Texte grec :
[60,11] λιμοῦ τε ἰσχυροῦ γενομένου, οὐ μόνον τῆς ἐν τῷ τότε παρόντι ἀφθονίας
τῶν τροφῶν ἀλλὰ καὶ τῆς ἐς πάντα τὸν μετὰ ταῦτα αἰῶνα πρόνοιαν ἐποιήσατο.
ἐπεσάκτου γὰρ παντὸς ὡς εἰπεῖν τοῦ σίτου τοῖς Ῥωμαίοις ὄντος, ἡ χώρα ἡ πρὸς
ταῖς τοῦ Τιβέριδος ἐκβολαῖς, οὔτε κατάρσεις ἀσφαλεῖς οὔτε λιμένας
ἐπιτηδείους ἔχουσα, ἀνωφελές σφισι τὸ κράτος τῆς θαλάσσης ἐποίει·
ἔξω τε γὰρ τῶν τῇ τε ὡραίᾳ ἐσκομισθέντων καὶ ἐς τὰς ἀποθήκας
ἀναχθέντων οὐδὲν τὴν χειμερινὴν ἐσεφοίτα, ἀλλ´ εἴ τις παρεκινδύνευσε,
κακῶς ἀπήλλασσε. τοῦτ´ οὖν συνιδὼν λιμένα τε κατασκευάσαι
ἐπεχείρησεν, οὐδ´ ἀπετράπη καίπερ τῶν ἀρχιτεκτόνων
εἰπόντων αὐτῷ, πυθομένῳ πόσον τὸ ἀνάλωμα ἔσοιτο, "ὅτι οὐ θέλεις
αὐτὸν ποιῆσαι"· οὕτως ὑπὸ τοῦ πλήθους τοῦ δαπανήματος
ἀναχαιτισθῆναι αὐτόν, εἰ προπύθοιτο αὐτό, ἤλπισαν· ἀλλὰ καὶ ἐνεθυμήθη
πρᾶγμα καὶ τοῦ φρονήματος καὶ τοῦ μεγέθους τοῦ τῆς
Ῥώμης ἄξιον καὶ ἐπετέλεσε. τοῦτο μὲν γὰρ ἐξορύξας τῆς ἠπείρου
χωρίον οὐ σμικρόν, τὸ πέριξ πᾶν ἐκρηπίδωσε καὶ τὴν θάλασσαν
ἐς αὐτὸ ἐσεδέξατο· τοῦτο δὲ ἐν αὐτῷ τῷ πελάγει χώματα ἑκατέρωθεν
αὐτοῦ μεγάλα χώσας θάλασσαν ἐνταῦθα πολλὴν περιέβαλε,
καὶ νῆσον ἐν αὐτῇ πύργον τε ἐπ´ ἐκείνῃ φρυκτωρίαν ἔχοντα κατεστήσατο.
ὁ μὲν οὖν λιμὴν ὁ καὶ νῦν οὕτω κατά γε τὸ ἐπιχώριον
ὀνομαζόμενος ὑπ´ ἐκείνου τότε ἐποιήθη· τὴν δὲ δὴ λίμνην τὴν
Φουκίνην τὴν τῶν Μαρσῶν ἠθέλησε μὲν ἐς τὸν Λῖριν ἐξαγαγεῖν,
ὅπως ἥ τε χώρα ἡ περὶ αὐτὴν γεωργῆται καὶ ὁ ποταμὸς ναυσίπορος
μᾶλλον γένηται, μάτην δὲ δὴ ἐδαπανήθη.
