Texte grec :
[58,8] ἔκ τε οὖν τούτων ὁ Σεϊανὸς αὖθις ἠλλοιοῦτο, καὶ διότι καὶ
τὸν Γάιον ὁ Τιβέριος ἱερέα ἀποδείξας ἐπῄνεσε, καί τι καὶ ὡς διάδοχον
αὐτὸν τῆς μοναρχίας ἕξων ἐνεδείκνυτο. κἂν ἐνεόχμωσέ τι,
ἄλλως τε καὶ τῶν στρατιωτῶν πρὸς πάντα ἑτοίμως ὑπακοῦσαι αὐτῷ
ἐχόντων, εἰ μὴ τὸν δῆμον ἰσχυρῶς τοῖς περὶ τοῦ Γαΐου λεχθεῖσι
πρὸς τὴν τοῦ Γερμανικοῦ τοῦ πατρὸς αὐτοῦ μνήμην ἡσθέντα εἶδε·
πρότερον γὰρ νομίζων καὶ ἐκείνους πρὸς ἑαυτοῦ εἶναι, τότε ὡς
ᾔσθετο τὰ τοῦ Γαΐου σπουδάζοντας, ἠθύμησε. καὶ ὁ μὲν μετεγίγνωσκεν
ὅτι μηδὲν ἐν τῇ ὑπατείᾳ ἐνεόχμωσεν, οἱ δὲ δὴ ἄλλοι
διά τε ταῦτα, καὶ ὅτι ὁ Τιβέριος ἐχθρόν τινα
αὐτοῦ ᾑρημένον μὲν πρὸ δέκα ἐτῶν Ἰβηρίας ἄρξαι, κρινόμενον δὲ
ἐπί τισιν ἐξ ἐκείνου ἀφῆκε, καὶ δι´ αὐτὸν καὶ τοῖς ἄλλοις τοῖς ἡγεμονεύσειν
τινῶν ἢ καὶ ἄλλο τι δημόσιον πράξειν μέλλουσιν ἄδειαν
ἐν τῷ καιρῷ τούτῳ τῶν τοιούτων δικῶν ἔδωκε. τῇ τε γερουσίᾳ
περὶ τοῦ Νέρωνος ἀποθανόντος γράφων Σεϊανὸν ἁπλῶς αὐτὸν
ὠνόμασε, μηδὲν ὧνπερ εἴθιστο προσθείς· καὶ προσέτι καὶ ἀπεῖπε
μήτ´ ἀνθρώπων τινὶ θύεσθαι, διότι καὶ ἐκείνῳ τοῦτ´ ἐγίγνετο,
μήτε ἐπὶ τῇ ἑαυτοῦ τιμῇ τι χρηματίζεσθαι, διότι πολλὰ ἐκείνῳ
ἐψηφίζετο. τοῦτο γὰρ ἀπηγορεύκει μὲν καὶ πρότερον, τότε δὲ
διὰ τὸν Σεϊανὸν ἀνενεώσατο· οὐ γάρ που ὁ μηδὲν ἑαυτῷ τοιοῦτο
γίγνεσθαι ἐπιτρέπων ἄλλῳ γε ἐφίει.
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Traduction française :
[58,8] Les esprits s'éloignèrent donc de nouveau de Séjan
pour ces raisons, et aussi parce que Tibère, en donnant
le sacerdoce à Caius, fit son éloge et le désigna comme
devant lui succéder à l'empire. Séjan n'aurait pas manqué
de tenter quelque mouvement, d'autant plus que les soldats
étaient disposés à lui obéir en tout, s'il n'eût vu le
peuple, au souvenir de Germanicus, père de Caius, faire
éclater une grande joie des paroles qu'il avait entendues :
persuadé jusque-là que le peuple aussi était de
son côté, l'affection qu'il aperçut alors pour Caius le jeta
dans le découragement. Il se repentit de n'avoir rien
tenté durant son consulat; le reste des citoyens, pour
ces motifs, changea de conduite à son égard, et aussi
parce que Tibère renvoya absous un ennemi de Séjan,
nommé dix ans auparavant au gouvernement de l'Espagne
et poursuivi dès cette époque à raison de certains
faits; parce que, dans sa personne, il fit grâce, en cette
occurrence, pour de semblables délits à tous ceux
qui devaient gouverner quelque province ou gérer quelque
emploi public! Dans son message au sénat au sujet
de la mort de Néron, il le nomma Séjan tout court,
sans ajouter aucune de ses formules habituelles, et, en
outre, il défendit d'offrir des sacrifices à aucun homme,
attendu qu'on en offrait même à Séjan; de rien proposer
en son honneur, attendu que beaucoup de décrets
étaient rendus en faveur de son ministre. Cette interdiction,
il l'avait déjà faite, mais il la renouvelait alors
à cause de Séjan; or, défendre pour soi-même pareille
chose, c'était ne pas vouloir la tolérer pour autrui.
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