Texte grec :
[56,40] καὶ μάλα εἰκότως· τίς μὲν γὰρ οὐκ ἂν ἕλοιτο ἀπραγμόνως σώζεσθαι
καὶ ἀκινδύνως εὐδαιμονεῖν, καὶ τῶν μὲν ἀγαθῶν τῶν τῆς πολιτείας ἀφθόνως
ἀπολαύειν, ταῖς δὲ δὴ φροντίσι ταῖς ὑπὲρ αὐτῆς μὴ συνεῖναι; τίς δ´
ἂν ἄμεινον τοῦ Αὐγούστου τῆς ἰδίας οἰκίας μόνης, μήτι γε καὶ
ἄλλων ἀνθρώπων τοσούτων, ἦρξεν; ὅστις τὰ μὲν ἐπίπονα καὶ ἐμπολέμια
ἔθνη αὐτὸς καὶ φρουρήσειν καὶ σώσειν ὑπεδέξατο, τὰ δ´
ἄλλα τὰ εἰρηναῖα καὶ ἀκίνδυνα ὑμῖν ἀπέδωκεν, στρατιώτας τε τοσούτους
ἀθανάτους πρὸς τὸ προπολεμεῖν ὑμῶν τρέφων οὐδενὶ τῶν
σφετέρων λυπηροὺς αὐτοὺς ἐποίησεν, ἀλλ´ ἐπὶ μὲν τὸ ὀθνεῖον φύλακας
φοβερωτάτους, πρὸς δὲ τὸ οἰκεῖον ἀόπλους ἀπολέμους εἶναι
παρεσκεύασε. καὶ μέντοι καὶ τῶν βουλευτῶν οὔτε ἐν ταῖς ἡγεμονίαις
τὴν τοῦ κλήρου τύχην ἀφείλετο, ἀλλὰ καὶ τὰ ἆθλά σφισι τῆς ἀρετῆς
προσπαρέσχεν, οὔτε ἐν ταῖς διαγνώμαις τὴν ἐξουσίαν τῆς διαψηφίσεως
κατέλυσεν, ἀλλὰ καὶ τὴν ἀσφάλειαν τῆς παρρησίας προσέθηκεν.
ἔκ τε τοῦ δήμου τὸ δύσκριτον ἐν ταῖς διαγνώσεσιν ἐς τὴν τῶν
δικαστηρίων ἀκρίβειαν μεταστήσας, τό τε ἀξίωμα τῶν ἀρχαιρεσιῶν
αὐτῷ ἐτήρησε, κἀν ταύταις τὸ φιλότιμον ἀντὶ τοῦ φιλονείκου σφᾶς
ἐξεπαίδευσε, κἀκ τῶν σπουδαρχιῶν αὐτῶν τὸ πλεονεκτικὸν ἐκκόψας
τὸ εὔδοξον αὐτοῖς ἀντέδωκε. τά τε ἑαυτοῦ χρήματα σωφρόνως
ἐπαύξων ἐς τὴν δημοσίαν χρείαν ἀνήλισκεν, καὶ τῶν κοινῶν ὡς ἰδίων
κηδόμενος ὡς ἀλλοτρίων ἀπείχετο. καὶ πάντα μὲν τὰ ἔργα τὰ πεπονηκότα
ἐπισκευάσας οὐδενὸς τῶν ποιησάντων αὐτὰ τὴν δόξαν
ἀπεστέρησε· πολλὰ δὲ καὶ ἐκ καινῆς, τὰ μὲν ἐπὶ τῷ ἑαυτοῦ ὀνόματι
τὰ δὲ καὶ ἐφ´ ἑτέρων, τὰ μὲν αὐτὸς κατεσκεύασε τὰ δὲ ἐκείνοις
οἰκοδομῆσαι ἐπέτρεψε, τὸ τῷ κοινῷ χρήσιμον διὰ πάντων ἰδών,
ἀλλ´ οὐ τῆς ἐπ´ αὐτοῖς εὐκλείας ἰδίᾳ τισὶ φθονήσας. τοῖς τε τῶν
οἰκειοτάτων ὑβρίσμασιν ἀπαραιτήτως ἐπεξιὼν τὰ τῶν ἄλλων ἁμαρτήματα
ἀνθρωπίνως μετεχειρίζετο καὶ τοὺς μὲν ἀρετήν τινα ἔχοντας
ἀφθόνως εἴα οἱ παρισοῦσθαι, τοὺς δ´ ἄλλως πως βιοῦντας οὐκ
ἤλεγχεν. ἀλλὰ καὶ τῶν ἐπιβουλευσάντων αὐτῷ μόνους τοὺς μηδ´
ἂν ἑαυτοῖς λυσιτελούντως ζήσαντας ἐδικαίωσε, τοὺς δὲ δὴ λοιποὺς
οὕτω διέθηκεν ὥστε παμπληθῆ χρόνον μηδένα μήτ´ οὖν ἀληθῆ
μήτε ψευδῆ αἰτίαν ἐπιθέσεως λαβεῖν. θαυμαστὸν μὲν γὰρ οὐδὲν
εἰ καὶ ἐπεβουλεύθη ποτέ· οὐδὲ γὰρ οὐδ´ οἱ θεοὶ πᾶσιν ὁμοίως
ἀρέσκουσιν· ἡ δὲ δὴ τῶν καλῶς ἀρχόντων ἀρετὴ οὐκ ἐξ ὧν ἂν
ἕτεροι κακουργήσωσιν, ἀλλ´ ἐξ ὧν ἂν αὐτοὶ εὖ ποιήσωσι φαίνεται.
