Texte grec :
[6,1] Ἀθηναῖοι κρατήσαντες Χαλκιδέων κατεκληρούχησαν
αὐτῶν τὴν γῆν ἐς δισχιλίους κλήρους, τὴν Ἱππόβοτον
καλουμένην χώραν, τεμένη δὲ ἀνῆκαν τῇ
Ἀθηνᾷ ἐν τῷ Ληλάντῳ ὀνομαζομένῳ τόπῳ, τὴν δὲ
λοιπὴν ἐμίσθωσαν κατὰ τὰς στήλας τὰς πρὸς τῇ βασιλείῳ
στοᾷ ἑστηκυίας, αἵπερ οὖν τὰ τῶν μισθώσεων
ὑπομνήματα εἶχον. τοὺς δὲ αἰχμαλώτους ἔδησαν,
καὶ οὐδὲ ἐνταῦθα ἔσβεσαν τὸν κατὰ Χαλκιδέων θυμόν.
Λακεδαιμόνιοι Μεσσηνίων κρατήσαντες τῶν μὲν
γινομένων ἁπάντων ἐν τῇ Μεσσηνίᾳ τὰ ἡμίση ἐλάμβανον
αὐτοί, καὶ τὰς γυναῖκας τὰς ἐλευθέρας ἐς τὰ
πένθη βαδίζειν ἠνάγκαζον καὶ τοὺς ἀλλοτρίους καὶ
μηδέν σφισι προσήκοντας νεκροὺς κλάειν· τοὺς δὲ τῶν
ἀνδρῶν ἀπέλιπον γεωργεῖν, οὓς δὲ ἀπέδοντο, οὓς δὲ ἀπέκτειναν.
Ἀθηναῖοι δὲ ὕβρισαν καὶ ἐκείνην τὴν ὕβριν·
εὐτυχίας γὰρ λαβόμενοι τὴν εὐπραγίαν σωφρόνως
οὐκ ἤνεγκαν. τὰς γοῦν παρθένους τῶν μετοίκων
σκιαδηφορεῖν ἐν ταῖς πομπαῖς ἠνάγκαζον ταῖς ἑαυτῶν
κόραις, τὰς δὲ γυναῖκας ταῖς γυναιξί, τοὺς δὲ ἄνδρας σκαφηφορεῖν.
Σικυώνιοι δὲ Πελλήνην ἑλόντες τάς τε γυναῖκας
τῶν Πελληνέων καὶ τὰς θυγατέρας ἐπ´ οἰκήματος
ἔστησαν. ἀγριώτατα ταῦτα, ὦ θεοὶ Ἑλλήνιοι, καὶ
οὐδὲ ἐν βαρβάροις καλὰ κατά γε τὴν ἐμὴν μνείαν.
Ἐπεὶ τὴν ἐν Χαιρωνείᾳ μάχην ἐνίκησεν ὁ Φίλιππος,
ἐπὶ τῷ πραχθέντι αὐτός τε ἦρτο καὶ οἱ Μακεδόνες
πάντες. οἱ δὲ Ἕλληνες δεινῶς αὐτὸν κατέπτηξαν,
καὶ ἑαυτοὺς κατὰ πόλεις ἐνεχείρισαν αὐτῷ φέροντες.
καὶ τοῦτό γε ἔδρασαν Θηβαῖοι καὶ Μεγαρεῖς καὶ Κορίνθιοι
καὶ Ἀχαιοὶ καὶ Ἠλεῖοι καὶ Εὐβοεῖς καὶ οἱ
ἐν τῇ Ἀκτῇ πάντες. οὐ μὴν ἐφύλαξε τὰς πρὸς αὐτοὺς
ὁμολογίας ὁ Φίλιππος, ἀλλ´ ἐδουλώσατο πάντας, ἔκδικα
καὶ παράνομα δρῶν.
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Traduction française :
[6,1] QUAND les Athéniens eurent subjugué les habitants de Chalcis, ils
partagèrent la contrée, nommée Hippobotos, en deux mille parts, qu'ils
distribuèrent au sort à de nouveaux colons. Ils consacrèrent à Minerve
plusieurs parties du canton appelé Lilante : le reste du pays fut affermé à prix
d'argent; et pour conserver le souvenir du prix auquel chaque ferme était
donnée, on le grava sur des colonnes qui bordaient le portique royal. Les
prisonniers furent mis aux fers; et cette vengeance rigoureuse ne put encore
désarmer la fureur des Athéniens contre les Chalcidiens.
Les Lacédémoniens, après avoir défait les Messéniens, retinrent pour eux la
moitié de toutes les productions de la Messénie : ils contraignirent les femmes
libres d'assister aux funérailles, pour y pleurer des morts qui leur étaient
étrangers, et qui ne leur appartenaient par aucun endroit. Quant aux
hommes, ils en laissèrent une partie pour cultiver la terre, ils en vendirent
quelques-uns, et firent mourir les autres.
Les Athéniens se conduisirent avec la même dureté, et ne surent pas user de leur
prospérité avec modération. Ils obligeaient les filles des habitants
nouvellement établis chez eux, à suivre les leurs, dans les pompes sacrées,
avec un parasol, pour les garantir du soleil; les femmes, à faire le même
service auprès des femmes athéniennes, et les hommes, à y porter des vases.
Lorsque les Sicyoniens se furent rendus maîtres de Pellène, ils
prostituèrent dans un lieu public les femmes et les filles des vaincus. Ô dieux
de la Grèce! quelle inhumanité! elle me paraîtrait atroce, même chez les
barbares.
Après la bataille de Chéronée, dont le succès avait accru l'orgueil de Philippe
et des Macédoniens, les Grecs, qui tremblaient devant lui, s'empressaient de se
rendre à ce prince, eux et leurs villes : ce fut le parti que prirent les
Thébains, les Mégariens, les Corinthiens, les Achéens, les Éléens, les Eubéens,
tous peuples qui habitaient les bords de la mer. Mais Philippe ne remplit
point les conditions dont il était convenu avec eux; et par une insigne
perfidie, il les réduisit tous en servitude.
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