Texte grec :
[59,26] ἦν δέ τις Πρωτογένης πρὸς πάντα αὐτῷ τὰ χαλεπώτατα ὑπηρετῶν,
ὥστε καὶ βιβλία ἀεὶ δύο περιφέρειν καὶ αὐτῶν τὸ μὲν ξίφος τὸ δὲ
ἐγχειρίδιον ὀνομάζειν. οὗτος ἐσῆλθέ ποτε ἐς τὸ συνέδριον ὡς καὶ κατ´
ἄλλο τι, καὶ πάντων, οἷα εἰκός, προσειπόντων τε αὐτὸν καὶ δεξιουμένων
δριμύ τέ τι Σκριβωνίῳ Πρόκλῳ ἐνεῖδε καὶ ἔφη "καὶ σύ με ἀσπάζῃ, μισῶν
οὕτω τὸν αὐτοκράτορα;" ἀκούσαντες δὲ τοῦτο οἱ παρόντες περιέσχον
τε τὸν συμβουλευτὴν καὶ διέσπασαν. {lacunes}
- - - ἡσθέντος τε ἐπὶ τούτῳ τοῦ Γαΐου καὶ φήσαντος αὐτοῖς κατηλλάχθαι
πανηγύρεις τέ τινας ἐψηφίσαντο καὶ ὅπως καὶ βήματι ὑψηλῷ καὶ
ἐν αὐτῷ τῷ βουλευτηρίῳ, ὥστε μηδένα ἐξικνεῖσθαι, καὶ φρουρᾷ στρατιωτικῇ
καὶ ἐκεῖ χρῷτο· καὶ τοὺς ἀνδριάντας αὐτοῦ φρουρεῖσθαι ἔγνωσαν.
ἐπ´ οὖν τούτοις ὁ Γάιος τὴν ὀργήν σφισιν ἀφῆκε καὶ χρηστά τινα
προσενεανιεύσατο· Πομπώνιον γὰρ ἐπιβουλεῦσαι λεχθέντα οἱ ἀπέλυσεν,
ἐπειδὴ ὑπὸ φίλου προεδόθη, καὶ τὴν ἑταίραν αὐτοῦ, ὅτι βασανισθεῖσα
οὐδὲν ἐξεῖπεν, οὔτε τι κακὸν ἔδρασε καὶ προσέτι καὶ χρήμασιν ἐτίμησεν.
ἐπαινούμενος οὖν διὰ ταῦτα τὰ μὲν φόβῳ τὰ δὲ καὶ ἐπ´ ἀληθείας, καὶ
τῶν μὲν ἥρωα τῶν δὲ θεὸν αὐτὸν ἀνακαλούντων, δεινῶς ἐξεφρόνησεν.
ἠξίου μὲν γὰρ καὶ πρότερον ὑπὲρ ἄνθρωπον νομίζεσθαι, καὶ τῇ Σελήνῃ
συγγίγνεσθαι καὶ ὑπὸ τῆς Νίκης στεφανοῦσθαι ἔλεγε, Ζεύς τε εἶναι
ἐπλάττετο, καὶ κατὰ τοῦτο καὶ γυναιξὶν ἄλλαις τε πολλαῖς καὶ ταῖς
ἀδελφαῖς μάλιστα συνεῖναι προεφασίσατο, καὶ Ποσειδῶν αὖθις, ὅτι τοσοῦτον
θαλάσσης μέτρον ἔζευξε, τόν τε Ἡρακλέα τόν τε Διόνυσον τόν
τε Ἀπόλλω τούς τε ἄλλους, οὐχ ὅτι τοὺς ἄρρενας ἀλλὰ καὶ τὰς θηλείας,
ὑπεκρίνετο, Ἥρα τε καὶ Ἄρτεμις καὶ Ἀφροδίτη πολλάκις ἐγίγνετο. πρὸς
γὰρ δὴ τὴν τῶν ὀνομάτων μετάθεσιν καὶ τὸ ἄλλο σχῆμα πᾶν τὸ προσῆκόν
σφισιν ἐλάμβανεν, ὥστε ἐοικέναι ἂν δοκεῖν. τοτὲ μὲν γὰρ θηλυδριώδης
ἑωρᾶτο καὶ κρατῆρα καὶ θύρσον εἶχε, τοτὲ δὲ ἀρρενωπός, καὶ ῥόπαλον
καὶ λεοντῆν ἢ καὶ κράνος ἀσπίδα τε ἐφόρει. λειογένειος αὖ καὶ
μετὰ τοῦτο πωγωνίας ἐφαντάζετο, τρίαινάν τε ἔστιν ὅτε ἐκράτει, καὶ
κεραυνὸν αὖθις ἀνέτεινε. παρθένῳ τε κυνηγετικῇ ἢ καὶ πολεμικῇ
ὡμοιοῦτο, καὶ μετ´ οὐ πολὺ ἐγυναίκιζεν. οὕτω που καὶ τῷ ῥυθμῷ
τῆς στολῆς καὶ τοῖς προσθέτοις τοῖς τε περιθέτοις ἀκριβῶς ἐποικίλλετο,
καὶ πάντα μᾶλλον ἢ ἄνθρωπος αὐτοκράτωρ τε δοκεῖν εἶναι ἤθελε. καί
ποτέ τις ἀνὴρ Γαλάτης ἰδὼν αὐτὸν ἐπὶ βήματος ὑψηλοῦ ἐν Διὸς εἴδει
χρηματίζοντα ἐγέλασεν· ὁ δὲ Γάιος ἐκάλεσέ τε αὐτὸν καὶ ἀνήρετο "τί
σοι δοκῶ εἶναι;" καὶ ὃς ἀπεκρίνατο (ἐρῶ γὰρ αὐτὸ τὸ λεχθέν) ὅτι
"μέγα παραλήρημα." καὶ οὐδὲν μέντοι δεινὸν ἔπαθε· σκυτοτόμος γὰρ
ἦν. οὕτω που ῥᾷον τὰς τῶν τυχόντων ἢ τὰς τῶν ἐν ἀξιώσει τινὶ ὄντων
παρρησίας οἱ τοιοῦτοι φέρουσι. ταῦτα μὲν οὖν τὰ σχήματα, ὁπότε
τις θεὸς ἐπλάττετο εἶναι, ἐλάμβανε, καὶ αὐτῷ καὶ ἱκετεῖαι καὶ εὐχαὶ
θυσίαι τε κατὰ τὸ πρόσφορον προσήγοντο· ἄλλως δὲ δὴ ἔν τε τῇ σηρικῇ
καὶ ἐν τῇ νικητηρίᾳ σκευῇ ὡς πλήθει ἐδημοσίευεν.
