Texte grec :
[60,14] ἐθισθεὶς δ´ οὖν αἵματος καὶ φόνων ἀναπίμπλασθαι προπετέστερον
καὶ ταῖς ἄλλαις σφαγαῖς ἐχρήσατο. αἴτιοι δὲ τούτου οἵ τε
Καισάρειοι καὶ ἡ Μεσσαλῖνα ἐγένοντο· ὁπότε γὰρ ἀποκτεῖναί τινα
ἐθελήσειαν, ἐξεφόβουν αὐτόν, κἀκ τούτου πάνθ´ ὅσα ἐβούλοντο
ποιεῖν ἐπετρέποντο. καὶ πολλάκις γε ἐξαπιναίως ἐκπλαγεὶς καὶ κελεύσας
τινὰ ἐκ τοῦ παραχρῆμα περιδεοῦς ἀπολέσθαι, ἔπειτα ἀνενεγκὼν
καὶ ἀναφρονήσας ἐπεζήτει τε αὐτόν, καὶ μαθὼν τὸ γεγονὸς
ἐλυπεῖτό τε καὶ μετεγίγνωσκεν. ἤρξατο δὲ τῶν φόνων τούτων ἀπὸ
Γαΐου Ἀππίου Σιλανοῦ. τοῦτον γὰρ εὐγενέστατόν τε ὄντα καὶ τῆς
Ἰβηρίας τότε ἄρχοντα μεταπεμψάμενος ὥς τι αὐτοῦ δεόμενος, καὶ
τήν τε μητέρα οἱ τὴν τῆς Μεσσαλίνης συνοικίσας, καὶ αὐτὸν ἔν
τε τοῖς φιλτάτοις καὶ ἐν τοῖς συγγενεστάτοις χρόνον τινὰ τιμήσας,
ἔπειτ´ ἐξαίφνης ἔσφαξεν, ὅτι τῇ τε Μεσσαλίνῃ προσέκρουσεν οὐκ
ἐθελήσας αὐτῇ συγγενέσθαι πορνικωτάτῃ τε καὶ ἀσελγεστάτῃ οὔσῃ,
καὶ τῷ Ναρκίσσῳ τῷ ἀπελευθέρῳ αὐτοῦ δι´ ἐκείνην. καὶ οὐ γὰρ
εἶχον οὔτ´ ἀληθὲς οὔτε πιθανόν τι κατ´ αὐτοῦ εἰπεῖν, συνέπλασεν
ὄναρ ὁ Νάρκισσος ὡς σφαττόμενον τὸν Κλαύδιον ὑπὸ τοῦ Σιλανοῦ
αὐτοχειρίᾳ ἰδών, καὶ αὐτός τε εὐθὺς ὑπὸ τὴν ἕω ἐν τῇ εὐνῇ οἱ
ἔτ´ ὄντι ὑπότρομος διηγήσατο, καὶ ἡ Μεσσαλῖνα παραλαβοῦσα ἐδείνωσε.
καὶ ὁ μὲν οὕτως ἐξ ἐνυπνίου παραπώλετο.
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Traduction française :
[60,14] Habitué à se repaître ainsi de sang et de meurtres,
il n'en fut que plus porté à ordonner les autres supplices.
Les auteurs de ces crimes furent les Césariens et
Messaline. Quand ils voulaient tuer quelqu'un, ils effrayaient
le prince et obtenaient ainsi la permission de
faire tout ce qu'ils voulaient. Souvent même, frappé tout
à coup de terreur, et ayant, dans le saisissement de la
crainte, ordonné la mort de quelqu'un, lorsque ensuite
il était revenu à lui et avait repris son calme, il le redemandait,
et, en apprenant ce qui s'était passé, il en était
chagrin et plein de repentir. Le premier de ces meurtres
fut celui de C. Appius Silanus. Claude, après avoir mandé
près de lui, comme s'il eût besoin de ses services, ce Silanus,
qui était d'une haute naissance et alors gouverneur
de l'Espagne, après l'avoir marié à la mère de Messaline
et l'avoir quelque temps honoré comme l'un de
ses plus grands amis et de ses plus proches parents, le
fit ensuite mettre à mort tout à coup, pour avoir offensé
Messaline en refusant les faveurs de cette femme impudique
et luxurieuse, et, par elle, Narcisse, affranchi du
prince. Narcisse, attendu qu'ils n'avaient rien de vrai ni
de croyable à dire contre Silanus, imagina un songe où
il avait vu Claude égorgé de la propre main de Silanus,
et il vint, dès le point du jour, raconter, tout tremblant,
ce songe au prince qui était encore au lit, et Messaline,
reprenant le récit de Narcisse, l'exagéra encore. C'est
ainsi que Silanus mourut victime d'un songe.
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