Texte grec :
[56,19] οὔτ´ οὖν τὰ στρατεύματα, ὥσπερ εἰκὸς ἦν ἐν πολεμίᾳ,
συνεῖχε, καὶ ἀπ´ αὐτῶν συχνοὺς αἰτοῦσι τοῖς ἀδυνάτοις
ὡς καὶ ἐπὶ φυλακῇ χωρίων τινῶν ἢ καὶ λῃστῶν συλλήψεσι
παραπομπαῖς τέ τισι τῶν ἐπιτηδείων διέδωκεν. ἦσαν δὲ οἱ μάλιστα
συνομόσαντες καὶ ἀρχηγοὶ τῆς τε ἐπιβουλῆς καὶ τοῦ πολέμου γενόμενοι
ἄλλοι τε καὶ Ἀρμήνιος καὶ Σηγίμερος, συνόντες τε αὐτῷ ἀεὶ
καὶ συνεστιώμενοι πολλάκις. θαρσοῦντος οὖν αὐτοῦ, καὶ μήτε τι
δεινὸν προσδεχομένου, καὶ πᾶσι τοῖς τό τε γιγνόμενον ὑποτοποῦσι
καὶ φυλάττεσθαί οἱ παραινοῦσιν οὐχ ὅπως ἀπιστοῦντος ἀλλὰ καὶ
ἐπιτιμῶντος ὡς μάτην αὐτοῖς τε ταραττομένοις καὶ ἐκείνους διαβάλλουσιν,
ἐπανίστανταί τινες πρῶτοι τῶν ἄπωθεν αὐτοῦ οἰκούντων
ἐκ παρασκευῆς, ὅπως ἐπ´ αὐτοὺς ὁ Οὐᾶρος ὁρμήσας εὐαλωτότερός
σφισιν ἐν τῇ πορείᾳ, ὡς καὶ διὰ φιλίας διιών, γένηται, μηδὲ ἐξαίφνης
πάντων ἅμα πολεμωθέντων αὐτῷ φυλακήν τινα ἑαυτοῦ ποιήσηται.
καὶ ἔσχεν οὕτως· προέπεμψάν τε γὰρ αὐτὸν ἐξορμῶντα, καὶ
παρέμενοι ὡς καὶ τὰ συμμαχικὰ παρασκευάσοντες καὶ διὰ ταχέων
οἱ προσβοηθήσοντες τάς τε δυνάμεις ἐν ἑτοίμῳ που οὔσας παρέλαβον,
καὶ ἀποκτείναντες τοὺς παρὰ σφίσιν ἕκαστοι στρατιώτας,
οὓς πρότερον ᾐτήκεσαν, ἐπῆλθον αὐτῷ ἐν ὕλαις ἤδη δυσεκβάτοις
ὄντι. κἀνταῦθα ἅμα τε ἀνεφάνησαν πολέμιοι ἀνθ´ ὑπηκόων ὄντες,
καὶ πολλὰ καὶ δεινὰ εἰργάσαντο.
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Traduction française :
[56,19] Varus donc, au lieu d'avoir ses légions réunies,
comme cela se doit faire en pays ennemi, les dispersa
en nombreux détachements, sur la demande des habitants
les plus faibles, sous prétexte de garder certaines
places, de s'emparer de brigands ou de veiller à l'arrivée
des convois de vivres. Les principaux conjurés, les
chefs du complot et de la guerre, furent, entre autres,
Arminius et Sigimère, qui avaient avec Varus des rapports
continuels et souvent partageaient sa table. Cependant,
tandis que Varus est plein de confiance, et que,
loin de s'attendre à aucun malheur, il refuse d'ajouter
foi à aucun de ceux qui soupçonnent ce qui se passe et
l'avertissent de se tenir sur ses gardes, que même il les
repousse comme des gens qui s'alarment sans sujet et
calomnient les Germains, quelques-unes des peuplades
lointaines se soulèvent à dessein les premières, afin qu'en
se dirigeant contre elles, il soit plus aisé à surprendre
dans sa marche à travers un pays qu'il croit ami, et que,
la guerre n'éclatant pas sur tous les points à la fois, il ne
se tienne pas sur ses gardes. C'est ce qui arriva. Ils
l'accompagnèrent à son départ et ne le suivirent pas dans sa
marche, sous prétexte de lui procurer des auxiliaires et
d'aller promptement à son secours. Ils se réunirent aux
troupes qu'ils avaient disposées dans un lieu favorable,
et, massacrant chacun les soldats qu'ils avaient eux-mêmes
auparavant appelés chez eux, ils rejoignirent
Varus déjà engagé dans des forêts inextricables. Là, ils
se déclarèrent tout à coup ennemis au lieu de sujets,
et se livrèrent à un grand nombre d'actes affreux.
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