Texte grec :
[57,23] πολλὰ δ´ ἂν καὶ ἄλλα τοιουτότροπα γράφειν ἔχοιμι, εἰ πάντα
ἐπεξίοιμι. τοῦτό τε οὖν ἐν κεφαλαίῳ εἰρήσθω, ὅτι συχνοὶ διὰ τὰ τοιαῦτα
ὑπ´ αὐτοῦ ἀπώλοντο, καὶ ἐκεῖνο, ὅτι ζητῶν καθ´ ἓν ἕκαστον ἀκριβῶς ὅσα
τινὲς ᾐτιάζοντο φλαύρως περὶ αὐτοῦ εἰρηκέναι,
αὐτὸς ἑαυτὸν πάντα τὰ ἐξ ἀνθρώπων κακὰ ἔλεγε.
καὶ γὰρ εἰ ἐν ἀπορρήτῳ τις καὶ πρὸς ἕνα διελέχθη τι, καὶ τοῦτο ἐδημοσίευεν
ὥστε καὶ ἐς τὰ κοινὰ ὑπομνήματα ἐσγράφεσθαι. καὶ πολλάκις
ἃ μηδ´ εἶπέ τις, ὡς εἰρημένα, ἐξ ὧν ἑαυτῷ συνῄδει προσκατεψεύδετο,
ὅπως ὡς δικαιότατα ὀργίζεσθαι νομισθείη. κἀκ τούτου συνέβαινεν αὐτῷ
πάντα τε ἐκεῖνα, ἐφ´ οἷς τοὺς ἄλλους ὡς ἀσεβοῦντας ἐκόλαζεν, αὐτὸν
ἐς ἑαυτὸν πλημμελεῖν, καὶ προσέτι καὶ χλευασμὸν ὀφλισκάνειν· ἃ γὰρ
ἀπηρνοῦντό τινες μὴ λελαληκέναι, ταῦτα αὐτὸς διισχυριζόμενος εἰρῆσθαι
καὶ κατομνύων ἀληθέστερον ἑαυτὸν ἠδίκει. ἀφ´ οὗ δὴ καὶ ἐξεστηκέναι
τινὲς αὐτὸν τῶν φρενῶν ὑπώπτευσαν. οὐ μέντοι καὶ ὄντως παραφρονεῖν
ἐκ τούτου ἐπιστεύετο· τὰ γὰρ ἄλλα καὶ πάνυ πάντα δεόντως διῴκει.
τοῦτο μὲν γὰρ βουλευτῇ τινι ἀσελγῶς ζῶντι ἐπίτροπον ὥσπερ τινὶ ὀρφανῷ
προσέταξε· τοῦτο δὲ τὸν Καπίτωνα τὸν τὴν Ἀσίαν ἐπιτροπεύσαντα
ἐς τὸ συνέδριον ἐσήγαγε, καὶ ἐγκαλέσας αὐτῷ ὅτι καὶ στρατιώταις
ἐχρήσατο καὶ ἄλλα τινὰ ὡς καὶ ἀρχὴν ἔχων ἔπραξεν, ἐφυγάδευσεν.
οὐ γὰρ ἐξῆν τότε τοῖς τὰ αὐτοκρατορικὰ χρήματα διοικοῦσι πλέον οὐδὲν
ποιεῖν ἢ τὰς νενομισμένας προσόδους ἐκλέγειν καὶ περὶ τῶν διαφορῶν ἔν
τε τῇ ἀγορᾷ καὶ κατὰ τοὺς νόμους ἐξ ἴσου τοῖς ἰδιώταις δικάζεσθαι.
τοσοῦτον μὲν δὴ τὸ διαλλάττον ἐν ταῖς Τιβερίου πράξεσιν ἦν,
|
|
Traduction française :
[57,23] J'aurais bien des faits de cette sorte à rapporter,
si je devais les citer tous. Qu'il me suffise de dire en
somme qu'un grand nombre de citoyens furent mis à
mort pour de semblables raisons, et que, de la part de
Tibère, rechercher avec soin, un à un, les propos outrageants
qu'on accusait certaines personnes d'avoir tenus
sur son compte, c'était lui-même se déclarer convaincu
de tous les vices dont les hommes peuvent être atteints
En effet, ce qui était dit en secret et à une seule personne,
il le divulguait; en sorte qu'on le mettait dans
les Actes publics. Bien des propos que personne n'avait
tenus, il les supposait d'après sa conscience, pour qu'on
s'imaginât qu'il avait justement sujet d'être irrité. Aussi
lui arrivait-il que, tous les crimes pour lesquels il punissait
les autres comme coupables de lèse-majesté, se
retournaient contre lui-même, et que, de plus, il s'exposait
aux railleries ; car, en assurant et en confirmant
par serment qu'on avait dit des paroles que les accusés
se défendaient d'avoir prononcées, c'était à lui-même
qu'il causait plus véritablement tort. Cette conduite
donna lieu à quelques-uns de soupçonner qu'il avait
perdu l'esprit. Mais il n'y avait aucune raison de croire
qu'il fût véritablement insensé ; car, dans toutes les
autres parties de son administration, il montrait la plus
grande sagesse. Tantôt, c'est un sénateur vivant dans la
débauche à qui il nomme un curateur, comme si c'était
un orplielin; tantôt, c'est Capiton, procurateur d'Asie,
qui est traduit devant le sénat, et qui, accusé d'avoir
employé les soldats et d'avoir agi dans d'autres circonstances
comme s'il eût été le gouverneur de la province,
est condamné à l'exil. Car il n'était pas permis, en ce
temps-là, à ceux qui maniaient l'argent de l'empereur,
d'outre-passer leurs attributions ; ils devaient percevoir
les revenus établis, et, quant à leurs différends, les faire
décider sur la place publique, devant les juges et d'après
les lois, comme ceux des simples particuliers. On voit
combien il y avait d'inégalité dans les actions de 'l'ibère.
|
|