Texte grec :
[76,8] καὶ μετὰ τοῦτο τὰ περὶ τὸν Ἀπρωνιανὸν ἐτελέσθη, παράδοξα
ὄντα καὶ ἀκουσθῆναι. ἔσχε γὰρ αἰτίαν ὅτι ποτὲ ἡ τήθη αὐτοῦ
ὄναρ ἑορακέναι ἐλέχθη ὡς βασιλεύσει, καὶ ὅτι μαγείᾳ τινὶ ἐπὶ
τούτῳ χρήσασθαι ἔδοξε· καὶ ἀπὼν ἐν τῇ ἀρχῇ τῆς Ἀσίας κατεψηφίσθη.
ἀναγινωσκομένων οὖν ἡμῖν τῶν βασάνων τῶν περὶ αὐτοῦ
γενομένων, καὶ τοῦτ´ ἐνεγέγραπτο ὅτι ὁ μέν τις ἐπύθετο τῶν ἐπὶ
τῆς ἐξετάσεως τεταγμένων τίς τε διηγήσατο τὸ ὄναρ τίς τε ἤκουσεν,
ὁ δέ τις ἔφη τά τε ἄλλα καὶ ὅτι "φαλακρόν τινα βουλευτὴν
παρακύψαντα εἶδον". ἀκούσαντες δὲ τοῦθ´ ἡμεῖς ἐν δεινῷ πάθει
ἐγενόμεθα· ὄνομα μὲν γὰρ οὐδενὸς οὔτε ἐκεῖνος εἰρήκει οὔτε ὁ Σεουῆρος
ἐγεγράφει, ὑπὸ δὲ ἐκπλήξεως καὶ οἱ μηδεπώποτε ἐς τοῦ
Ἀπρωνιανοῦ πεφοιτηκότες, οὐχ ὅτι οἱ φαλακροὶ ἀλλὰ καὶ οἱ ἄλλως
ἀναφαλαντίαι, ἔδεισαν. καὶ ἐθάρσει μὲν οὐδεὶς πλὴν τῶν πάνυ
κομώντων, πάντες δὲ τοὺς τοιούτους περιεβλέπομεν, καὶ ἦν θροῦς
"ὁ δεῖνά ἐστιν·" "οὔκ, ἀλλ´ ὁ δεῖνα". οὐκ ἀποκρύψομαι τὸ τότε
μοι συμβάν, εἰ καὶ γελοιότατόν ἐστιν· τοσαύτῃ γὰρ ἀμηχανίᾳ συνεσχέθην
ὥστε καὶ τῆς κεφαλῆς τὰς τρίχας τῇ χειρὶ ζητῆσαι. τὸ δ´
αὐτὸ τοῦτο καὶ ἕτεροι πολλοὶ ἔπαθον. καὶ πάνυ γε ἐς τοὺς φαλακροειδεῖς
ἀφεωρῶμεν ὡς καὶ 〈ἐς〉 ἐκείνους τὸν ἑαυτῶν κίνδυνον ἀπωθούμενοι,
πρὶν δὴ προσανεγνώσθη ὅτι ἄρα περιπόρφυρον ἱμάτιον
ὁ φαλακρὸς ἐκεῖνος εἶχε. λεχθέντος γὰρ τούτου πρὸς Βαίβιον
Μαρκελλῖνον ἀπείδομεν· ἠγορανομήκει γὰρ τότε καὶ ἦν φαλακρότατος.
ἀναστὰς γοῦν καὶ παρελθὼν ἐς μέσον "πάντως που γνωριεῖ με,
εἰ ἑόρακεν" ἔφη. ἐπαινεσάντων δὲ τοῦτο ἡμῶν ἐσήχθη
τε ὁ μηνυτής, καὶ χρόνον πολὺν ἐσιώπησε παρεστῶτος αὐτοῦ, περιβλέπων
ὃν γνωρίσειε, τέλος δὲ νεύματί τινος ἀφανεῖ προσσχὼν ἔφη
τοῦτον ἐκεῖνον εἶναι.
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Traduction française :
[76,8] 8. Après cela eut son cours l'affaire concernant Apronianus, affaire dont le récit même a quelque
chose d'étrange. Apronianus, en effet, fut accusé parce que sa nourrice avait, disait-on, autrefois vu
en songe qu'il arriverait à l'empire et parce qu'il passait pour se livrer, dans cette intention, à des
pratiques de magie ; il fut condamné, en son absence, pendant qu'il était en Asie en qualité de
gouverneur. Lorsqu'on nous lut les pièces de l'instruction, nous y trouvâmes consigné qui avait
présidé aux informations, qui avait raconté le songe, qui l'avait entendu, et, de plus, qu'un témoin
avait répondu, entre autres choses : "J'ai vu un sénateur chauve qui se penchait pour regarder." A
ces mots, nous fûmes dans les transes, car le témoin n'avait prononcé le nom de personne et Sévère
n'en avait écrit aucun. La surprise fut telle, que la crainte s'empara même de ceux qui n'avaient
jamais eu de rapports avec Apronianus, et non seulement de ceux dont le sommet de la tête était
dégarni de cheveux, amis encore de ceux qui n'en avaient pas sur le front. Personne n'était rassuré, à
l'exception de ceux qui avaient une chevelure abondante ; tous, nous regardions autour de nous ceux
qui avaient cet avantage, et on répétait tout bas : "C'est un tel; non c'est un tel." Je ne dissimulerai
pas ce qui m'arriva en cette occasion, quelque ridicule que soit la chose ; j'étais en proie à un trouble
si grand que je cherchai de la main mes cheveux sur ma tête. D'autres aussi éprouvèrent cette même
inquiétude. Nos regards se portaient vivement sur ceux qui présentaient une apparence de calvitie,
comme pour nous décharger sur eux de notre propre danger, jusqu'au moment où le lecteur ajouté
que ce chauve était revêtu de la prétexte. Cette particularité énoncée, nos yeux se tournèrent vers
Baebius Marcellinus, qui était édile alors, et qui était fort chauve. Celui-ci, se levant aussitôt et
s'avançant au milieu de l'assemblée, dit : "Il me reconnaîtra nécessairement, s'il m'a vu." Ces
paroles, ayant reçu notre approbation, le délateur fut introduit et resta longtemps sans parler auprès
de Marcellinus debout, cherchant des yeux celui qu'il désignerait : à la fin, sur un signe obscur qu'on
lui fit, il dit que c'était lui.
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