Texte grec :
[57,13] ὁ δὲ δὴ Τιβέριος αὐτὸς μὲν τραχύτερον τοὺς αἰτιαζομένους τι
μετεχειρίζετο, τῷ δὲ δὴ Δρούσῳ τῷ υἱεῖ καὶ ἀσελγεστάτῳ καὶ ὠμοτάτῳ,
ὥστε καὶ τὰ ὀξύτατα τῶν ξιφῶν Δρουσιανὰ ἀπ´ αὐτοῦ κληθῆναι, ὄντι
καὶ ἤχθετο καὶ ἐπετίμα καὶ ἰδίᾳ καὶ δημοσίᾳ πολλάκις. καί ποτε αὐτῷ
καὶ ἄντικρυς πολλῶν παρόντων εἶπεν ὅτι "ζῶντος μέν μου οὐδὲν οὔτε
βίαιον οὔθ´ ὑβριστικὸν πράξεις· ἂν δέ τι καὶ τολμήσῃς, οὐδὲ τελευτήσαντος."
σωφρονέστατα γὰρ χρόνον τινὰ διεγένετο, καὶ οὐδὲ τῶν
ἄλλων οὐδενὶ ἀσελγαίνειν ἐφίει, ἀλλὰ καὶ συχνοὺς ἐπὶ τούτῳ ἐκόλαζε,
καίτοι τῶν βουλευτῶν ποτε ἐπιτίμιόν τι κατὰ τῶν ἀσώτως
ζώντων νομοθετηθῆναι ἐθελησάντων μήτε τι τάξας, καὶ προσεπειπὼν
ὅτι ἄμεινόν ἐστιν ἰδίᾳ τρόπον τινὰ αὐτοὺς σωφρονίζειν ἢ κοινήν
σφισι τιμωρίαν ἐπιθεῖναι. νῦν μὲν γὰρ ἂν τῷ φόβῳ τῆς αἰσχύνης
καὶ μετριάσαι τινὰ αὐτῶν, ὥστε καὶ λαθεῖν ἐπιχειρῆσαι· ἂν δ´
ἅπαξ ὁ νόμος ὑπὸ τῆς φύσεως ἐκνικηθῇ, μηδένα αὐτοῦ προτιμήσειν.
καὶ ἐπειδή γε πολλῇ ἐσθῆτι ἁλουργεῖ καὶ ἄνδρες συχνοὶ καίπερ
ἀπαγορευθὲν πρότερον ἐχρῶντο, διεμέμψατο μὲν οὐδένα οὐδὲ
ἐζημίωσεν οὐδένα, ὑετοῦ δὲ ἐν πανηγύρει τινὶ γενομένου φαιὰν μανδύην
ἐπενέδυ· κἀκ τούτου οὐκέτ´ οὐδεὶς αὐτῶν ἀλλοῖον ἔσθημα
λαβεῖν ἐτόλμησε.
ταῦθ´ οὕτω πάντα μέχρι γε καὶ ὁ Γερμανικὸς ἔζη ἐποίει· μετὰ
γὰρ τοῦτο συχνὰ αὐτῶν μετέβαλεν, εἴτ´ οὖν φρονῶν μὲν οὕτως ἀπὸ
πρώτης ὡς ὕστερον διέδειξε, πλασάμενος δὲ ἐφ´ ὅσον ἐκεῖνος ἐβίω,
ἐπειδήπερ ἐφεδρεύοντα αὐτὸν τῇ ἡγεμονίᾳ ἑώρα, εἴτε καὶ πεφυκὼς
μὲν εὖ, ἐξοκείλας δ´ ὅτε τοῦ ἀνταγωνιστοῦ ἐστερήθη.
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Traduction française :
[57,13] Du reste, si Tibère se montrait sévère à l'égard
ceux qui étaient accusés de quelque crime, il souffrait
aussi de voir son fils Drusus si fort adonné à la débauche
et à la cruauté qu'on appelait, de son nom, des Drusus
les épées les plus pointues, et plusieurs fois il lui adressa
des réprimandes et en particulier et en public. Un jour
même, en présence de nombreux témoins, il lui dit :
«Garde-toi, tant que je vis, de commettre aucune violence,
ni aucun excès ; si tu l'osais, tu n'en commettrais
même pas après ma mort. » Pendant un certain temps,
en effet, Tibère garda une grande modération, sans souffrir
aucun déréglement ; fil punit même, pour ces désordres,
un grand nombre de citoyens, bien que, le sénat
ayant un jour voulu porter une loi contre ceux qui menaient
mauvaise vie, il n'eût rien statué, et se fût contenté
de dire « qu'il valait mieux les corriger de quelque
façon en leur particulier, que de leur imposer un châtiment
public. Maintenant, ajoutait-il, quelques-uns
d'entre eux pouvaient se modérer par crainte de la honte,
au point de chercher à se cacher; mais, si une fois la nature
l'emportait sur la loi, personne n'en aurait plus
souci. » Beaucoup, et même des hommes, malgré les défenses
précédentes, portaient des vêtements de pourpre :
il ne blâma et ne punit personne; mais la pluie étant
venue à tomber pendant des jeux, il se couvrit d'un
manteau de couleur sombre, et, depuis ce temps, nul
n'osa prendre un vêtement autre que celui de son rang.
Telle était sa conduite en tout, tant que vécut Germanicus;
car, après ce malheur, il s'opéra en lui de nombreux
changements, soit que son caractère fût tel dès le
principe, comme il le fit voir plus tard, soit qu'il l'eût
dissimulé pendant la vie de Germanicus, en qui il voyait
une menace contre sa puissance absolue; soit encore
qu'il ait eu un bon naturel et qu'il soit sorti de son
chemin, une fois débarrassé d'un rival.
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