Texte grec :
[56,4] ταῦτ´ εἰπών, καὶ τὰ μὲν παραχρῆμα δούς τισιν αὐτῶν τὰ δ´
ὑποσχόμενος, μετῆλθέ τε πρὸς τοὺς ἑτέρους καὶ ἔλεξε καὶ ἐκείνοις τάδε·
"θαυμαστὸν μέν τι πέπονθα, ὦ τί ἂν ὀνομάσαιμι ὑμᾶς; ἄνδρας;
ἀλλ´ οὐδὲν ἀνδρῶν ἔργον παρέχεσθε. πολίτας; ἀλλ´ ὅσον
ἐφ´ ὑμῖν, ἡ πόλις ἀπόλλυται. Ῥωμαίους; ἀλλ´ ἐπιχειρεῖτε τὸ ὄνομα
τοῦτο καταλῦσαι. οὐ μὴν ἀλλ´ ἔγωγε, οἵτινές ποτέ ἐστε καὶ ὁτιδήποτε
χαίρετε ὀνομαζόμενοι, παράδοξον μέν τι πάθος πέπονθα.
ὑπὲρ γὰρ τῆς πολυανθρωπίας ὑμῶν ἀεί τε πάντα ποιῶν καὶ νῦν
ἐπιτιμήσειν ὑμῖν μέλλων, ἀηδῶς ὑμᾶς ὁρῶ πολλοὺς ὄντας, καὶ
μᾶλλον ἂν ἠβουλόμην τοσούτους μὲν τοὺς ἑτέρους ἐκείνους, οἷς προδιείλεγμαι,
εἶναι, {ἢ} ὅσοι ὑμεῖς ὁρᾶσθε, ὑμᾶς δὲ δὴ μάλιστα μὲν σὺν
ἐκείνοις τετάχθαι, εἰ δὲ μή, μηδὲ εἶναι· οἵτινες οὔτε τῆς τῶν θεῶν
προνοίας οὔτε τῆς τῶν προπατόρων ἐπιμελείας ἐνθυμηθέντες ἐπιθυμεῖτε
πᾶν μὲν τὸ γένος ἡμῶν ἀφανίσαι καὶ θνητὸν ὄντως ποιῆσαι,
πᾶν δὲ τὸ Ῥωμαίων ἔθνος φθεῖραι καὶ παῦσαι. τί μὲν γὰρ
ἂν ὑπολειφθείη σπέρμα ἀνθρώπινον, ἂν τὰ αὐτὰ ὑμῖν καὶ οἱ ἄλλοι
πάντες πράξωσιν; ὧν ἀρχηγοὶ γεγονότες εὐλόγως ἂν τὴν αἰτίαν τῆς
πανωλεθρίας ἔχοιτε. πῶς δ´ οὐ, κἂν μηδένες ἄλλοι ζηλώσωσιν
ὑμᾶς, εἰκότως ἂν καὶ δι´ αὐτὸ τοῦτο μισοῖσθε, ὅτι παρορᾶτέ τε ἃ
μηδεὶς ἂν ἄλλος παρίδοι καὶ ἀμελεῖτε ὧν οὐδεὶς ἂν ἄλλος ἀμελήσειε,
καὶ νόμους καὶ ἐπιτηδεύματα τοιαῦτα ἐσφέρετε ἃ ζηλώσαντες
μὲν πάντες ἂν ἀπόλοιντο, μισήσαντες δ´ ὑμᾶς ἂν δικαιώσειαν. οὐδὲ
γὰρ οὐδὲ τῶν φονέων φειδόμεθα ὅτι μὴ πάντες φονεύουσιν, οὐδὲ
τοὺς ἱεροσύλους ἀφίεμεν ὅτι μὴ πάντες ἱεροσυλοῦσιν, ἀλλ´ ὅστις
ἂν τῶν ἀπειρημένων τι πράττων ἁλῷ, καὶ ὑπὲρ αὐτοῦ τούτου κολάζεται,
ὅτι μόνος ἢ καὶ μετ´ ὀλίγων ποιεῖ τι τοιοῦτον ὃ μηδεὶς ἕτερος.
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Traduction française :
[56,4] Après avoir, à la suite de ce discours, immédiatement
soit distribué, soit promis des récompenses, il se
dirigea vers le second groupe, auquel il tint ce langage :
« J'éprouve un embarras étrange vis-à-vis de vous,
que je ne sais de quel nom appeler. Hommes ? Vous
ne faites aucune oeuvre d'hommes. Citoyens ? Autant
qu'il est en vous, vous laissez périr la cité. Romains
Vous vous efforcez d'en abolir le nom. Mais, qui que
vous soyez, quel que soit le nom dont il vous plaise d'être
appelés, je n'en éprouve pas moins un sentiment
extraordinaire. Malgré tout ce que je fais sans cesse pour
augmenter la population, malgré la punition que je suis
sur le point de vous infliger, je vois avec peine que vous
êtes beaucoup; j'aimerais mieux que le nombre de ces
autres citoyens, à qui je viens de parler, fût égal au
vôtre, plutôt que d'être ce que vous le voyez ; que vous
fussiez dans leurs rangs ou que vous ne fussiez pas, vous
qui, sans songer à la providence des dieux, ni aux soins
pris par nos ancêtres, désirez faire disparaître notre
race, la rendre véritablement mortelle, perdre et anéantir
le peuple romain tout entier. Quel moyen de propagation
resterait-il à l'humanité, si les autres faisaient
comme vous ? Vous qui, les premiers, avez donné cet
exemple, on aurait raison de vous accuser de la catastrophe
qui l'aurait détruite. Comment donc, dût personne
ne vous imiter, n'encourriez-vous pas une juste
haine, rien que pour mépriser ce qu'aucun autre homme
ne mépriserait, rien que pour négliger ce qu'aucun autre
homme ne négligerait ? Vous introduisez des lois et des
moeurs telles, qu'on ne peut les suivre sans se perdre,
les haïr sans vous condamner. Nous n'épargnons pas les
meurtriers, parce que tout le monde ne commet pas de
meurtres; nous ne relâchons pas les sacriléges, parce
que tout le monde ne commet pas de sacriléges : quiconque
est surpris faisant une action défendue, en est
puni, parce que, seul ou avec un petit nombre de complices,
il fait des choses que ne fait aucun autre citoyen.
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