Texte grec :
[58,24] μετὰ δὲ ταῦτα εἰκοστοῦ ἔτους τῆς ἀρχῆς ἐπιστάντος αὐτὸς
μέν, καίτοι περί τε τὸ Ἀλβανὸν καὶ περὶ τὸ Τούσκουλον διατρίβων,
οὐκ ἐσῆλθεν ἐς τὴν πόλιν, οἱ δ´ ὕπατοι Λούκιός τε Οὐιτέλλιος καὶ
Φάβιος Περσικὸς τὴν δεκετηρίδα τὴν δευτέραν ἑώρτασαν. οὕτω
γὰρ αὐτήν, ἀλλ´ οὐκ εἰκοσετηρίδα ὠνόμαζον, ὡς καὶ τὴν ἡγεμονίαν
αὖθις αὐτῷ κατὰ τὸν Αὔγουστον διδόντες. τήν τε οὖν ἑορτὴν
ἅμα ἐποίουν καὶ ἐκολάζοντο· ἀφείθη μὲν γὰρ τῶν αἰτιαθέντων τότε
οὐδείς, πάντες δ´ ἡλίσκοντο, οἱ μὲν πλείους ἔκ τε τῶν τοῦ Τιβερίου
γραμμάτων καὶ ἐκ τῶν τοῦ Μάκρωνος βασάνων, οἱ δὲ δὴ λοιποὶ
ἐξ ὧν βουλεύεσθαί σφας ὑπώπτευον. καὶ ἐθρυλεῖτό γε ὅτι δι´ αὐτὸ
τοῦτο οὐδ´ ἀφικνοῖτο ἐς τὴν Ῥώμην, ἵνα μὴ παρὼν ταῖς καταδίκαις
αἰσχύνοιτο. ἄλλοι τε οὖν, οἱ μὲν ὑπὸ τῶν δημίων οἱ δὲ καὶ ὑφ´
ἑαυτῶν, ἀπέθανον καὶ Πομπώνιος Λαβεών. καὶ οὗτος μὲν τῆς τε
Μυσίας ποτὲ ὀκτὼ ἔτεσι μετὰ τὴν στρατηγίαν ἄρξας, καὶ δώρων
μετὰ τῆς γυναικὸς γραφείς, ἐθελοντὶ σὺν αὐτῇ διεφθάρη· Μάμερκος
δὲ δὴ Αἰμίλιος Σκαῦρος μήτ´ ἄρξας τινῶν μήτε δωροδοκήσας
ἑάλω τε διὰ τραγῳδίαν καὶ παθήματι δεινοτέρῳ οὗ συνέγραψε
περιέπεσεν. Ἀτρεὺς μὲν τὸ ποίημα ἦν, παρῄνει δὲ τῶν ἀρχομένων
τινὶ ὑπ´ αὐτοῦ, κατὰ τὸν Εὐριπίδην, ἵνα τὴν τοῦ κρατοῦντος ἀβουλίαν
φέρῃ. μαθὼν οὖν τοῦτο ὁ Τιβέριος ἐφ´ ἑαυτῷ τε τὸ ἔπος
εἰρῆσθαι ἔφη, Ἀτρεὺς εἶναι διὰ τὴν μιαιφονίαν {εἶναι} προσποιησάμενος,
καὶ ὑπειπὼν ὅτι "καὶ ἐγὼ οὖν Αἴαντ´ αὐτὸν ποιήσω",
ἀνάγκην οἱ προσήγαγεν αὐτοεντεὶ ἀπολέσθαι. οὐ μὴν {ἀλλὰ} καὶ
ἐπὶ τούτῳ κατηγορήθη, ἀλλ´ ὡς τὴν Λιουίλλαν μεμοιχευκώς· πολλοὶ
γὰρ δὴ καὶ ἄλλοι δι´ αὐτήν, οἱ μὲν ἐπ´ ἀληθείας οἱ δὲ ἐκ
συκοφαντίας, ἐκολάσθησαν.
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Traduction française :
[58,24] Ensuite, la vingtième année de son règne étant
arrivée, bien qu'il séjournât dans sa terre d'Albe et à
Tusculum, il n'entra pas dans Rome, ce qui n'empêcha
pas les consuls L. Vitellius et Fabius Persicus de célébrer
la fête de seconde dixième année de son autorité (c'était
le nom qu'ils lui donnaient, au lieu de celui de vingtième
année), comme si le pouvoir lui était donné de nouveau,
à l'imitation de ce qui se pratiquait pour Auguste. Ils
célébrèrent donc la fête, et, en même temps, ils furent
punis; car, alors, aucun accusé n'était absous, tous étaient
condamnés, le plus grand nombre en vertu des messages
de Tibère et de questions auxquelles Macron présidait, le
reste en vertu des desseins qu'on leur supposait. Aussi
était-ce un bruit répandu que, si Tibère n'entrait pas dans
Rome, c'était uniquement pour ne pas avoir à rougir des
condamnations prononcées en sa présence. Les uns étaient
tués par les bourreaux, les autres se tuaient eux-mêmes,
comme Pomponius Labéon. Après avoir été, au sortir de sa
préture, huit ans gouverneur de Mysie, Labéon, accusé,
ainsi que sa femme, de s'être laissé corrompre, se donna
volontairement la mort avec elle. Mamercus Aemilius
Scaurus, qui n'avait gouverné aucune province, et qui
ne s'était pas laissé corrompre, fut condamné pour une
tragédie, et succomba à un malheur plus terrible que
celui qu'il avait retracé. Sa pièce avait pour titre Atrée :
Atrée, imitant Euripide, conseillait à un de ses sujets de
supporter les extravagances de ceux qui ont le pouvoir.
Instruit du sujet de cette tragédie,Tibère prétendit que
le trait était à son adresse, s'imaginant, à cause de ses
meurtres, que c'était lui qui était Atrée; puis, ajoutant :
"Moi, je ferai de lui un Ajax", il le réduisit à
la nécessité de se donner la mort de ses propres mains.
Ce ne fut pas néanmoins de ce délit qu'il fut accusé, ce
fut d'adultère avec Livilla; car beaucoup, sous le même
prétexte, furent livrés au supplice, les uns pour crime
réel, les autres pour crime supposé.
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