HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre LXIX

Chapitre 3

  Chapitre 3

[69,3] ἦν δὲ Ἁδριανὸς γένος μὲν βουλευτοῦ πατρὸς ἐστρατηγηκότος Ἁδριανοῦ Ἄφρου (οὕτω γὰρ ὠνομάζετο), φύσει δὲ φιλολόγος ἐν ἑκατέρᾳ τῇ γλώσσῃ· καί τινα καὶ πεζὰ καὶ ἐν ἔπεσι ποιήματα παντοδαπὰ καταλέλοιπε. φιλοτιμίᾳ τε γὰρ ἀπλήστῳ ἐχρῆτο, καὶ κατὰ τοῦτο καὶ τἆλλα πάντα καὶ τὰ βραχύτατα ἐπετήδευε· καὶ γὰρ ἔπλασσε καὶ ἔγραφε καὶ οὐδὲν τι οὐκ εἰρηνικὸν καὶ πολεμικὸν καὶ βασιλικὸν καὶ ἰδιωτικὸν εἰδέναι ἔλεγε. καὶ τοῦτο μὲν οὐδέν που τοὺς ἀνθρώπους ἔβλαπτεν, δὲ δὴ φθόνος αὐτοῦ δεινότατος ἐς πάντας τούς τινι προέχοντας ὢν πολλοὺς μὲν καθεῖλε συχνοὺς δὲ καὶ ἀπώλεσε. βουλόμενος γὰρ πάντων ἐν πᾶσι περιεῖναι ἐμίσει τοὺς ἔν τινι ὑπεραίροντας. κἀκ τούτου καὶ τὸν Φαουωρῖνον τὸν Γαλάτην τόν τε Διονύσιον τὸν Μιλήσιον τοὺς σοφιστὰς καταλύειν ἐπεχείρει τοῖς τε ἄλλοις καὶ μάλιστα τῷ τοὺς ἀνταγωνιστάς σφων ἐξαίρειν, τοὺς μὲν μηδενὸς τοὺς δὲ βραχυτάτου τινὸς ἀξίους ὄντας· ὅτε Διονύσιος πρὸς τὸν Ἀουίδιον Ἡλιόδωρον, τὸν τὰς ἐπιστολὰς αὐτοῦ διαγαγόντα, εἰπεῖν λέγεται ὅτι "Καῖσαρ χρήματα μέν σοι καὶ τιμὴν δοῦναι δύναται, ῥήτορα δέ σε ποιῆσαι οὐ δύναται", καὶ Φαουωρῖνος μέλλων παρ´ αὐτῷ περὶ τῆς ἀτελείας ἣν ἐν τῇ πατρίδι ἔχειν ἠξίου δικάσασθαι, ὑποτοπήσας καὶ ἐλαττωθήσεσθαι καὶ προσυβρισθήσεσθαι, ἐσῆλθε μὲν ἐς τὸ δικαστήριον, εἶπε δὲ οὐδὲν ἄλλο ὅτι " διδάσκαλός μου ὄναρ τῆς νυκτὸς ταύτης ἐπιστάς μοι ἐκέλευσε λειτουργεῖν τῇ πατρίδι ὡς καὶ ἐκείνῃ γεγεννημένον". [69,3] Adrien, du côté de sa famille, eut pour père un homme devenu sénateur pour avoir exercé la préture, Adrien Afer (c'était son nom) ; lui-même, il avait un penchant naturel pour l'étude des deux langues, et il a laissé plusieurs ouvrages, tant en prose qu'en vers, de diverses espèces. Il était d'une ambition insatiable ; aussi s'adonnait-il à toutes les études, même aux plus frivoles ; il sculptait, il peignait, et prétendait n'ignorer aucun des arts de la paix et de la guerre, aucune des obligations d'un prince, et d'un particulier. Cette prétention ne faisait de mal à personne, mais sa jalousie terrible à l'égard de tous ceux qui avaient un talent supérieur ruina un grand nombre de gens et causa même la perte de quelques-uns. En effet, comme il voulait l'emporter sur tous en toute chose, il haïssait ceux qui s'élevaient au-dessus de lui en quoi que ce fùt. C'est ainsi qu'il cherchait à se défaire des sophistes Favorinus de Gaule et Denys de Milet, par plusieurs moyens, et surtout en élevant leurs rivaux, gens, les uns dépourvus de tout mérite, les autres n'en ayant que fort peu ; aussi Denys, à ce que l'on rapporte, dit un jour à Héliodore, secrétaire du prince, son rival particulier : «L'empereur peut bien te donner richesses et honneurs, mais il ne saurait faire de toi un orateur». Favorinus, au moment de plaider devant lui l'immunité qu'il réclamait dans sa patrie au tribunal du prince, se doutant qu'il succomberait, et qu'en outre il essuierait des outrages, vint au tribunal et ne dit que ces paroles : «Mon maître, cette nuit, dans un songe, se tenant à ma tête, m'a ordonné de servir ma patrie, où je suis né».


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Dernière mise à jour : 9/05/2007