Texte grec :
[59,11] τῇ δὲ Δρουσίλλῃ συνῴκει μὲν Μᾶρκος Λέπιδος, παιδικά τε
ἅμα αὐτοῦ καὶ ἐραστὴς ὤν, συνῆν δὲ καὶ ὁ Γάιος· καὶ αὐτὴν ἀποθανοῦσαν
τότε ἐπῄνεσε μὲν ὁ ἀνήρ, δημοσίας δὲ ταφῆς ὁ ἀδελφὸς
ἠξίωσε· καὶ οἵ τε δορυφόροι μετὰ τοῦ ἄρχοντός σφων καὶ χωρὶς
οἱ ἱππῆς τὸ τέλος - - -, οἵ τε εὐγενεῖς παῖδες τὴν Τροίαν περὶ τὸν
τάφον αὐτῆς περιίππευσαν, καί οἱ τά τε ἄλλα ὅσα τῇ γε Λιουίᾳ
ἐδέδοτο ἐψηφίσθη, καὶ ἵν´ ἀθανατισθῇ καὶ ἐς τὸ βουλευτήριον
χρυσῆ ἀνατεθῇ, καὶ ἐς τὸ ἐν τῇ ἀγορᾷ Ἀφροδίσιον ἄγαλμα αὐτῆς
ἰσομέτρητον τῷ τῆς θεοῦ ἐπὶ ταῖς ὁμοίαις τιμαῖς ἱερωθῇ, σηκός
τε ἴδιος οἰκοδομηθῇ, καὶ ἱερῆς εἴκοσιν οὐχ ὅτι ἄνδρες ἀλλὰ καὶ
γυναῖκες γένωνται, αἵ τε γυναῖκες αὐτήν, ὁσάκις ἂν μαρτυρῶσί
τι, ὀμνύωσι, καὶ ἐν τοῖς γενεσίοις αὐτῆς ἑορτή τε ὁμοία τοῖς Μεγαλησίοις
ἄγηται καὶ ἡ γερουσία ἥ τε ἱππὰς ἑστιᾶται. τότε οὖν
Πάνθεά τε ὠνομάζετο καὶ τιμῶν δαιμονίων ἐν πάσαις ταῖς πόλεσιν
ἠξιοῦτο, Λίουιός τέ τις Γεμίνιος βουλευτὴς ἔς τε τὸν οὐρανὸν
αὐτὴν ἀναβαίνουσαν καὶ τοῖς θεοῖς συγγιγνομένην ἑορακέναι ὤμοσεν,
ἐξώλειαν καὶ ἑαυτῷ καὶ τοῖς παισίν, εἰ ψεύδοιτο, ἐπαρασάμενος
τῇ τε τῶν ἄλλων θεῶν ἐπιμαρτυρίᾳ καὶ τῇ αὐτῆς ἐκείνης·
ἐφ´ ᾧ πέντε καὶ εἴκοσι μυριάδας ἔλαβε. τούτοις τε οὖν αὐτὴν ὁ
Γάιος ἐτίμησε, καὶ τῷ τὰς πανηγύρεις τὰς τότε ὀφειλούσας γενέσθαι
μήτε ἐν τῷ νενομισμένῳ χρόνῳ, πλὴν τῆς ὁσίας ἕνεκα, μήτ´
αὖθίς ποτε ποιηθῆναι. αἰτίαν τε πάντες ὁμοίως εἶχον, εἴθ´ ἥσθησαν
ἐπί τινι ὡς λυπούμενοι, εἴτε καὶ ὡς χαίροντες ἔπραξαν·
ἢ γὰρ μὴ πενθεῖν αὐτὴν ὡς ἄνθρωπον ἢ θρηνεῖν ὡς θεὸν ἐνεκαλοῦντο.
πάρεστι δὲ ἐξ ἑνὸς πάντα τὰ τότε γενόμενα τεκμήρασθαι·
τὸν γὰρ πωλήσαντα θερμὸν ὕδωρ ἀπέκτεινεν ὡς ἀσεβήσαντα.
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Traduction française :
[59,11] Drusilla eut pour mari M. Lépidus, mignon et
amant à la fois de l'empereur, mais Caius aussi avait
commerce avec elle: à sa mort, qui arriva alors, son mari
fit son éloge et son frère l'honora d'une sépulture aux
frais de l'Etat: les soldats prétoriens avec leur chef, ceux
des chevaliers qui servaient dans l'armée, défilèrent autour
de son tombeau, et les enfants patriciens représentèrent
la cavalcade troyenne ; enfin, tous les honneurs
qui avaient été accordés à Livie lui furent décernés : elle
eut une place parmi les immortels ; elle fut représentée
en or dans la curie ; la statue de Vénus, sur le Forum,
reproduisit Drusilla dans une figure de grandeur égale à
celle de la déesse et qui devait recevoir les mêmes hommages ;
on lui bàtit une chapelle particulière, et vingt
prêtres, hommes et femmes, furent attachés à son culte;
les femmes jurèrent par elle toutes les fois qu'elles attestaient
quelque chose avec serment; une fête semblable à
celle des jeux Mégalésiens était célébrée le jour de sa
naissance, et sénateurs et chevaliers étaient invités à un
banquet. On lui donna alors le nom de Panthée, et elle
obtint les honneurs divins dans toutes les villes. Un sénateur,
Livius Géminius, jura qu'il l'avait vue monter au
ciel et prendre rang parmi les dieux, appelant la malédiction
sur lui-même et sur ses enfants, s'il mentait, et
invoquant le témoignage des autres dieux et celui de
Drusilla elle-même ; il reçut deux cent mille drachmes
pour cette attestation. Tels furent les honneurs décernés
par Caius à Drusilla; il voulut aussi que les jeux qui devaient
alors avoir lieu ne fussent célébrés ni à l'époque
fixée par la loi, si ce n'est pour la forme, ni qu'ils le
fussent une autre fois. Tout le monde était pareillement
accusé, soit qu'on se fût réjoui, parce qu'on avait
montré du contentement, soit qu'on eût par quelque
acte témoigné de la peine; c'était un crime de ne pas la
pleurer, car elle était femme, et de la pleurer, parce
qu'elle était déesse. Un seul exemple permet d'apprécier
tout ce qui so passa alors : un homme fut mis à mort par
Caïus, pour avoir vendu de l'eau chaude, comme coupable d'impiété.
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