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Traduction française :
[56,40] C'était avec raison. Car qui ne préférerait être
sain et sauf sans embarras, être heureux sans danger,
jouir sans réserve des avantages d'un gouvernement dont
il n'a pas les soucis ? Qui a mieux qu'Auguste gouverné,
je ne dis pas seulement sa maison privée, mais aussi les
autres citoyens malgré leur nombre? qu'Auguste, qui s'est
chargé de garder et de sauver les provinces difficiles et
où régnait la guerre, qui vous a rendu les provinces pacifiées
et à l'abri du danger? qu'Auguste, qui, bien qu'il
entretînt perpétuellement des soldats en si grand nombre
pour votre défense, n'a causé de peine à personne d'entre
vous, et, au contraire, en a fait des gardiens redoutables
contre l'étranger, désarmés et inoffensifs envers les
leurs? Il n'a ravi, non plus, dans les commandements, les
chances du sort à aucun sénateur ; loin de là, il leur a
accordé des récompenses pour leur vertu; dans les délibérations,
loin de supprimer le droit d'exprimer son
opinion, il a rendu sans danger la liberté de la parole.
En enlevant au peuple, pour la soumettre à des tribunaux
scrupuleux, la connaissance des causes difficiles, il
lui a conservé la majesté des comices et lui a enseigné à
substituer l'amour de l'honneur à l'amour de la brigue;
en retranchant l'ambition de la recherche des charges,
il a mis à sa place le sentiment du véritable honneur. Il
augmenta sagement ses richesses personnelles, qu'il dépensa
pour l'utilité générale; veillant sur les deniers publics
comme sur les siens propres, il s'en abstint comme
de choses qui ne lui appartenaient pas. Il répara les
édifices qui tombaient en ruines, sans dépouiller de sa
gloire aucun de ceux qui les avaient construits; il en
bâtit aussi plusieurs nouveaux, tant sous son nom que
sous celui d'autres citoyens, les uns par lui-même, les
autres par ceux qu'il chargea d'en construire ; consultant
partout l'intérêt public, mais n'enviant à qui que
ce fût l'honneur qui lui revenait en propre dans ces
travaux, Sévissant impitoyablement contre les débordements
de ceux de sa maison, il faisait la part de l'humanité
dans le traitement des fautes d'autrui. Il laissait
sans jalousie s'égaler à lui les gens de mérite, et n'adressait
aucun reproche à ceux qui vivaient autrement. Des
gens qui ont conspiré contre lui, il n'a puni que ceux
qui n'eussent rien gagné à vivre ; quant aux autres, il
leur a inspiré des sentiments tels que, pendant fort
longtemps, personne ne fut ni convaincu ni accusé de
conspiration. Il n'y a, en effet, rien d'étonnant qu'on
ait quelquefois tramé des complots contre lui (les dieux
mêmes ne plaisent pas également à tous) ; tandis que
la vertu de ceux qui commandent avec justice se montre,
non dans le mal que d'autres veulent leur faire, mais
bien dans les bonnes oeuvres qu'ils accomplissent.
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