Texte grec :
[66,14] τότε δὲ καὶ Καινὶς ἡ τοῦ Οὐεσπασιανοῦ παλλακὴ μετήλλαξεν. Ἐμνημόνευσα δὲ αὐτῆς ὅτι τε πιστοτάτη ἦν καὶ ὅτι μνήμης ἄριστα ἐπεφύκει. Πρὸς γοῦν τὴν δέσποιναν τὴν Ἀντωνίαν τὴν τοῦ Κλαυδίου μητέρα, κρύφα τι δι´ αὐτῆς τῷ Τιβερίῳ περὶ τοῦ Σεϊανοῦ γράψασαν, καὶ αὐτὸ ἀπαλειφθῆναι εὐθύς, ὅπως μηδεὶς αὐτοῦ ἔλεγχος ὑπολειφθῇ, κελεύσασαν, "μάτην, ὦ δέσποινα", ἔφη "τοῦτο προσέταξας· πάντα γὰρ καὶ ταῦτα, καὶ τὰ ἄλλα ὅσα ἂν ὑπαγορεύσῃς μοι, ἔν τε τῇ ψυχῇ ἀεὶ φέρω καὶ οὐδέποτε ἐξαλειφθῆναι δύναται". Τοῦτό τε οὖν αὐτῆς ἐθαύμασα, καὶ προσέτι ὅτι καὶ ὁ Οὐεσπασιανὸς αὐτῇ ὑπερέχαιρε, πλεῖστόν τε διὰ τοῦτο ἴσχυσε, καὶ πλοῦτον ἀμύθητον ἤθροισεν, ὥστε καὶ νομισθῆναι ὅτι δι´ αὐτῆς ἐκείνης ἐχρηματίζετο· πάμπολλα γὰρ παρὰ πολλῶν ἐλάμβανε, τοῖς μὲν ἀρχὰς τοῖς δὲ ἐπιτροπείας στρατείας ἱερωσύνας, ἤδη δέ τισι καὶ ἀποφάσεις αὐτοῦ πιπράσκουσα. Ἀπέκτεινε μὲν γὰρ Οὐεσπασιανὸς χρημάτων ἕνεκα οὐδένα, ἔσωσε δὲ πολλοὺς τῶν διδόντων· καὶ ἡ μὲν λαμβάνουσα ἐκείνη ἦν, ὑπωπτεύετο δὲ ὁ Οὐεσπασιανὸς ἑκὼν αὐτῇ ἐπιτρέπειν τοῦτο ποιεῖν ἐκ τῶν ἄλλων ὧν ἔπραττεν, ὧν ὀλίγα δείγματος ἕνεκα διηγήσομαι. Ἀνδριάντα γὰρ πέντε καὶ εἴκοσι μυριάδων στῆσαί οἱ ψηφισαμένων τινῶν προέτεινε τὴν χεῖρα καὶ ἔφη "δότε μοι τὸ ἀργύριον· ἡ γὰρ βάσις αὐτοῦ αὕτη ἐστί". Καὶ πρὸς τὸν Τίτον ἀγανακτοῦντα τῷ τοῦ οὔρου τέλει, ὃ καὶ αὐτὸ μετὰ τῶν ἄλλων κατεδείχθη, εἶπε, λαβὼν ἐξ αὐτοῦ χρυσοῦς πεπορισμένους καὶ δείξας αὐτῷ, "ἰδού, τέκνον, εἴ τι ὄζουσιν".
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Traduction française :
[66,14] En ce temps aussi mourut Cénis, concubine de Vespasien. Ce
qui me fait parler d'elle, c'est sa fidélité et l'excellence de sa mémoire.
Antonia, sa maîtresse et mère de Claude, s'étant servie d'elle pour écrire
en secret quelque chose à Tibère contre Séjan, et lui ayant ordonné de
l'effacer incontinent après, afin qu'il n'en restât aucune trace, « C'est en
vain, maîtresse, que tu me le commandes, dit-elle ; toutes ces choses et
les autres que tu me prescris, je les porte toujours dans mon âme et rien
ne peut jamais les en effacer. » J'admire cette réponse de sa part et aussi
le charme singulier que Vespasien trouvait à son commerce ; aussi
acquit-il un grand pouvoir par ce moyen et amassa-t-il une fortune
tellement fabuleuse qu'il passa pour avoir tiré parti de cette femme afin de
se procurer de l'argent ; car elle en tirait d'une foule de citoyens, vendant
à ceux-ci des magistratures, à ceux-là des gouvernements de provinces,
des expéditions militaires, des fonctions sacerdotales, et, à quelques-uns,
des réponses de l'empereur lui-même. Car Vespasien ne fit périr aucun
citoyen pour s'emparer de ses biens, il fit même grâce à plusieurs
moyennant finance. C'était Cénis qui recevait, mais l'on soupçonnait
Vespasien de lui en laisser volontairement la charge ; je vais, pour en
donner un exemple, raconter d'autres traits de sa vie. Quelques-uns ayant
décrété de lui ériger une statue de deux cent cinquante mille drachmes, il
tendit la main et leur dit : « Donnez-moi cet argent, car voilà la base de la
statue. » Titus témoignant son mécontentement de l'impôt sur l'urine,
impôt que Vespasien avait établi ainsi que plusieurs autres, il lui dit en
prenant des pièces d'or qui en provenaient et les lui montrant : « Vois,
mon fils, si elles sentent quelque chose. »
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