Texte grec :
[60,32] ὡς δ´ ἅπαξ ἐν τῷ βασιλείῳ ἡ Ἀγριππῖνα ἐγένετο, τόν τε
Κλαύδιον ἐσφετερίσατο, δεινοτάτη που οὖσα πράγμασι χρῆσθαι,
καὶ τούς τινα αὐτοῦ εὔνοιαν ἔχοντας τὰ μὲν φόβῳ τὰ δὲ εὐεργεσίαις
ᾠκειώσατο. καὶ τέλος τὸν Βρεττανικὸν τὸν παῖδα αὐτοῦ ὡς καὶ
τῶν τυχόντων τινὰ τρέφεσθαι ἐποίει· ὁ γὰρ ἕτερος, ὁ καὶ τὴν τοῦ
Σεϊανοῦ θυγατέρα ἐγγυησάμενος, ἐτεθνήκει. τόν τε Δομίτιον τότε
μὲν γαμβρὸν τῷ Κλαυδίῳ ἀπέδειξεν, ὕστερον δὲ καὶ ἐσεποίησεν.
ἔπραξεν δὲ ταῦτα τὸ μέν τι διὰ τῶν ἀπελευθέρων ἀναπείσασα τὸν
Κλαύδιον, τὸ δὲ καὶ τὴν γερουσίαν καὶ τὸν δῆμον τούς τε στρατιώτας
ἐπιτήδειόν τι ἀεί ποτε ἐς αὐτὰ συμβοᾶν παρασκευάσασα.
ὅτι ἡ Ἀγριππῖνα τὸν υἱὸν ἐς τὸ κράτος ἐξήσκει καὶ παρὰ τῷ
Σενέκᾳ ἐξεπαίδευε, πλοῦτόν τε ἀμύθητον αὐτῷ συνέλεγεν, οὐδὲν
οὔτε τῶν σμικροτάτων οὔτε τῶν ἀτιμοτάτων ἐπ´ ἀργυρισμῷ παραλείπουσα,
ἀλλὰ πάντα μὲν καὶ τὸν ὁπωσοῦν εὐποροῦντα θεραπεύουσα,
πολλοὺς δὲ καὶ δι´ αὐτὸ τοῦτο φονεύουσα. ἤδη δέ τινας
καὶ τῶν ἐπιφανῶν γυναικῶν ζηλοτυπήσασα ἔφθειρε, καὶ τήν γε
Παυλῖναν τὴν Λολλίαν, ἐπειδὴ τῷ Γαΐῳ συνῳκήκει καὶ ἐλπίδα
τινὰ ἐς τὴν τοῦ Κλαυδίου συνοίκησιν ἐσχήκει, ἀπέκτεινε. τήν τε
κεφαλὴν αὐτῆς κομισθεῖσαν αὐτῇ μὴ γνωρίσασα τό τε στόμα αὐτῆς
αὐτοχειρίᾳ ἀνέῳξε καὶ τοὺς ὀδόντας ἐπεσκέψατο ἰδίως πως ἔχοντας.
ὅτι ὁ μὲν Νέρων ηὔξετο, Βρεττανικὸς δὲ οὔτε τινὰ τιμὴν οὔτε
ἐπιμέλειαν εἶχεν, ἀλλ´ ἡ Ἀγριππῖνα τούς τε ἄλλους τοὺς περιέποντας
αὐτὸν τοὺς μὲν ἐξέβαλε τοὺς δὲ καὶ ἀπέκτεινε, καὶ τὸν Σωσίβιον,
ᾧ ἥ τε τροφὴ καὶ ἡ παιδεία αὐτοῦ προσετέτακτο, κατέσφαξεν
ὡς καὶ τῷ Νέρωνι ἐπιβουλεύοντα. κἀκ τούτου παραδοῦσα αὐτὸν
οἷς ἤθελεν, ἐκάκου ὅσον ἐδύνατο, καὶ οὔτε τῷ πατρὶ συνεῖναι οὔτε
ἐς τὸ δημόσιον προϊέναι εἴα, ἀλλ´ ἐν ἀδέσμῳ τρόπον τινὰ φυλακῇ εἶχεν.
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Traduction française :
[60,32] Agrippine ne fut pas plutôt dans la demeure du
prince que, femme habile à tirer parti des choses, elle
s'empara de l'esprit de Claude et s'attacha par la crainte
ou par de bons offices ceux qui avaient quelque bienveillance
pour lui. {Elle faisait élever comme un enfant
du peuple Britannicus, fils de Claude; car l'autre fils
du prince, celui qui avait été fiancé à la fille de Séjan,
était déjà mort. Pour le moment, elle procura à Domitius
l'honneur de devenir le gendre de Claude; plus
tard, elle le fit adopter par lui. Elle réussit dans ses
menées, partie en usant de la persuasion avec Claude
par l'entremise de ses affranchis, partie en subornant
le sénat, le peuple et les soldats, de manière qu'on
entendît sans cesse retentir des cris favorables à son
projet. Agrippine élevait son fils} pour être le maître un
jour, lui donnait Sénèque pour précepteur, lui amassait
des richesses incalculables, sans reculer devant aucuns
moyens, même les plus infâmes, de se procurer de l'argent,
caressant tout le monde, pour peu qu'on fùt riche,
et faisant périr plusieurs citoyens pour ce seul motif. Il
y eut aussi des femmes illustres qui furent victimes de
sa jalousie; c'est ainsi que Paulina Lollia fut punie de
mort pour avoir autrefois eu quelque espérance d'épouser
Claude. Quand on lui eut apporté la tête de Lollia,
ne pouvant la reconnaître, elle lui ouvrit la bouche de
sa propre main et regarda ses dents qu'elle avait faites
d'une façon particulière. {Néron grandissait, et Britannicus
n'obtenait aucun honneur, aucun soin ; Agrippine,
bien loin de là, s'appliquait à chasser ou à faire
mourir tous ceux qui portaient quelque intérêt au jeune
prince; Sosibius, à qui son éducation et son instruction
étaient confiées, fut égorgé sous prétexte d'avoir
conspiré contre Néron. A partir de ce moment, livrant
Britannicus à des gens de son choix, elle lui fit tout le
mal qu'elle put, ne lui permit ni de s'entretenir avec
son père ni de sortir en public, et le tint, pour ainsi
dire, en garde libre.}
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