Texte grec :
[59,21] καὶ ἤδη γὰρ τά τε ἐν τῇ Ῥώμῃ καὶ τὰ ἐν τῇ ἄλλῃ Ἰταλίᾳ
χρήματα πάντα ὡς εἰπεῖν, ὅθεν τι καὶ ὁπωσοῦν οἷόν τε ἦν αὐτῷ
λαβεῖν, ἀναλώκει, καὶ οὔτε ἐνταῦθα πόρος τις ἀξιόχρεως ἢ καὶ δυνατὸς
εὑρίσκετο, καὶ αἱ δαπάναι ὑπερήπειγον αὐτόν, ἐς τὴν Γαλατίαν
ἀφώρμησε, πρόφασιν μὲν τοὺς Κελτοὺς τοὺς πολεμίους ὡς
καὶ παρακινοῦντάς τι ποιησάμενος, ἔργῳ δὲ ὅπως καὶ τὰ ἐκείνων
ἀνθοῦντα τοῖς πλούτοις καὶ τὰ τῶν Ἰβήρων ἐκχρηματίσηται. οὐ
μέντοι καὶ ἄντικρυς τὴν ἔξοδον προεπήγγειλεν, ἀλλ´ ἐς προάστειόν
τι ἐλθὼν εἶτ´ ἐξαίφνης ἀπῆρε, πολλοὺς μὲν ὀρχηστὰς πολλοὺς δὲ
μονομάχους ἵππους γυναῖκας τὴν ἄλλην τρυφὴν ἐπαγόμενος. ἐλθὼν
δὲ ἐκεῖσε τῶν μὲν πολεμίων οὐδένα ἐκάκωσεν (εὐθύς τε γὰρ
ὀλίγον ὑπὲρ τοῦ Ῥήνου προχωρήσας ὑπέστρεψε, καὶ μετὰ τοῦτο
ὁρμήσας ὡς καὶ ἐς τὴν Βρεττανίαν στρατεύσων ἀπ´ αὐτοῦ τοῦ
ὠκεανοῦ ἀνεκομίσθη, καὶ τοῖς ὑποστρατήγοις τοῖς κατορθοῦσί τι
πάνυ ἤχθετο), τοὺς δ´ ὑπηκόους τούς τε συμμάχους καὶ τοὺς πολίτας
πλεῖστα καὶ μέγιστα ἐκακούργησε. τοῦτο μὲν γὰρ τούς τι
ἔχοντας ἐπὶ πάσῃ προφάσει ἐσύλα, τοῦτο δὲ καὶ δῶρα οἵ τε ἰδιῶται
καὶ αἱ πόλεις ἑκοῦσαι δῆθεν μεγάλα αὐτῷ ἦγον. ἄλλους ὡς νεωτερίζοντας,
ἄλλους ὡς ἐπιβουλεύοντάς οἱ ἐφόνευε. καὶ ἦν δημόσιον
ἔγκλημα πᾶσί σφισι τὸ πλουτεῖν. καὶ αὐτῶν τὰ κτήματα αὐτὸς
πιπράσκων πολλῷ καὶ ἐκ τούτου πλείω ἠργυρολόγει· πάντες γὰρ
ἠναγκάζοντο παντοίως τε καὶ πολύ γε ὑπὲρ τὴν ἀξίαν ὠνεῖσθαι,
δι´ ἃ εἴρηκα. ἀφ´ οὗπερ καὶ τὰ τῆς μοναρχίας κειμήλια τὰ κάλλιστα
καὶ τιμιώτατα μεταπεμψάμενος ἀπεκήρυξε, τὴν δόξαν τῶν
ποτε χρησαμένων αὐτοῖς συμπωλῶν σφισιν. ἐπέλεγε γοῦν ἐφ´ ἑκάστῳ
"τοῦτό μου ὁ πατὴρ ἐκτήσατο, τοῦτο ἡ μήτηρ, τοῦτο ὁ πάππος,
τοῦτο ὁ πρόπαππος· Ἀντωνίου τοῦτο Αἰγύπτιον, Αὐγούστου τὸ
νικητήριον." κἀν τούτῳ τήν τε ἀνάγκην ἅμα τῆς πράσεως αὐτῶν
ἐνεδείκνυτο, ὥστε μηδένα ὑπομένειν ἀπορεῖν δοκεῖν, καὶ τὸ ἀξίωμά
σφισι συναπεδίδοτο.
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Traduction française :
[59,21] Caius (déjà, pour ainsi dire, tout l'argent qu'il
avait pu se procurer, tant à Rome que dans le reste de
l'Italie, n'importe d'où ni comment, était épuisé; il
n'avait plus aucun moyen suffisant, ni même aucun moyen
possible d'en avoir là, et ses dépenses lui causaient une
gêne excessive), Caius, dis je, marcha contre la Gaule,
sous prétexte que les Germains, ces ennemis de Rome,
commençaient à remuer, mais, en réalité, dans le dessein
de piller aussi l'argent de la Gaule et de l'Espagne, qui
étaient florissantes. Néanmoins il n'annonça pas ouvertement
son départ : il s'en alla dans un faubourg, d'où
il partit tout à coup, emmenant avec lui un grand nombre
d'histrions et de gladiateurs, des chevaux, des femmes,
tout un attirail complet de mollesse et de lux.
Arrivé en Gaule, il ne fit de mal à aucun ennemi (car,
immédiatement après s'être avancé un peu au-delà du
Rhin, il retourna sur ses pas ; puis, étant parti comme
pour marcher contre la Bretagne, il revint des bords
mêmes de l'Océan, et fit éclater son irritation contre
ceux de ses lieutenants qui avaient obtenu quelques
succès), et traita, dans la plupart des circonstances, les
peuples soumis, les alliés et les citoyens avec une grande
cruauté. Ici, ce sont les propriétaires qu'il rançonne sous
tous les prétextes; là, ce sont des présents magnifiques
que lui apportent, soi-disant de leur plein gré, les particuliers
et les villes. Des hommes sont livrés à la mort,
accusés les uns de révolte, les autres de conspiration
contre lui. Le crime commun de tous, c'était d'être
riches. En vendant lui-même les biens de ses victimes,
il en retirait bien plus d'argent; car tout le monde
était, par la raison que j'ai donnée, forcé de toute façon
d'acheter ces objets un prix beaucoup plus élevé que
leur valeur. C'est ainsi qu'il alla chercher, pour les
mettre à l'encan, les joyaux les plus beaux et les plus
précieux de l'empire, vendant avec les objets la gloire
de ceux qui en avaient autrefois fait usage. Il accompagnait
chacun d'eux de ces paroles : « Ceci appartenait
à mon père, ceci à ma mère, cela à mon aïeul, cela
à mon bisaïeul ; ceci vient d'Egypte et appartenait à
Antoine, c'est un fruit de la victoire d'Auguste. » En
même temps il indiquait par suite de quelle nécessité la
vente avait lieu , en sorte que personne n'osait paraître
riche, et, avec l'objet, il livrait sa propre dignité.
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