηφίσματος. Ἐξανηλωμένοι γὰρ ἐν τῷ πρὸς Φίλιππον πολέμῳ, καὶ παντελῶς ἀπόρως διακείμενοι, πέμπουσι πρὸς αὐτὸν Γνωσίδημον, τὸν Χαριγένους υἱὸν τοῦ δυναστεύσαντός ποτε ἐν Ὠρεῷ, δεησόμενον αὐτοῦ, τὸ μὲν τάλαντον ἀφεῖναι τῇ πόλει, ἐπαγγελούμενον δ' αὐτῷ χαλκῆν εἰκόνα σταθήσεσθαι ἐν Ὠρεῷ. (104) Ὁ δὲ ἀπεκρίνατο τῷ Γνωσιδήμῳ, ὅτι ἐλάχιστα χαλκοῦ οὐδὲν δέοιτο, τὸ δὲ τάλαντον διὰ τοῦ Καλλίου εἰσέπραττεν. Ἀναγκαζόμενοι δὲ οἱ Ὠρεῖται, καὶ οὐκ εὐποροῦντες, ὑπέθεσαν αὐτῷ τοῦ ταλάντου τὰς δημοσίας προσόδους, καὶ τόκον ἤνεγκαν Δημοσθένει τοῦ δωροδοκήματος δραχμὴν τοῦ μηνὸς τῆς μνᾶς, ἕως τὸ κεφάλαιον ἀπέδοσαν. (105) Καὶ ταῦτ' ἐπράχθη μετὰ ψηφίσματος τοῦ δήμου. Ὅτι δ' ἀληθῆ λέγω, λαβέ μοι τὸ ψήφισμα τῶν Ὠρειτῶν. ΨΗΦΙΣΜΑ. Τοῦτ' ἐστὶ τὸ ψήφισμα, ὦ Ἀθηναῖοι, αἰσχύνη μὲν τῆς πόλεως, ἔλεγχος δὲ οὐ μικρὸς τῶν Δημοσθένους πολιτευμάτων, φανερὰ δὲ κατηγορία Κτησιφῶντος. Τὸν γὰρ οὕτως αἰσχρῶς δωροδοκοῦντα οὐκ ἔστιν ἄνδρα γεγονέναι ἀγαθόν· ἃ τετόλμηκεν οὗτος γράψαι ἐν τῷ ψηφίσματι. (106) Ἐνταῦθ' ἤδη τέτακται καὶ ὁ τρίτος τῶν καιρῶν, μᾶλλον δ' ὁ πάντων πικρότατος χρόνος, ἐν ὧ Δημοσθένης ἀπώλεσε τὰς τῶν Ἑλλήνων καὶ τῆς πόλεως πράξεις, ἀσεβήσας μὲν εἰς τὸ ἱερὸν τὸ ἐν Δελφοῖς, ἄδικον δὲ καὶ οὐδαμῶς ἴσην τὴν πρὸς Θηβαίους συμμαχίαν γράψας. Ἄρξομαι δὲ ἀπὸ τῶν εἰς τοὺς πλημμελημάτων λέγειν. (107) Ἔστι γάρ, ὦ Ἀθηναῖοι, τὸ Κιρραῖον ὠνομασμένον πεδίον, καὶ λιμὴν ὁ νῦν Ἐξάγιστος καὶ Ἐπάρατος ὠνομασμένος. Ταύτην ποτὲ τὴν χώραν κατῴκησαν Κιρραῖοι καὶ Κραγαλίδαι, γένη παρανομώτατα, οἳ εἰς τὸ ἱερὸν τὸ ἐν Δελφοῖς καὶ περὶ τὰ ἀναθήματα ἠσέβουν, ἐξημάρτανον δὲ καὶ εἰς τοὺς Ἀμφικτύονας. Ἀγανακτήσαντες δ' ἐπὶ τοῖς γιγνομένοις μάλιστα μέν, ὡς λέγονται, οἱ πρόγονοι οἱ ὑμέτεροι, ἔπειτα καὶ οἱ ἄλλοι Ἀμφικτύονες, μαντείαν ἐμαντεύσαντο παρὰ τῷ θεῷ, τίνι χρὴ τιμωρίᾳ τοὺς ἀνθρώπους τούτους μετελθεῖν. (108) Καὶ αὐτοῖς ἀναιρεῖ ἡ Πυθία, πολεμεῖν Κιρραίοις καὶ Κραγαλίδαις πάντ' ἤματα καὶ πάσας νύκτας, καὶ, τὴν χώραν αὐτῶν ἐκπορθήσαντας, καὶ αὐτοὺς ἀνδραποδισαμένους, ἀναθεῖναι τῷ Ἀπόλλωνι τῷ Πυθίῳ καὶ τῇ Ἀρτέμιδι, καὶ τῇ Λητοῖ, καὶ Ἀθηνᾷ Προναίᾳ, ἐπὶ πάσῃ ἀεργίᾳ, καὶ ταύτην τὴν χώραν μήτ' αὐτοὺς ἐργάζεσθαι, μήτ' ἄλλον ἐᾶν. Λαβόντες δὲ τὸν χρησμὸν οἱ Ἀμφικτύονες ἐψηφίσαντο, Σόλωνος εἰπόντος Ἀθηναίου τὴν γνώμην, ἀνδρὸς καὶ νομοθετῆσαι δυνατοῦ, καὶ περὶ ποίησιν καὶ φιλοσοφίαν διατετριφότος, ἐπιστρατεύειν ἐπὶ τοὺς ἐναγεῖς κατὰ τὴν μαντείαν τοῦ θεοῦ· (109) Καὶ συναθροίσαντες δύναμιν πολλὴν τῶν Ἀμφικτυόνων, ἐξηνδραποδίσαντο τοὺς ἀνθρώπους, καὶ τὸν λιμένα καὶ τὴν πόλιν αὐτῶν κατέσκαψαν, καὶ τὴν χώραν καθιέρωσαν κατὰ τὴν μαντείαν, καὶ, ἐπὶ τούτοις, ὅρκον ὤμοσαν ἰσχυρόν, μήτε αὐτοὶ τὴν ἱερὰν γῆν ἐργάσεσθαι, μήτε ἄλλῳ ἐπιτρέψειν, ἀλλὰ βοηθήσειν τῷ θεῷ καὶ τῇ γῇ τῇ ἱερᾷ, καὶ χειρὶ, καὶ ποδὶ, καὶ φωνῇ καὶ πάσῃ δυνάμει.

