Texte grec :
[75,14] τοῦτο μὲν οὕτως ἔχει, Πλαυτιανὸς δὲ παραδυναστεύων τῷ
Σεουήρῳ καὶ τὴν ἐπαρχικὴν ἔχων ἐξουσίαν, πλεῖστά τε ἀνθρώπων
καὶ μέγιστα δυνηθείς, πολλοὺς μὲν τῶν ἐλλογίμων ἀνδρῶν καὶ ὁμοτίμων
αὐτῷ ἐθανάτωσε---.
ὅτι ὁ Πλαυτιανὸς τὸν Αἰμίλιον Σατορνῖνον ἀποκτείνας τῶν
ἄλλων τῶν μετ´ αὐτῶν ἀρξάντων τοῦ δορυφορικοῦ πάντα τὰ ἰσχυρότατα περιέκοψεν, ὅπως μηδεὶς φρόνημα ἀπὸ τῆς προστασίας
αὐτῶν σχὼν τῇ τῶν σωματοφυλάκων ἡγεμονίᾳ ἐφεδρεύσῃ· ἤδη γὰρ
οὐχ ὅπως μόνος ἀλλὰ καὶ ἀθάνατος ἔπαρχος εἶναι ἤθελεν. ἐπεθύμει
τε πάντων καὶ πάντα παρὰ πάντων ᾔτει καὶ πάντα ἐλάμβανε,
καὶ οὔτε ἔθνος οὐδὲν οὔτε πόλιν οὐδεμίαν ἀσύλητον εἴασεν,
ἀλλὰ πάντα δὴ πανταχόθεν ἥρπαζε καὶ συνεφόρει· καὶ πολὺ πλείονα
αὐτῷ ἢ τῷ Σεουήρῳ ἅπαντες ἔπεμπον. καὶ τέλος ἵππους Ἡλίῳ τιγροειδεῖς
ἐκ τῶν ἐν τῇ Ἐρυθρᾷ θαλάσσῃ νήσων, πέμψας ἑκατοντάρχους,
ἐξέκλεψεν· ἓν γὰρ τοῦτο εἰπὼν πᾶσαν αὐτοῦ καὶ τὴν περιεργίαν
καὶ τὴν ἀπληστίαν δεδηλωκέναι νομίζω. καίτοι καὶ ἐκεῖνο προσθήσω,
ὅτι ἀνθρώπους ἑκατὸν εὐγενεῖς Ῥωμαίους ἐξέτεμεν οἴκοι,
καὶ τοῦτο οὐδεὶς ἡμῶν πρὸ τοῦ τελευτῆσαι αὐτὸν ᾔσθετο· πᾶσαν γὰρ
ἐκ τούτου τήν τε παρανομίαν αὐτοῦ καὶ ἐξουσίαν ἄν τις καταμάθοι.
ἐξέτεμε δὲ οὐ παῖδας μόνον οὐδὲ μειράκια, ἀλλὰ καὶ ἄνδρας, καὶ
ἔστιν οὓς αὐτῶν καὶ γυναῖκας ἔχοντας, ὅπως ἡ Πλαυτίλλα ἡ θυγάτηρ
αὐτοῦ, ἣν ὁ Ἀντωνῖνος μετὰ ταῦτ´ ἔγημε, δι´ εὐνούχων τήν
τε ἄλλην θεραπείαν καὶ τὰ περὶ τὴν μουσικὴν τήν τε λοιπὴν θεωρίαν
ἔχῃ. καὶ εἴδομεν τοὺς αὐτοὺς ἀνθρώπους εὐνούχους τε καὶ
ἄνδρας, καὶ πατέρας καὶ ἀόρχεις, ἐκτομίας τε καὶ πωγωνίας. ἀφ´
οὗ δὴ οὐκ ἀπεικότως ὑπὲρ πάντας τὸν Πλαυτιανόν, καὶ ἐς αὐτοὺς
τοὺς αὐτοκράτορας, ἰσχῦσαι ἄν τις εἴποι. τά τε γὰρ ἄλλα καὶ ἀνδριάντες
αὐτοῦ 〈καὶ〉 εἰκόνες οὐ μόνον πολλῷ πλείους ἀλλὰ καὶ
μείζους τῶν ἐκείνων, οὐδ´ ἐν ταῖς ἄλλαις πόλεσι μόνον ἀλλὰ καὶ
ἐν αὐτῇ τῇ Ῥώμῃ, οὐδ´ ὑπ´ ἰδιωτῶν ἢ δήμων μόνον ἀλλὰ καὶ ὑπ´
αὐτῆς τῆς γερουσίας ἀνετίθεντο· τήν τε τύχην αὐτοῦ πάντες οἱ
στρατιῶται καὶ οἱ βουλευταὶ ὤμνυσαν, καὶ ὑπὲρ τῆς σωτηρίας αὐτοῦ
δημοσίᾳ ἅπαντες ηὔχοντο.
|
|
Traduction française :
[75,14] Voilà ce que, j'avais à dire sur ce sujet.
14. Plautianus, qui jouissait de beaucoup de crédit auprès de Sévère, qui avait la charge de préfet du
prétoire, qui, de tous les hommes, avait l'autorité la plus grande et la plus étendue, Plautianus mit à
mort plusieurs personnages considérables et ses égaux en dignité ; {après avoir tué Aemilius
Saturninus, il retrancha à ceux qui commandèrent après lui la garde prétorienne tout ce qui faisait
leur force, pour empêcher que cette élévation, inspirant a quelques-uns de la fierté, les poussât à
ambitionner d'être à la tête des gardes du corps ; car il voulait être désormais non seulement leur
unique préfet, mais encore l'être éternellement.} Il convoitait tout, demandait tout à tous et prenait
tout ; il ne laissait ancune province, aucune ville à l'abri de ses déprédations ; il ravissait et enlevait
tout partout et tout le monde lui envoyait beaucoup plus qu'à Sévère. Il finit même par dépêcher des
centurions pour dérober au Soleil, dans une des îles de la mer Rouge, des chevaux semblables à des
tigres ; il me suffit, je pense, de citer ce seul vol, pour montrer ses excès et son insatiable avarice.
J'ajouterai néanmoins le trait suivant : il fit castrer chez lui cent Romains de naissance libre, et cette
entreprise ne fut connue d'aucun de nous qu'après sa mort ; elle peut donner idée de ses crimes et de
sa puissance. Ce ne furent pas seulement des enfants et des jeunes gens, qu'il fit castrer, mais aussi
des hommes, dont quelques-uns même avaient des femmes, afin que sa fille Plautilla, qu'Antonin
épousa dans la suite, eût des eunuques tant pour la servir {que pour lui enseigner la musique et tous
les autres arts}. Nous avons vu les mêmes hommes-eunuques et maris, pères et privés de testicules,
castrats et barbons. Il n'est donc pas déraisonnable de dire, d'après cela, que Plautianus surpassait en
pouvoir tous les particuliers et les empereurs eux-mêmes. On en peut juger, entre autres, par les
statues et les images que lui consacrèrent, bien plus nombreuses et bien plus grandes que celles des
empereurs, non seulement dans les autres villes, mais aussi dans Rome même, non seulement les
particuliers ou les peuples, mais encore le sénat lui-même ; les soldats et les sénateurs juraient tous
par sa fortune et tous faisaient des voeux publics pour sa conservation.
|
|