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[76,16] ἦν δὲ τὸ σῶμα βραχὺς μὲν ἰσχυρὸς δέ, καίπερ ἀσθενέστατος
ὑπὸ τῆς ποδάγρας γενόμενος, τὴν δὲ δὴ ψυχὴν καὶ δριμύτατος καὶ
ἐρρωμενέστατος· παιδείας μὲν γὰρ ἐπεθύμει μᾶλλον ἢ ἐπετύγχανε,
καὶ διὰ τοῦτο πολυγνώμων μᾶλλον ἢ πολύλογος ἦν. φίλοις οὐκ
ἀμνήμων, ἐχθροῖς βαρύτατος, ἐπιμελὴς μὲν πάντων ὧν πρᾶξαι ἤθελεν,
ἀμελὴς δὲ τῶν περὶ αὐτοῦ λογοποιουμένων· καὶ διὰ τοῦτο καὶ
χρήματα ἐξ ἅπαντος τρόπου, πλὴν καθ´ ὅσον οὐδένα ἕνεκα αὐτῶν
ἀπέκτεινε, πορίζων, πάντα μὲν τὰ ἀναγκαῖα ἐδαπάνα ἀφθονώτατα,
καὶ πλεῖστά γε καὶ τῶν ἀρχαίων οἰκοδομημάτων ἀνεκτήσατο, καί
σφισι τὸ ἑαυτοῦ ὄνομα ὡς καὶ ἐκ καινῆς αὐτὰ καὶ ἐξ ἰδίων χρημάτων
κατεσκευακὼς ἐπέγραψε, πολλὰ δὲ καὶ μάτην ἔς τε ἐπισκευὰς
καὶ κατασκευὰς ἑτέρων ἀνάλωσεν, ὅς γε καὶ τῷ Διονύσῳ
καὶ τῷ Ἡρακλεῖ νεὼν ὑπερμεγέθη ᾠκοδομήσατο. καίτοι δὲ πάμπλειστα
δαπανήσας, ὅμως οὐκ εὐαριθμήτους τινὰς μυριάδας δραχμῶν
καταλέλοιπεν, ἀλλὰ καὶ πάνυ πολλάς. καὶ ἐνεκάλει μὲν τοῖς
μὴ σωφρονοῦσιν, ὡς καὶ περὶ τῆς μοιχείας νομοθετῆσαί τινα· καὶ
διὰ τοῦτο γραφαὶ αὐτῆς ὅσαι πλεῖσται ἐγένοντο (τρισχιλίας γοῦν
ὑπατεύων εὗρον ἐν τῷ πίνακι ἐγγεγραμμένας)· ἐπεὶ δὲ ὀλίγοι πάνυ
αὐταῖς ἐπεξῄεσαν, οὐκέτι οὐδὲ αὐτὸς ἐπολυπραγμόνει. ὅθεν καὶ
μάλα ἀστείως Ἀργεντοκόξου τινὸς γυνὴ Καληδονίου πρὸς τὴν Ἰουλίαν
τὴν Αὔγουσταν, ἀποσκώπτουσάν τι πρὸς αὐτὴν μετὰ τὰς
σπονδὰς ἐπὶ τῇ ἀνέδην σφῶν πρὸς τοὺς ἄρρενας συνουσίᾳ, εἰπεῖν
λέγεται ὅτι "πολλῷ ἄμεινον ἡμεῖς τὰ τῆς φύσεως ἀναγκαῖα ἀποπληροῦμεν
ὑμῶν τῶν Ῥωμαϊκῶν· ἡμεῖς γὰρ φανερῶς τοῖς ἀρίστοις
ὁμιλοῦμεν, ὑμεῖς δὲ λάθρᾳ ὑπὸ τῶν κακίστων μοιχεύεσθε".
τοῦτο μὲν ἡ Βρεττανὶς εἶπεν.
| [76,16] 16. Il avait le corps lourd, mais robuste, malgré la goutte qui l'avait beaucoup affaibli, l'esprit
pénétrant et plein de vigueur ; il aimait les lettres plus qu'il n'y avait habileté ; aussi était-il plus fort
en pensées qu'en paroles. Reconnaissant envers ses amis et redoutable à ses ennemis, appliqué à tout
ce qu'il voulait faire et indifférent aux discours qu'on semait sur lui ; {se procurant,} par suite de
l'argent sans s'inquiéter des moyens, sinon qu'il ne fit mourir personne pour ce motif, {il dépensait
largement tout ce qui était nécessaire : il répara un grand nombre d'anciens édifices, et il y fit graver
son nom, comme s'il les avait rebâtis de fond en comble et de ses propres deniers ; il sacrifia aussi
sans nécessité de fortes sommes pour restaurer ou reconstruire les oeuvres des autres ;} c'est ainsi
qu'il bâtit à Bacchus et à Hercule un temple d'une grandeur démesurée. Malgré ces dépenses si
considérables, il laissa, non quelques mille drachmes faciles à compter, mais bien des milliers de
drachmes. Il poursuivit l'incontinence au point de porter des règlements contre l'adultère ; il
s'ensuivit quantité d'accusations (étant consul, j'en ai trouvé trois mille inscrites au tableau) ; mais,
comme fort peu de gens poursuivaient ces délits, il cessa lui-même de s'en occuper. Aussi y eut–t-il
bien de l'agrément dans cette réponse que fit, après la conclusion du traité, la femme d'un
Calédonien nommé Argentocoxos à Julia Augusta, qui la raillait du manque de retenue des femmes
de son pays dans leur commerce avec les hommes : "Nous satisfaisons aux nécessités de la nature
bien mieux que vous autres Romaines ; car, nous, c'est au grand jour que nous nous donnons aux
braves, tandis que vous, vous vous souillez par des adultères cachés avec les plus méprisables des
hommes." Telle fut la réponse de la Bretonne.
