Texte grec :
[71,5] ἐν δὲ τῷ πολέμῳ τοῦ Μάρκου τῷ πρὸς τοὺς Γερμανούς, ἵνα
καὶ ταῦτα μνήμης ἀξιωθείη, μειράκιον μὲν αἰχμάλωτον ἐρωτηθέν
τι ὑπ´ αὐτοῦ "οὐ δύναμαι" ἔφη "ἀποκρίνασθαί σοι ὑπὸ τοῦ ῥίγους·
ὥστε εἴ τι μαθεῖν ἐθέλεις, κέλευσόν μοι ἱματίδιόν τι, εἴγε ἔχεις, δοθῆναι·"
στρατιώτης δέ τις νυκτὸς φυλακὴν τοῦ Ἴστρου ποιούμενος,
καί τινα βοὴν ἐκ τῆς περαίας συστρατιωτῶν ἑαλωκότων ἀκούσας,
διενήξατό τε εὐθὺς ὥσπερ εἶχε, καὶ λύσας αὐτοὺς ἀνεκομίσθη.
ἦν δὲ τῷ Μάρκῳ ὁ Ῥοῦφος ὁ Βασσαῖος ἔπαρχος, τὰ μὲν ἄλλα ἀγαθός,
ἀπαίδευτος δὲ ὑπ´ ἀγροικίας, καὶ τὰ πρῶτά γε τοῦ βίου ἐν πενίᾳ
τραφείς· ἀναδενδράδα δέ ποτε αὐτὸν κλῶντα ἀνέλαβέ τις,
καὶ ἐπειδή γε μὴ εὐθὺς ἅμα τῷ πρώτῳ κελεύσματι κατέβη,
ἐπετίμησεν αὐτῷ καὶ ἔφη "ἄγε, ἔπαρχε, κατάβηθι". τοῦτο γὰρ
ὡς καὶ πρὸς ὑπερηφανοῦντα καὶ τεταπεινωμένον αὐτὸν εἶπεν·
ὅπερ ἡ τύχη μετὰ ταῦτα αὐτῷ ἔδωκεν.
|
|
Traduction française :
[71,5] Dans la guerre de Marc-Antonin contre les Germains (car je ne veux pas
omettre des détails qui méritent un souvenir), un jeune prisonnier à qui
il adressait une question, lui dit : «Le froid m'empêche de te répondre ;
si donc tu veux savoir quelque chose, commande, si tu en as, qu'on me
donne un vêtement». Un soldat qui faisait sentinelle pendant la nuit sur
le bord de l'Ister, ayant entendu de l'autre côté les cris de soldats
prisonniers, passa aussitôt le fleuve à la nage, dans l'état où il se
trouvait, et revint après les avoir délivrés. Marc-Antonin avait pour
préfet du prétoire Rufus Bassaeus, homme de bien d'ailleurs, mais sans
instruction par suite de son origine rustique et de la pauvreté où
s'étaient passés les premiers temps de sa vie : quelqu'un le surprit un
jour occupé à tailler une vigne sur un arbre, et, comme Rufus ne
descendait pas sur-le-champ au premier commandement, il l'en reprit et lui
dit : «Allons, préfet, descends». Il donnait ainsi à Bassaeus, comme à un
homme qui, malgré la bassesse de sa condition, se laisse emporter à
l'orgueil, un titre que la fortune lui accorda dans la suite.
|
|