Texte grec :
[56,21] αὐτοῦ τε οὖν ἐστρατοπεδεύσαντο, χωρίου τινὸς ἐπιτηδείου, ὥς γε
ἐν ὄρει ὑλώδει ἐνεδέχετο, λαβόμενοι, καὶ μετὰ τοῦτο τάς τε πλείους
ἁμάξας καὶ τἆλλα τὰ μὴ πάνυ σφίσιν ἀναγκαῖα τὰ μὲν κατακαύσαντες
τὰ δὲ καὶ καταλιπόντες, συντεταγμένοι μέν πῃ μᾶλλον τῇ
ὑστεραίᾳ ἐπορεύθησαν, ὥστε καὶ ἐς ψιλόν τι χωρίον προχωρῆσαι,
οὐ μέντοι καὶ ἀναιμωτὶ ἀπήλλαξαν. ἐντεῦθεν δὲ ἄραντες ἔς τε
ὕλας αὖθις ἐσέπεσον, καὶ ἠμύνοντο μὲν πρὸς τοὺς προσπίπτοντάς
σφισιν, οὐκ ἐλάχιστα δὲ δὴ κατ´ αὐτὸ τοῦτο ἔπταιον· συστρεφόμενοι
γὰρ ἐν στενοχωρίᾳ, ὅπως ἀθρόοι ἱππῆς τε ὁμοῦ καὶ ὁπλῖται
ἐπιτρέχωσιν αὐτοῖς, πολλὰ μὲν περὶ ἀλλήλοις πολλὰ δὲ καὶ περὶ
τοῖς δένδροις ἐσφάλλοντο. τετάρτη τε ἡμέρα πορευομένοις σφίσιν
ἐγένετο, καὶ αὐτοῖς ὑετός τε αὖθις λάβρος καὶ ἄνεμος μέγας προσπεσὼν
οὔτε ποι προϊέναι οὔθ´ ἵστασθαι παγίως ἐπέτρεπεν, ἀλλὰ
καὶ τὴν χρῆσίν σφας τῶν ὅπλων ἀφείλετο· οὔτε γὰρ τοῖς τοξεύμασιν
οὔτε τοῖς ἀκοντίοις, ἢ ταῖς γε ἀσπίσιν ἅτε καὶ διαβρόχοις οὔσαις,
καλῶς χρῆσθαι ἐδύναντο. τοῖς γὰρ πολεμίοις, ψιλοῖς τε τὸ πλεῖστον
οὖσι καὶ τὴν ἐξουσίαν καὶ τῆς ἐφόδου καὶ τῆς ἀναχωρήσεως
ἀδεᾶ ἔχουσιν, ἧττόν που ταῦτα συνέβαινε. πρὸς δ´ ἔτι αὐτοί τε
πολὺ πλείους γεγονότες (καὶ γὰρ τῶν ἄλλων τῶν πρότερον περισκοπούντων
συχνοὶ ἄλλως τε καὶ ἐπὶ τῇ λείᾳ συνῆλθον) καὶ ἐκείνους
ἐλάττους ἤδη ὄντας (πολλοὶ γὰρ ἐν ταῖς πρὶν μάχαις ἀπωλώλεσαν)
καὶ ἐκυκλοῦντο ῥᾷον καὶ κατεφόνευον, ὥστε καὶ τὸν Οὐᾶρον καὶ
τοὺς ἄλλους τοὺς λογιμωτάτους, φοβηθέντας μὴ ἤτοι ζωγρηθῶσιν
ἢ καὶ πρὸς τῶν ἐχθίστων ἀποθάνωσι (καὶ γὰρ τετρωμένοι ἦσαν),
ἔργον δεινὸν μὲν ἀναγκαῖον δὲ τολμῆσαι· αὐτοὶ γὰρ ἑαυτοὺς ἀπέκτειναν.
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Traduction française :
[56,21] Là, ayant rencontré un endroit favorable, autant
du moins que le permettait une montagne couverte de
forêts, ils y posèrent leur camp; puis, après avoir,
partie brûlé, partie abandonné la plupart de leurs
chariots et ceux de leurs bagages qui ne leur étaient pas
absolument indispensables, ils se mirent en route, le lendemain,
dans un meilleur ordre, afin d'atteindre un lieu
découvert; cependant ils ne partirent pas sans avoir
versé bien du sang. En effet, après avoir quitté ce campement,
ils tombèrent de nouveau dans des forêts et
eurent à repousser des attaques, ce qui ne fut pas la
moindre cause de leurs malheurs. Réunis dans un lieu
étroit, afin que cavaliers et fantassins à la fois pussent
charger l'ennemi en colonnes serrées, ils eurent beaucoup
à se heurter entre eux et contre les arbres. Le
troisième jour après leur départ, une pluie torrentielle,
mêlée à un grand vent, étant de nouveau survenue, ne
leur permit ni d'avancer, ni de s'arrêter avec sûreté, et
même leur enleva l'usage de leurs armes; ils ne pouvaient,
en effet, se servir ni de leurs arcs, ni de leurs
javelots, ni de leurs boucliers à cause de l'humidité. Ces
accidents étaient moins sensibles pour les ennemis, la
plupart légèrement armés et libres d'avancer ou de
reculer. En outre, les barbares, dont le nombre s'était
considérablement accru (beaucoup de ceux qui auparavant
se contentaient de regarder s'étaient joints â
eux, en vue surtout du butin), entouraient aisément et
massacraient les Romains dont le nombre, au contraire
(ils avaient perdu beaucoup des leurs dans les précé-
dents combats), était déjà bien diminué; en sorte que
Varus et les principaux chefs (ils étaient blessés), craignant
d'être pris vifs ou mis à mort par des ennemis
implacables, osèrent une action, affreuse il est vrai, mais
nécessaire : ils se donnèrent eux-mêmes la mort.
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