| [76,17] ἐχρῆτο δὲ ὁ Σεουῆρος καταστάσει
τοῦ βίου εἰρήνης οὔσης τοιᾷδε. ἔπραττέ τι πάντως νυκτὸς ὑπὸ τὸν
ὄρθρον, καὶ μετὰ τοῦτ´ ἐβάδιζε καὶ λέγων καὶ ἀκούων τὰ τῇ ἀρχῇ
πρόσφορα· εἶτ´ ἐδίκαζε, χωρὶς εἰ μή τις ἑορτὴ μεγάλη εἴη. καὶ μέντοι
καὶ ἄριστα αὐτὸ ἔπραττε· καὶ γὰρ τοῖς δικαζομένοις ὕδωρ ἱκανὸν
ἐνέχει, καὶ ἡμῖν τοῖς συνδικάζουσιν αὐτῷ παρρησίαν πολλὴν ἐδίδου.
ἔκρινε δὲ μέχρι μεσημβρίας, καὶ μετὰ τοῦθ´ ἵππευεν ἐφ´ ὅσον ἂν
ἐδυνήθη· εἶτ´ ἐλοῦτο, γυμνασάμενός τινα τρόπον. ἠρίστα δὲ ἢ καθ´
ἑαυτὸν ἢ μετὰ τῶν παίδων, οὐκ ἐνδεῶς. εἶτ´ ἐκάθευδεν ὡς πλήθει·
ἔπειτ´ ἐξαρθεὶς τά τε λοιπὰ προσδιῴκει καὶ λόγοις καὶ Ἑλληνικοῖς
καὶ Λατίνοις συνεγίνετο ἐν περιπάτῳ. εἶθ´ οὕτω πρὸς ἑσπέραν
ἐλοῦτο αὖθις, καὶ ἐδείπνει μετὰ τῶν ἀμφ´ αὑτόν· ἥκιστά τε γὰρ
ἄλλον τινὰ συνέστιον ἐποιεῖτο, καὶ ἐν μόναις ταῖς πάνυ ἀναγκαίαις
ἡμέραις τὰ πολυτελῆ δεῖπνα συνεκρότει. ἐβίω δὲ ἔτη ἑξήκοντα πέντε
καὶ μῆνας ἐννέα καὶ ἡμέρας πέντε καὶ εἴκοσι (τῇ γὰρ ἑνδεκάτῃ τοῦ
Ἀπριλίου ἐγεγέννητο), ἀφ´ ὧν ἦρξεν ἔτη ἑπτακαίδεκα καὶ μῆνας
ὀκτὼ καὶ ἡμέρας τρεῖς. τό τε σύμπαν οὕτως ἐνεργὸς ἐγένετο ὥστε
καὶ ἀποψύχων ἀναφθέγξασθαι "ἄγετε, δότε, εἴ τι πρᾶξαι ἔχομεν".
| [76,17] 17. Au reste, voici la manière de vivre que Sévère observait pendant la paix. Il se livrait à une
occupation quelconque la nuit vers la pointe du jour ; puis il marchait à pied, parlant ou entendant
parler des affaires de l'Etat ; ensuite il rendait la justice, excepté les jours de grande fête. Une
pratique louable de sa part, c'était de verser assez d'eau aux parties et de nous laisser, à nous, qui
siégions à côté de lui, une grande liberté pour donner nos avis. Il siégeait jusqu'à midi ; après quoi il
allait à cheval aussi longtemps que possible ; puis il se mettait au bain, à la suite d'un exercice
quelconque. Il prenait, soit seul, soit avec ses enfants, un dîner assez copieux. Ensuite il dormait la
plupart du temps ; puis, lorsqu'on l'avait éveillé, il s'entretenait, tout en se promenant, d'études
grecques et latines. Ainsi arrivé au soir, il se mettait de nouveau au bain, et soupait avec ceux qui
l'entouraient, car il n'admettait aucun autre convive et réservait les festins somptueux pour les jours
où la chose était absolument nécessaire. Il vécut soixante-cinq ans neuf mois vingt-cinq jours (il
était né le 11 avril), sur lesquels il régna dix-sept ans huit mois trois jours. En somme, il avait tant
d'énergie qu'en expirant il s'écria : "Allons, voyez si nous avons quelque chose à faire."
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