HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre LIX

ἔτος



Texte grec :

[59,16] μέχρι μὲν οὖν τοῦ χρόνου τούτου αὐτός τε τὸν Τιβέριον ἀεὶ καὶ πρὸς πάντας κακῶς ἔλεγε, καὶ τοῖς ἄλλοις τοῖς κακηγοροῦσιν αὐτὸν καὶ ἰδίᾳ καὶ δημοσίᾳ οὐχ ὅσον οὐκ ἐπετίμα ἀλλὰ καὶ ἔχαιρεν· τότε δὲ ἐσελθὼν ἐς τὸ βουλευτήριον πολλὰ μὲν ἐκεῖνον ἐπῄνεσε, πολλὰ δὲ καὶ τῆς γερουσίας τοῦ τε δήμου κατηγόρησεν ὡς οὐκ ὀρθῶς αὐτὸν ψεγόντων. "ἐμοὶ μὲν γάρ" ἔφη "αὐτοκράτορι ὄντι καὶ τοῦτο ποιεῖν ἔξεστιν, ὑμεῖς δὲ δὴ οὐ μόνον ἀδικεῖτε ἀλλὰ καὶ ἀσεβεῖτε πρὸς τὸν ἄρξαντά ποτε ὑμῶν οὕτω διακείμενοι." κἀκ τούτου καθ´ ἕκαστον τῶν ἀπολωλότων ἐπεξιὼν ἀπέφαινεν, ὥς γε ἐδόκει, τοὺς βουλευτὰς αἰτίους τοῦ ὀλέθρου τοῖς πλείστοις αὐτῶν γεγονότας, τοὺς μὲν ὅτι κατηγόρησάν σφων, τοὺς δὲ ὅτι κατεμαρτύρησαν, πάντας δὲ ὅτι κατεψηφίσαντο. καὶ ταῦτά τε ὡς ἐξ αὐτῶν ἐκείνων τῶν γραμμάτων ἃ καταπεπρηκέναι ποτὲ ἔφη ἐπανέγνω διὰ τῶν ἀπελευθέρων, καὶ προσεπεῖπεν ὅτι "εἰ καί τι ὁ Τιβέριος ἠδικήκει, οὐκ ὠφείλετε αὐτὸν ζῶντα τετιμηκέναι οὐ μὰ Δί´ οὐκ ἐφ´ οἷς καὶ εἴπατε πολλάκις καὶ ἐψηφίσασθε μεταβάλλεσθαι. ἀλλ´ ὑμεῖς καὶ ἐκεῖνον ἐμπλήκτως μετεχειρίσασθε, καὶ τὸν Σεϊανὸν φυσήσαντες καὶ διαφθείραντες ἀπεκτείνατε, ὥστε δεῖ καὶ ἐμὲ μηδὲν χρηστὸν παρ´ ὑμῶν προσδέχεσθαι." τοιαῦτα ἄττα εἰπὼν αὐτὸν δὴ τὸν Τιβέριον τῷ λόγῳ παρήγαγε, λέγοντά οἱ ὅτι "καὶ καλῶς καὶ ἀληθῶς πάντα ταῦτα εἴρηκας, καὶ διὰ τοῦτο μήτε φιλήσῃς τινὰ αὐτῶν μήτε φείσῃ τινός. πάντες τε γὰρ μισοῦσί σε καὶ πάντες ἀποθανεῖν εὔχονται· καὶ φονεύσουσί γε, ἂν δυνηθῶσι {σε}. μήτ´ οὖν ὅπως τι χαρίσῃ πράξας αὐτοῖς ἐννόει, μήτ´ ἄν τι θρυλῶσι φρόντιζε, ἀλλὰ τό τε ἡδὺ καὶ τὸ ἀσφαλὲς τὸ σεαυτοῦ μόνον ὡς καὶ δικαιότατον προσκόπει. οὕτω μὲν γὰρ οὔτε τι πείσῃ κακὸν καὶ πάντων τῶν ἡδίστων ἀπολαύσεις, καὶ προσέτι καὶ τιμηθήσῃ ὑπ´ αὐτῶν ἄν τ´ ἐθέλωσιν ἄν τε καὶ μή· ἐκείνως δὲ ἔργῳ μὲν οὐδὲν ὀνήσει, λόγῳ δὲ δὴ δόξαν κενὴν λαβὼν οὔτε τι πλέον ἕξεις καὶ ἐπιβουλευθεὶς ἀκλεῶς τελευτήσεις. οὐδεὶς γὰρ ἀνθρώπων ἑκὼν ἄρχεται, ἀλλ´ ἐφ´ ὅσον μὲν φοβεῖται, θεραπεύει τὸν ἰσχυρότερον, ὅταν δὲ δὴ θαρσήσῃ, τιμωρεῖται τὸν ἀσθενέστερον." Γάιος μὲν ταῦτά τ´ εἰπὼν καὶ τὰ τῆς ἀσεβείας ἐγκλήματα ἐπαναγαγών, ἔς τε στήλην αὐτὰ χαλκῆν εὐθὺς ἐγγραφῆναι ἐκέλευσε, καὶ ἐκ τοῦ βουλευτηρίου σπουδῇ ἐξεπήδησεν, ἔς τε τὸ προάστειον αὐθημερὸν ἐξώρμησεν· ἡ δὲ δὴ γερουσία καὶ ὁ δῆμος ἐν δέει μεγάλῳ ἐγένοντο, τῶν τε κακηγοριῶν ἅμα ἃς κατὰ τοῦ Τιβερίου πολλάκις ἐπεποίηντο ἀναμιμνησκόμενοι, καὶ οἷα ἀνθ´ οἵων ἠκηκόεσαν αὐτοῦ λέγοντος ἐκλογιζόμενοι. καὶ τότε μὲν ὑπό τε τῆς ἐκπλήξεως καὶ ὑπὸ τῆς ἀθυμίας οὔτε φθέγξασθαι οὔτε τι χρηματίσαι ἠδυνήθησαν· τῇ δ´ ὑστεραίᾳ αὖθις ἀθροισθέντες ἐπαίνους τε αὐτοῦ πολλοὺς ὡς καὶ ἀληθεστάτου καὶ εὐσεβεστάτου ὄντος ἐποιήσαντο, χάριν οἱ μεγάλην ἔχοντες ὅτι μὴ προσαπώλοντο· καὶ διὰ τοῦτο καὶ τῇ φιλανθρωπίᾳ αὐτοῦ βουθυτεῖν κατ´ ἔτος ἔν τε ἐκείνῃ τῇ ἡμέρᾳ ἐν ᾗ ταῦτα ἀνεγνώκει καὶ ἐν ταῖς τῷ παλατίῳ προσηκούσαις, εἰκόνος τε αὐτοῦ χρυσῆς ἐς τὸ Καπιτώλιον ἀναγομένης καὶ ὕμνων ἐπ´ αὐτῇ διὰ τῶν εὐγενεστάτων παίδων ᾀδομένων, ἐψηφίσαντο. τά τε ἐπινίκια τὰ σμικρότερα ὡς καὶ πολεμίους τινὰς νενικηκότι πέμψαι αὐτῷ ἔδωκαν. καὶ οἱ μὲν τότε ταῦτ´ ἔγνωσαν, καὶ μετὰ τοῦτο κατὰ πᾶσαν ὡς εἰπεῖν ἀφορμὴν πάντως τι αὐτῷ προσετίθεσαν·