Traduction française :

[100] Mais, continuons notre récit. Démosthène fit suivre sa harangue de la lecture d'un décret plus long que l'Iliade, et plus vide que les discours qu'il débite, que la vie qu'il mène, rempli d'espérances chimériques et d'armées imaginaires. Dans ce décret, après avoir détourné votre attention de sa friponnerie, et vous avoir tenus en suspens par une longue énumération d'avantages en idée, il vient à son but, et veut qu'on choisisse des députés pour Érétrie, qui prieront les Érétriens (en effet, il était bien nécessaire de les prier) de remettre leurs cinq talents, non à vous, mais à Callias; il veut de plus qu'on choisisse d'autres députés pour les Oritains, qui les prieront de regarder comme leur ami et leur ennemi, l'ami et l'ennemi d'Athènes. 101. Après quoi, il fait voir encore qu'un vil intérêt est le seul motif du décret qu'il propose; on y lit cet article : Et les députés exigeront des Oritains qu'ils payent leurs cinq talents, non à vous, mais à Callias. Pour preuve que je dis vrai, greffier, laissant là les armées, les galères, tout ce fastueux appareil de promesses frivoles, arrêtez-vous à la partie du décret qui prouve la basse cupidité de cet infâme et odieux personnage, de cet homme qui, selon Ctésiphon, continue à servir le peuple par ses discours et par ses actions. On lit une partie du décret de Démosthène. 102. Vous avez donc goûté . Athéniens, le vain plaisir d'entendre parler d'armées, de galères, de rendez-vous, de députés, tandis que vous avez essuyé la perte réelle de dix talents, contribution de vos alliés. 103. Il me reste à vous prouver que Démosthène a mis cet article dans son décret pour trois talents qu'il devait recevoir, l'un de Chalcide par les mains de Callias, l'autre d'Érétrie par les mains de Clitarque, le troisième enfin de la ville d'Orée; et c'est ce dernier talent qui a dévoilé tout le mystère, les Oritains ayant un gouvernement démocratique, et faisant tout par décrets. Ce peuple, épuisé par la guerre contre Philippe, réduit à une extrême disette, envoie à Démosthène Gnosidème, fils de ce Charigène autrefois tout puissant dans leur ville, pour le prier de remettre aux Oritains le talent qu'ils lui devaient, avec promesse de lui ériger une statue d'airain dans leur ville. 