Texte grec :
[60,33] ὅτι τῆς Ἀγριππίνης οὐδεὶς τὸ παράπαν ἥπτετο, ἀλλὰ τά τε
ἄλλα καὶ ὑπὲρ αὐτὸν τὸν Κλαύδιον ἐδύνατο, καὶ ἐν κοινῷ τοὺς
βουλομένους ἠσπάζετο· καὶ τοῦτο καὶ ἐς τὰ ὑπομνήματα ἐσεγράφετο.
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ἔν τινι δὲ λίμνῃ ναυμαχίαν ὁ Κλαύδιος ἐπεθύμησε ποιῆσαι,
τεῖχός τε ξύλινον περὶ αὐτὴν κατεσκεύασε καὶ ἰκρία ἔπηξε, πλῆθός
τε ἀναρίθμητον ἤθροισε. καὶ οἱ μὲν ἄλλοι ὥς που καὶ ἔδοξεν
αὐτοῖς, ὁ δὲ δὴ Κλαύδιος ὅ τε Νέρων στρατιωτικῶς ἐστάλησαν,
ἥ τε Ἀγριππῖνα χλαμύδι διαχρύσῳ ἐκοσμήθη. οἱ δὲ δὴ ναυμαχήσοντες
θανάτῳ τε {δὴ} καταδεδικασμένοι ἦσαν καὶ πεντήκοντα
ναῦς ἑκάτεροι εἶχον, οἱ μὲν Ῥόδιοι οἱ δὲ Σικελοὶ ὀνομασθέντες.
καὶ τὸ μὲν πρῶτον συστραφέντες καὶ καθ´ ἓν γενόμενοι Κλαύδιον
ἅμα προσηγόρευσαν οὕτω "χαῖρε, αὐτοκράτορ· οἱ ἀπολούμενοί σε
ἀσπαζόμεθα·" ἐπεὶ δὲ οὐδὲν σωτήριον εὕροντο, ἀλλὰ ναυμαχεῖν
καὶ ὣς ἐκελεύσθησαν, διέκπλοις τε ἁπλοῖς ἐχρήσαντο καὶ ἥκιστα
ἀλλήλων ἥψαντο, μέχρις οὗ καὶ ἀνάγκῃ κατεκόπησαν.
ὁ δὲ δὴ Νάρκισσος οὕτως ἐνετρύφα τῷ Κλαυδίῳ ὥστε λέγεται,
ἐπειδή ποτε οἱ Βιθυνοί, δικάζοντος τοῦ Κλαυδίου, Ἰουνίου
Κίλωνος τοῦ ἄρξαντός σφων πολλὰ κατεβόησαν ὡς οὐ μετρίως
δωροδοκήσαντος, καὶ ἤρετο ἐκεῖνος τοὺς παρεστηκότας ὅ τι καὶ
λέγουσιν (οὐ γὰρ συνίει διὰ τὸν θόρυβον αὐτῶν), εἶπέ τε ὁ Νάρκισσος
ψευσάμενος ὅτι χάριν τῷ Ἰουνίῳ γιγνώσκουσι, πιστεῦσαί
τε αὐτῷ καὶ εἰπεῖν "οὐκοῦν ἐπὶ διετὲς ἔτι ἐπιτροπεύσει."
ὅτι ὁ Νάρκισσος τῆς λίμνης τῆς Φουκίνης συμπεσούσης αἰτίαν
ἐπ´ αὐτῇ μεγάλην ἔλαβεν· ἐπεστάτει γὰρ τοῦ ἔργου, καὶ ἔδοξε
πολὺ ἐλάττω ὧν ἤλπιζε δαπανήσας εἶτα ἐξεπίτηδες τὸ σύμπτωμα,
ὅπως ἀνεξέλεγκτον τὸ κακούργημα αὐτοῦ γένηται, μηχανήσασθαι.
ἡ δὲ Ἀγριππῖνα καὶ δημοσίᾳ πολλάκις αὐτῷ καὶ χρηματίζοντι
καὶ πρεσβείας ἀκροωμένῳ παρῆν, ἐπὶ βήματος ἰδίου καθημένη.
καὶ ἦν καὶ τοῦτο οὐδενὸς ἔλαττον θέαμα.
