Texte grec :
[56,6] πικρῶς εὖ οἶδ´ ὅτι καὶ τραχέως δοκῶ ὑμῖν διαλέγεσθαι. ἀλλὰ
πρῶτον μὲν λογίσασθε ὅτι καὶ οἱ ἰατροὶ συχνοὺς καὶ καίοντες καὶ
τέμνοντες, ὅταν μὴ δύνωνται ἄλλως πως ὑγιεῖς γενέσθαι, θεραπεύουσιν,
ἔπειτα δὲ ὅτι οὔτε ἑκὼν οὔθ´ ἡδέως αὐτὰ λέγω, ὥστε ἐγὼ
μὲν καὶ αὐτὸ τοῦθ´ ὑμῖν ἐγκαλῶ ὅτι με ἐς τούτους τοὺς λόγους
προηγάγετε, ὑμεῖς δ´ εἴπερ ἄχθεσθε τοῖς εἰρημένοις, μὴ ποιεῖτε
ταῦτα ἐφ´ οἷς ἀναγκαίως κακῶς ἀκούετε. εἰ γὰρ δὴ δάκνει τινὰς
ὑμῶν τὰ ὑπ´ ἐμοῦ λεγόμενα, πῶς οὐ πολὺ μᾶλλον καὶ ἐμὲ καὶ τοὺς
ἄλλους Ῥωμαίους πάντας τὰ ὑφ´ ὑμῶν ποιούμενα; οὐκοῦν εἴπερ
ὡς ἀληθῶς ἀσχάλλετε, μεταβάλεσθε, ἵνα καὶ ἐπαινέσω ὑμᾶς καὶ
διαμείψωμαι. ὅτι γὰρ οὔτε τῇ φύσει χαλεπός εἰμι, πάντα τε ὅσα
προσῆκον ἦν τὸν ἀγαθὸν νομοθέτην πρᾶξαι ἀνθρωπίνως προκατεστησάμην,
οὐδ´ αὐτοὶ ἀγνοεῖτε. ἦν μὲν γὰρ οὐδὲ πρόσθεν ἐξὸν
ἀμελεῖν τισι παιδοποιίας καὶ γάμων· καὶ γὰρ ἀπ´ ἀρχῆς εὐθὺς ἅμα
τῇ πρώτῃ τῆς πολιτείας καταστάσει ἀκριβῶς περὶ αὐτῶν ἐνομοθετήθη,
καὶ μετὰ τοῦτο πολλὰ καὶ τῇ βουλῇ καὶ τῷ δήμῳ ἔδοξεν, ἃ
περιττὸν ἂν εἴη καταλέγειν· ἐγὼ δὲ ἐπηύξησα μὲν τὰ ἐπιτίμια τοῖς
ἀπειθοῦσιν, ἵνα φόβῳ τοῦ περιπεσεῖν αὐτοῖς σωφρονίζοισθε, ἔθηκα
δὲ καὶ ἆθλα τοῖς πειθαρχοῦσι τοσαῦτα καὶ τηλικαῦτα ἡλίκα καὶ
ὅσα ἐπ´ οὐδεμιᾷ ἄλλῃ ἀνδραγαθίᾳ δίδοται, ἵν´ εἰ καὶ διὰ μηδὲν
ἄλλο, διά γε ταῦτα καὶ γαμεῖν καὶ παιδοποιεῖν ἀναπείθοισθε. ἀλλ´
ὑμεῖς οὔτε ἐκείνων τινὸς ὀριγνηθέντες οὔτε τῶν ἐπιτιμίων τι φοβηθέντες
πάντα τε αὐτὰ κατεφρονήσατε καὶ πάντα αὐτὰ ὡς οὐδὲ
ἐν πόλει τινὶ οἰκοῦντες κατεπατήσατε. καὶ φατὲ μὲν τὸν εὔζωνον
δὴ τοῦτον καὶ ἐλεύθερον βίον τὸν ἄγυνον καὶ ἄτεκνον ἐπανηρῆσθαι,
λῃστῶν δὲ δὴ καὶ θηρίων τῶν ἀγριωτάτων οὐδὲν διαφέρετε.
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Traduction française :
[56,6] «Mes paroles, je le sais, vous semblent dures et
cruelles. Mais réfléchissez, d'abord, que les médecins
ont souvent recours au feu et au fer, quand ils ne peuvent
guérir autrement les malades; en second lieu, que c'est
malgré moi et avec peine que je vous tiens ce langage,
aussi est-ce encore là un reproche que je vous adresse
de m'avoir réduit à cette extrémité ; puisque mes paroles
vous affligent, ne tenez pas une conduite qui vous
mette dans la nécessité d'entendre des choses désagréables.
Si ce que je dis est douloureux pour vous,
combien votre manière d'agir ne l'est-elle pas davantage
et pour moi et pour tous les autres Romains ! Si donc
vous êtes véritablement affligés, changez de sentiments,
pour que je puisse vous donner des éloges et des
récompenses. Je n'ai pas le caractère chagrin ; toutes les
mesures que devait adopter un bon législateur, je les ai
proposées en homme; vous-même, vous ne l'ignorez pas.
Déjà auparavant, il n'était permis à personne de renoncer
à avoir des enfants et à prendre une épouse ; dès le
principe, en effet, et en même temps que s'établissait
la république, ce point a été réglé avec soin par la loi;
plus tard, il y a eu à ce sujet de nombreux décrets et du
sénat et du peuple, décrets qu'il serait superflu d'énumérer
ici. Quant à moi, j'ai augmenté les punitions contre
ceux qui les enfreignent, afin que la crainte de ces peines
vous retînt; j'ai établi en faveur de l'obéissance des prix
tels par la grandeur et le nombre que, pour aucun mérite,
il n'en est donné de pareils, afin qu'à défaut d'autre
motif, ils vous engageassent à vous marier et à donner
le jour à des enfants. Mais vous, sans désir des récompenses
ni crainte des punitions, vous avez méprisé tout
cela, et, comme si vous n'habitiez pas au milieu de citoyens,
vous avez tout foulé aux pieds. Vous avez beau
appeler facile et libre cette vie que vous avez choisie,
cette vie exempte des ennuis causés par une femme et
des enfants, vous ne différez en rien des brigands et
des bêtes les plus féroces.
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