|
|
Traduction française :
[56,26] Le ministre de toutes les cruautés de Caius était
un certain Protogène, qui portait sans cesse partout
avec lui deux livrets, dont l'un avait nom "Épée" et l'autre
"Poignard". Ce Protogène entra un jour dans l'assemblée
du sénat, comme pour un tout autre motif, et tous les
sénateurs, ainsi que cela était naturel, lui adressant la parole
et lui prenant la main, il attacha sur Scribonius Proculus
un regard perçant : « Toi aussi, dit-il, tu me salues,
toi qui hais tant l'empereur ? » A ces mots, les sénateurs
présents entourèrent leur collègue et le mirent en pièces.
{lacunes} {Les sénateurs décrétèrent des jeux en l'honneur de
Caius, une haute tribune dans la salle même des délibérations,
afin que personne ne pùt atteindre jusqu'à lui,
et des soldats pour veiller, même au milieu d'eux, à sa
sûreté; ils adoptèrent aussi une résolution en vertu de
laquelle ses statues devaient avoir des gardes. Transporté
de joie par cette conduite du sénat, Caius renonça à sa
colère, et, avec toute l'étourderie d'un jeune homme, lui
adressa quelques bonnes paroles. Pomponius, accusé de
conspiration contre lui, fut absous, parce qu'il avait été
trahi par un ami; quant à la maîtresse de Pomponius,
n'ayant, malgré la torture, rien avoué, non seulement
il ne lui fit aucun mal, mais encore il la récompensa par
de l'argent. Les éloges que lui valurent ces actes de clémence,
éloges inspirés, les uns par la crainte, les autres
par la vérité, et} les noms de héros et de dieu qui lui
furent donnés troublèrent fortement sa raison. Déjà, en
effet, auparavant, il souhaitait qu'on le prît pour quelque
chose de plus relevé qu'un homme, et il prétendait avoir
commerce avec la Lune et être couronné par la Victoire ;
il feignait aussi d'être Jupiter, et se vantait, par
suite de cela, d'avoir habitude avec un grand nombre
de femmes et principalement avec ses soeurs. D'autres
fois il était Neptune, parce qu'il avait jeté un pont sur
une grande étendue de mer ; il personnifiait aussi Hercule,
Bacchus, Apollon et les autres divinités, non seulement
les dieux, mais aussi les déesses. Souvent encore
il devenait Junon, Diane, Vénus. En effet, suivant
le nom de divinité qu'il prenait , il prenait aussi tout
l'extérieur approprié au personnage {afin de paraître lui
ressembler}. Un jour, on le voyait dans un équipage efféminé,
une coupe et un thyrse à la main; un autre jour,
il avait un air mâle, et portait une massue et une peau
de lion {ou bien un casque et un bouclier}. Parfois le
menton lisse, il se montrait ensuite avec de la barbe;
parfois il tenait un trident, d'autres fois il lançait la
foudre. Il ressemblait à la vierge {chasseresse ou bien
à la vierge} guerrière, et, un instant après, il se transformait
en femme. Voilà jusqu'où il poussait le soin de
varier la manière dont sa robe tombait, ses cheveux
postiches et ses coiffures; il voulait paraître tout autre
chose qu'un homme {et un empereur}... Un Gaulois
l'ayant vu un jour rendre d'une haute tribune des oracles,
sous la figure de Jupiter, se prit à rire. Caius le
fit appeler et lui demanda : « Que penses-tu de moi ? »
Celui-ci lui répondit (je rapporterai ses paroles mêmes) :
"Que tu es un grand extravagant." Le Gaulois n'eut
aucune punition, car ce n'était qu'un cordonnier; tant
il est vrai que de pareils caractères supportent plus aisément
la liberté de langage chez des gens du commun
que chez des gens constitués en dignité. Tels étaient les
accoutrements qu'il prenait, lorsqu'il voulait se faire passer
pour dieu, et alors on lui adressait des supplications,
des prières et des sacrifices appropriés; dans les autres
circonstances, il se rendait en public vêtu de soie, et,
la plupart du temps, dans l'appareil d'un triomphateur.
|
|