Ἰουλίῳ δέ τινι Γαλλίκῳ ῥήτορι δίκην ποτὲ λέγοντι ὁ Κλαύδιος
ἀχθεσθεὶς ἐκέλευσεν αὐτὸν ἐς τὸν Τίβεριν ἐμβληθῆναι· ἔτυχε γὰρ
πλησίον αὐτοῦ δικάζων. ἐφ´ ᾧ δὴ ὁ Δομίτιος ὁ Ἆφρος, πλεῖστον
τῶν καθ´ ἑαυτὸν ἐν τῷ συναγορεύειν τισὶν ἰσχύσας, κάλλιστα ἀπέσκωψε·
δεηθέντος γάρ τινος ἀνθρώπου τῆς παρ´ αὐτοῦ βοηθείας,
ἐπειδὴ ὑπὸ τοῦ Γαλλίκου ἐγκατελείφθη, ἔφη πρὸς αὐτὸν ὅτι "καὶ
τίς σοι εἶπεν ὅτι κρεῖττον ἐκείνου νήχομαι;"
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Traduction française :
[60,33] {Personne n'osait offenser Agrippine en quoi que
ce fût, car elle était plus puissante que Claude lui-même,
et elle admettait publiquement à la saluer tous ceux qui
le voulaient; et la chose était consignée dans les Actes.}
{Elle devint bientôt une seconde Messaline, surtout parce
que, entre autres honneurs, elle reçut du sénat la permission
de se faire porter en char dans les jeux. Lorsque
Claude adopta Néron, fils d'Agrippine, et le nomma son
gendre, après avoir fait passer sa fille dans une autre
famille, pour ne pas sembler unir un frère et une soeur,
il survint un grand prodige : le ciel, ce jour-là, parut tout en feu.}
Claude désira donner un combat naval sur
sur un lac; il fit mettre une muraille de bois et construire
des échafauds tout autour, et il rassembla une
multitude innombrable de personnes. Les autres citoyens
s'y trouvèrent en tel équipage qu'il plut à chacun d'eux;
Claude et Néron portaient le paludamentum;
Agrippine était parée d'une chlamyde tissue d'or.
Les combattants étaient des condamnés à mort ; ils avaient
cinquante vaisseaux de chaque côté, avec les noms de
Rhodiens et de Siciliens. Après s'être d'abord réunis en
une seule troupe, ils s'adressèrent tous ensemble à
Claude en ces termes : "Joie à toi, empereur ; au moment
de mourir, nous te saluons". N'ayant pu obtenir
grâce et ayant, malgré cette prière, reçu l'ordre de
combattre, ils se mirent simplement en rangs et ne
s'attaquèrent que lorsqu'ils eurent été contraints de se
massacrer les uns les autres.
Narcisse se jouait tellement de la stupidité de Claude,
qu'un jour, comme les Bithyniens, dit-on, se plaignaient à grands
cris devant son tribunal de Junius Cilon, leur gouverneur,
coupable d'une vénalité sans borne, et que Claude (le
bruit qu'ils faisaient l'avait empêché d'entendre distinctement)
demandait à l'assistance ce que disaient les Bithyniens,
Narcisse, par un mensonge, lui ayant répondu
qu'ils remerçiaient Junius, Claude le crut et ajouta :
"Eh bien ! il les gouvernera encore deux ans."
{Narcisse fut vivement accusé à cause de l'accident du lac
Fucin, travaux dont il avait eu l'intendance, et on crut
qu'ayant dépensé beaucoup moins que les prévisions, il
avait à dessein préparé cet accident pour que ses malversations
ne pussent être découvertes.} Agrippine était
souvent à côté de Claude en public, soit lorsqu'il s'occupait
des affaires de l'État, soit lorsqu'il donnait audience
à des ambassadeurs, assise sur une tribune particulière.
C'était un spectacle qui ne le cédait à aucun autre.
Claude, irrité contre un orateur, Julius Gallicus, qui
plaidait devant lui, commanda qu'on le jetât dans le
Tibre, dont son tribunal se trouvait voisin. P. Domitius
Afer, le plus célèbre des avocats de son siècle, fit une
agréable raillerie à ce sujet. La partie abandonnée par
Gallicus l'ayant prié de prendre sa défense, il lui répondit :
"Et qui t'a dit que je nage mieux que Gallicus?"
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