ἐνομοθέτησε μὲν οὖν καὶ ἄλλα τινά, ὧν οὐδεμία μοι ἄλλη
ἀνάγκη μνημονεῦσαί ἐστι, κατέδειξε δὲ καὶ τάδε, τούς τε κληρωτοὺς
ἄρχοντας πρὸ τῆς τοῦ Ἀπριλίου νουμηνίας, ἐπειδήπερ ἐπὶ
πολὺ ἐν τῷ ἄστει ἐνεχρόνιζον, ἀφορμᾶσθαι, καὶ τοὺς αἱρετοὺς μηδεμίαν
οἱ χάριν ἐν τῷ συνεδρίῳ γιγνώσκειν, ὅπερ κατά τι ἔθος
ἐποίουν, εἰπὼν ὅτι "οὐχ οὗτοι ἐμοὶ χάριν ἔχειν ὀφείλουσιν ὥσπερ
ἐσπουδαρχηκότες, ἀλλ´ ἐγὼ τούτοις ὅτι μοι τὴν ἡγεμονίαν προθύμως
συνδιαφέρουσι· καὶ ἄν γε καὶ καλῶς ἄρξωσι, πολὺ μᾶλλον
αὐτοὺς ἐπαινέσω". τοῖς μὲν οὖν ὑπ´ ἀσθενείας βίου μὴ δυναμένοις
βουλεύειν ἐφίει παρίεσθαι, ἔκ τε τῶν ἱππέων τινὰς ἐς τὰς δημαρχίας
ἐσεδέχετο· τοὺς δ´ ἄλλους καὶ πάνυ πάντας ἐπηνάγκαζεν ἐς
τὸ βουλευτήριον, ὁσάκις ἂν ἐπαγγελθῇ σφισι, συμφοιτᾶν. καὶ ἐπὶ
μὲν τούτῳ οὕτως ἰσχυρῶς τοῖς μὴ πειθαρχοῦσιν ἐπετίμα ὥστε
τινὰς ἑαυτοὺς ἀναχρήσασθαι.
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Traduction française :
[60,11] Une grande famine étant survenue, Claude avisa
aux moyens d'avoir, non seulement dans le présent, mais
aussi toujours dans l'avenir, des vivres en abondance.
Presque tout le blé, en effet, que consomment les Romains
étant apporté du dehors, et le pays situé à l'embouchure
du Tibre, n'offrant ni rades sûres ni ports
convenables, rendait inutile aux Romains l'empire de la
mer; car, excepté celui qui arrivait dans la belle saison
et qu'on portait dans les greniers, il n'en venait point
l'hiver, et, si quelqu'un essayait d'en amener, la tentative
réussissait mal. Claude, comprenant ces difficultés,
entreprit de construire un port, sans se laisser détourner
de son projet par les architectes, qui, lorsqu'il
leur demanda à combien monterait la dépense, lui répondirent :
« Tu ne le feras pas, » tant ils espéraient,
par la grandeur de la dépense, s'il en était informé
à l'avance, le forcer de renoncer à son dessein ; mais,
bien loin de là, il crut la chose digne de la majesté et de
la grandeur de Rome, et il la mena à son terme. Il
creusa bien avant dans le rivage un espace qu'il garnit
de quais, et y fit entrer la mer; puis il jeta de chaque
côté dans les flots des môles immenses, dont il entoura
une grande portion de mer et y fit une île où il bâtit
une tour portant des fanaux. Le Port, qui aujourd'hui
conserve ce nom dans la langue du pays, fut alors construit
par lui. Il voulut aussi, par la dérivation du lac Fucin
dans le Liris, chez les Marses, donner les terres d'alentour
à l'agriculture et rendre le fleuve plus navigable,
mais ces dépenses ont été en pure perte. Il fit encore
plusieurs lois qu'il n'est nullement nécessaire de rapporter ;
il ordonna aussi que les gouverneurs élus par le
sort auraient à se rendre dans leurs provinces avant les
calendes d'avril, attendu qu'ils s'attardaient longtemps
dans Rome ; que ceux qui avaient été nommés au choix
seraient dispensés de lui adresser des remerciements dans
le sénat, comme cela se pratiquait d'habitude : « Ce n'est
pas à eux, disait-il, de me remercier, comme s'ils obtenaient
leurs charges par brigue; c'est à moi, au contraire,
puisque, par leur zèle, il m'aident à supporter le poids de
l'empire; et, s'ils gouvernent bien, c'est à moi plutôt de
les louer. » Ceux à qui leurs moyens ne permettaient
pas de tenir leur rang de sénateurs eurent l'autorisation
de se retirer; des chevaliers furent admis à être tribuns
du peuple ; quant aux autres, il les força tous d'assister
aux délibérations chaque fois qu'ils seraient convoqués.
Ceux qui n'obéirent pas furent punis avec tant de rigueur
que plusieurs se donnèrent eux-mêmes la mort.
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