Traduction française :

[59,16] Jusque-là il avait toujours mal parlé de Tibère en toute circonstance et devant tous; loin de punir, soit en son nom privé, soit au nom de l'État, les censures dirigées contre lui, il y prenait plaisir au contraire ; mais alors, étant entré dans le sénat, il se répandit en éloges sur ce prince et en accusations contre les blâmes injustes, à son avis, tant du sénat que du peuple. « Moi, dit-il, qui suis empereur, il m'est permis de le faire ; mais vous, non seulement vous commettez une injustice, mais encore une impiété, en montrant de tels sentiments envers celui qui a été autrefois votre chef." Passant ensuite en revue chacun de ceux qui avaient péri sous son règne, il fit voir, à ce qu'il lui semblait du moins, que les sénateurs avaient causé la perte de la plupart d'entre eux; les uns par des accusations, les autres par de faux témoignage, tous parce qu'ils avaient rendu les décrets de condamnation. Ces reproches, puisés dans ces mêmes écrits qu'il avait autrefois, disait-il, brûlés, furent lus par ses affranchis; puis il ajouta : « Si donc Tibère a commis quelque injustice, vous ne deviez, ni, de son vivant, le combler d'honneurs, ni, par Jupiter ! changer d'avis sur des choses souvent dites et décrétées par vous. C'est vous qui avez tenu envers lui une conduite insensée, et qui avez tué Séjan en le corrompant par l'orgueil dont vous l'avez enflé ; ce qui ne me laisse rien de bon à espérer de vous. » A la suite de ces paroles, il introduisit Tibère, qui lui disait : « Tout ce que tu as dit est juste et vrai ; ainsi donc, point d'amitié, point de compassion pour aucun d'eux. Tous te haïssent, tous souhaitent ta mort ; ils te tueront, s'ils le peuvent: Ne songe pas non plus à rien faire pour leur être agréable, et ne t'inquiète pas de leurs propos; regarde ton plaisir et ta sûreté comme la suprême justice. De la sorte, tu n'éprouveras aucun mal et tu jouiras de tous les plaisirs; en outre, tu seras honoré d'eux, qu'ils le veuillent ou qu'ils ne le veuillent pas. Si tu agis autrement, il ne t'en reviendra rien en réalité; tu recueilleras, en apparence, une vaine gloire qui ne te procurera aucun avantage, et tu périras ignominieusement victime de leurs complots. Aucun homme, en effet, ne se laisse volontairement commander: tant qu'il craint, il révère celui qui est plus fort que lui ; croit-il que son chef est le plus faible, il se venge de lui. » Caius, après avoir, par ce discours, ramené la coutume des accusations de lèse-majesté, le fit aussitôt graver sur une plaque de bronze, et sortit précipitamment de la curie ; puis, le même jour, il se retira dans la région suburbaine. Quant au sénat et au peuple, ils furent dans une grande crainte, se souvenant des injures qu'ils avaient, en bien des circonstances, proférées contre Tibère, et songeant quelles paroles ils venaient d'entendre dans la bouche du prince et quels discours ils entendaient auparavant. Sur le moment, la surprise et le découragement les empêchèrent de rien dire et de rien répondre ; mais, s'étant de nouveau rassemblés le lendemain, ils se répandirent en éloges sur la franchise et la piété de l'empereur et lui rendirent d'humbles actions de grâce pour ne pas leur avoir ôté la vie: on décréta que, chaque année, à pareil jour que celui où cette harangue leur avait été lue, et au jour des fêtes sur le Palatin, des sacrifices seraient offerts à sa clémence, tandis que sa statue en or serait menée au Capitole au milieu d'hymnes chantés par les enfants des plus hautes familles. On lui accorda aussi le petit triomphe, comme s'il eût vaincu des ennemis. Voilà les honneurs qui lui furent pour lors décernés; dans la suite, à toute occasion, pour ainsi dire, on y ajouta de toutes les façons.





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Dernière mise à jour : 27/06/2006