104. Démosthène répondit à Gnosidème qu'il n'avait que faire d'un vil morceau d'airain, qu'il saurait bien se faire payer de son talent par Callias. Les malheureux Oritains, pressés de fournir une somme dont ils manquaient pour lors, engagèrent les revenus publics, promirent de lui donner tous les mois, pour intérêt de sa corruption, une drachme par mine, jusqu'à ce qu'ils eussent acquitté le principal ; 105. ce qui fut confirmé par un décret du peuple. Pour preuve de ce que je dis, qu'on lise le décret des Oritains. On lit le décret des Oritains. Ce décret, Athéniens, est en même temps le déshonneur de la république, une preuve frappante des prévarications de Démosthène, et la condamnation évidente de Ctésiphon ; car il n'est pas possible qu'un homme capable d'un trait de cupidité aussi honteux, soit un bon citoyen comme l'a osé dire Ctésiphon dans son décret. 106. C'est ici que je place le troisième temps de son administration, époque funeste où ce ministre a perdu sans ressource les affaires d'Athènes, et celles de la Grèce, par ses impiétés envers le temple de Delphes, par cette alliance également injuste et désavantageuse qu'il nous a fait contracter avec les Thébains. Je commence par ses crimes envers les dieux. 107. Il est une campagne appelée Cirrhée, un port nommé le port maudit et abominable : ce pays était jadis habité par les Cirrhéens et les Acragallides, nations criminelles, qui avaient profané le temple de Delphes, pillé les offrandes, insulté les amphictyons. Nos ancêtres surtout, à ce que l'on rapporte, et les autres amphictyons, indignés de la conduite de ces peuples, consultèrent l'oracle pour savoir quelle peine on leur imposerait. 108. Il faut, répondit la Pythie, faire la guerre aux Cirrhéens et aux Acragallides, jour et nuit ; les réduire en servitude, ravager leur territoire, le consacrer à Apollon Pythien, à Diane, à Latone, à la sage Minerve, le laisser entièrement inculte, ne le labourer jamais vous-mêmes, et ne point permettre qu'un autre le laboure. D'après cette réponse, et de l'avis de Solon, cet excellent législateur, ce poète philosophe, les amphictyons résolurent de marcher contre les peuples proscrits par l'oracle. 109. Ayant donc rassemblé des forces considérables parmi les Grecs amphictyoniques, ils réduisirent les habitants en servitude, comblèrent les ports, rasèrent les villes, en consacrèrent le sol et le territoire, suivant les ordres de la Pythie. Ils s'engagèrent de plus, par un serment solennel, à ne point labourer eux-mêmes le terrain sacré, et à ne point permettre qu'un autre le labourât, mais à défendre le dieu et le terrain qui lui était consacré, de leurs biens, de leurs personnes, de tout leur pouvoir.





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Dernière mise à jour : 4/10/2007