Texte grec :
[56,37] αὕτη μὲν δὴ καὶ Αὐγούστῳ τοῦ πολιτικοῦ βίου ἀρχὴ καὶ ἐμοὶ
τοῦ περὶ αὐτοῦ λόγου γέγονε· μετὰ δὲ δὴ τοῦτο ὁρῶν τὸ μὲν πλεῖστον
καὶ κράτιστον καὶ τοῦ δήμου καὶ τῆς βουλῆς ἑαυτῷ συμφρονοῦν,
στασιωτείαις δέ τισι τόν τε Λέπιδον καὶ τὸν Ἀντώνιον τόν τε
Σέξτον καὶ τὸν Βροῦτον τόν τε Κάσσιον χρωμένους, καὶ {μὴ} φοβηθεὶς
μὴ πολλοῖς ἅμα πολέμοις, καὶ τούτοις ἐμφυλίοις, ἡ πόλις συνενεχθεῖσα
καὶ διασπασθῇ καὶ ἐκτρυχωθῇ ὥστε μηδένα ἔτι τρόπον
ἀνενεγκεῖν δυνηθῆναι, φρονιμώτατα καὶ δημωφελέστατα αὐτοὺς
διέθηκεν· τούς τε γὰρ ἰσχύοντας καὶ αὐτῷ τῷ ἄστει ἐπικειμένους
προσλαβὼν κατεπολέμησε μετ´ αὐτῶν τοὺς ἑτέρους, καὶ τούτων
ὑπεξαιρεθέντων αὖθις αὖ καὶ ἀπ´ ἐκείνων ἠλευθέρωσεν ἡμᾶς, ἑλόμενος
μὲν ὀλίγους τινὰς καὶ ἄκων σφίσι προέσθαι ὥστε τοὺς πλείους
διασῶσαι, ἑλόμενος δὲ καθ´ ἑκάστους αὐτοῖς ἐπιτηδείως πως προσενεχθῆναι
ὥστε μὴ πᾶσιν ἅμα πολεμῆσαι. ἐξ ὧν ἐκεῖνος μὲν οὐδὲν
ἰδίᾳ ἐκέρδανεν, ἡμᾶς δὲ δὴ πάντας περιφανῶς ὠφέλησε. καὶ τὰ
μὲν κατὰ τοὺς πολέμους τούς τε ἐμφυλίους καὶ τοὺς ὀθνείους ἔργα
αὐτοῦ τί ἄν τις μακρηγοροίη, ἄλλως τε καὶ διότι τὰ μὲν ὤφελε
μηδ´ ἀρχὴν γεγονέναι, τὰ δὲ ἐκ τῶν ἐπικτηθέντων πολὺ ἐναργεστέραν
τὴν ὠφελίαν παντὸς λόγου παρέχεται. καὶ προσέτι καὶ τῆς
τύχης τὸ πλεῖστον ὄντα, καὶ μετὰ πολλῶν μὲν πολιτῶν πολλῶν δὲ
καὶ συμμάχων κατορθωθέντα, καὶ κοινὴν πρὸς ἐκείνους τὴν αἰτίαν
αὐτῷ ἔχει, καὶ τάχα ἂν καὶ ἑτέρων τινῶν πράξεσι παραβληθείη.
ταῦτα μὲν οὖν παραλείψω· καὶ γάρ που πολλαχῇ αὐτὰ καὶ γεγραμμένα
καὶ τετυπωμένα καὶ ὁρᾶν καὶ ἀναγιγνώσκειν δύνασθε·
ἃ δὲ δὴ μάλιστα αὐτοῦ τε τοῦ Αὐγούστου ἔργα ἐστί, καὶ μήτ´
ἄλλῳ τινὶ ἀνθρώπων πέπρακται, καὶ τὴν πόλιν ἡμῶν οὐ μόνον ἐκ
πολλῶν καὶ παντοδαπῶν κινδύνων περιπεποίηκεν ἀλλὰ καὶ εὐπορωτέραν
καὶ δυνατωτέραν ἐξείργασται, ταῦτ´ ἐρῶ μόνα· ἐκείνῳ τε
γὰρ εὔκλειαν ἐξαίρετον λεχθέντα οἴσει, καὶ ὑμῶν τοῖς μὲν πρεσβυτέροις
ἡδονὴν ἄμεμπτον ποιήσει, τοῖς δὲ νεωτέροις διδασκαλίαν
ἀκριβῆ τοῦ τε τρόπου καὶ τῆς καταστάσεως τῆς πολιτείας παρέξει.
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Traduction française :
[56,37] « Tel est le début d'Auguste dans la carrière politique,
tel est aussi le début de mon discours à son sujet.
Plus tard, voyant ses sentiments partagés par la portion
la plus nombreuse et la plus estimable du peuple et du
sénat, au lieu que Lépidus, Antoine, Sextus, Brutus,
Cassius, n'avaient pour appui que quelques séditieux, et
craignant qu'en proie à plusieurs guerres civiles à la
fois, la république ne fût déchirée et épuisée au point
de ne plus pouvoir se relever, il prit les mesures les
prudentes et les plus favorables au peuple. Se mettant
à la tête des citoyens puissants qui opprimaient Rome
elle-même, il combattit avec leur aide les rebelles, et,
après les avoir écrasés, il nous délivra des autres à leur
tour, en se décidant, bien que malgré lui, à leur concéder
quelques victimes, afin d'assurer le salut du plus
grand nombre ; en se décidant à tenir une conduite propre
à le mettre séparément aux prises avec les divers
partis, afin de ne pas avoir à les combattre tous à la fois.
De tout cela, il n'a recueilli aucun avantage particulier,
mais il nous a rendu à tous un service éclatant. Pourquoi
s'arrêter à ses actions dans les guerres civiles et dans
les guerres étrangères, surtout quand les unes n'auraient
jamais dû exister, et quand les autres, par les conquêtes
qui en ont été le résultat, démontrent, bien mieux que
tous les discours, les services qu'il nous a rendus ? La
plupart, en outre, étant l'ouvrage de la fortune et ayant
exigé, pour réussir, le concours d'un grand nombre de
personnes, citoyens et alliés, le mérite en est partagé avec
elles, et il y aurait peut-être d'autres actions à mettre
en parallèle. Je les passerai donc sous silence; d'ailleurs
vous pouvez les lire et les voir écrites et gravées
en mille endroits; mais les principales actions qui sont
proprement l'ouvre d'Auguste, celles qu'aucun autre
homme n'a jamais accomplies, celles par lesquelles, non
content d'avoir sauvé Rome de périls aussi nombreux
que divers, il l'a rendue plus opulente et plus puissante,
voilà les seules que je dirai. Mes paroles, de cette
façon, lui procureront une gloire particulière; tandis
que les plus âgés d'entre vous y trouveront une joie
irréprochable, et les plus jeunes un enseignement exact
de la forme et de la constitution de l'État.
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