[54,29] Ἀγρίππας μὲν οὖν οὕτω μετήλλαξε, τά τε ἄλλα ἄριστος τῶν
καθ´ ἑαυτὸν ἀνθρώπων διαφανῶς γενόμενος, καὶ τῇ τοῦ Αὐγούστου
φιλίᾳ πρός τε τὸ αὐτῷ ἐκείνῳ καὶ πρὸς τὸ τῷ κοινῷ συμφορώτατον
χρησάμενος. ὅσον τε γὰρ τοὺς ἄλλους ἀρετῇ κατεκράτει,
τοσοῦτον ἐκείνου ἐθελοντὴς ἡττᾶτο, καὶ πᾶσαν αὐτῷ τὴν ἑαυτοῦ
καὶ σοφίαν καὶ ἀνδρείαν ἐς τὰ λυσιτελέστατα παρέχων πᾶσαν τὴν
παρ´ ἐκείνου καὶ τιμὴν καὶ δύναμιν ἐς τὸ τοὺς ἄλλους εὐεργετεῖν
ἀνήλισκεν. ἀφ´ οὗ δὴ καὶ τὰ μάλιστα οὔτ´ αὐτῷ ποτε τῷ Αὐγούστῳ
ἐπαχθὴς οὔτε τοῖς ἄλλοις ἐπίφθονος ἐγένετο, ἀλλ´ ἐκείνῳ
τε τὴν μοναρχίαν ὡς καὶ δυναστείας ὄντως ἐπιθυμητὴς συνέστησε,
καὶ τὸν δῆμον εὐεργεσίαις ὡς καὶ δημοτικώτατος προσεποιήσατο.
καὶ τότε γοῦν κήπους τέ σφισι καὶ τὸ βαλανεῖον τὸ ἐπώνυμον αὐτοῦ
κατέλιπεν, ὥστε προῖκα αὐτοὺς λοῦσθαι, χωρία τινὰ ἐς τοῦτο
τῷ Αὐγούστῳ δούς. καὶ ὃς οὐ μόνον ταῦτ´ ἐδημοσίευσεν, ἀλλὰ
καὶ καθ´ ἑκατὸν δραχμὰς τῷ δήμῳ ὡς καὶ ἐκείνου κελεύσαντος
διένειμε. τῶν τε γὰρ πλείστων αὐτοῦ ἐκληρονόμησεν, ἐν οἷς ἄλλα
τε καὶ ἡ Χερρόνησος ἡ πρὸς τῷ Ἑλλησπόντῳ, οὐκ οἶδ´ ὅπως ἐς
τὸν Ἀγρίππαν ἐλθοῦσα· καὶ πάνυ ἐπὶ πολὺ αὐτὸν ἐπόθησεν, καὶ
διὰ τοῦτο καὶ ἔντιμον παρὰ τῷ δήμῳ ἐποίησε, τόν τε υἱὸν τὸν
τελευτήσαντί οἱ γεννηθέντα Ἀγρίππαν προσηγόρευσεν. οὐ μέντοι
οὔτε τοῖς ἄλλοις ἐκλιπεῖν τι τῶν πατρίων, καίπερ μηδενὸς τῶν πρώτων
ἐς τὰς πανηγύρεις ἀπαντῆσαι ἐθέλοντος, ἐπέτρεψε, καὶ αὐτὸς
τὰς μονομαχίας διετέλεσε· πολλάκις τε καὶ ἀπόντος αὐτοῦ ἐποιοῦντο.
οὕτω γοῦν οὐκ ἴδιον τοῦτο τὸ πάθος τῇ τοῦ Ἀγρίππου οἰκίᾳ ἀλλὰ
καὶ κοινὸν πᾶσι τοῖς Ῥωμαίοις ἐγένετο, ὥστε καὶ σημεῖα ὅσα πρὸ
τῶν μεγίστων συμφορῶν συμβαίνειν σφίσιν εἴωθε, καὶ τότε συνενεχθῆναι.
βύαι τε γὰρ τῇ πόλει διεφοίτησαν, καὶ κεραυνὸς ἐς
τὴν ἐν τῷ Ἀλβανῷ οἰκίαν, ἐς ἣν οἱ ὕπατοι ἐν ταῖς ἱερουργίαις καταλύουσιν,
ἐνέσκηψε. τό τε ἄστρον ὁ κομήτης ὠνομασμένος ἐπὶ
πολλὰς ἡμέρας ὑπὲρ αὐτοῦ τοῦ ἄστεως αἰωρηθεὶς ἐς λαμπάδας
διελύθη. καὶ πυρὶ ἄλλα τε τῆς πόλεως συχνὰ καὶ ἡ τοῦ Ῥωμύλου
σκηνὴ ἐκαύθη, κοράκων κρέα ἐς αὐτὴν ἐκ βωμοῦ τινος ἔμπυρα
ἐμβαλόντων.
| [54,29] Telle fut donc la fin d'Agrippa, l'homme, sans
contredit, le plus recommandable de son siècle, et qui
n'usa de l'amitié d'Auguste que pour rendre, et au prince
lui-même et à l'Etat, les plus grands services. En effet,
autant il l'emportait sur les autres, autant il aimait à
s'effacer devant Auguste : car, en même temps qu'il
faisait concourir toute sa prudence, tout son esprit
aux intérêts du prince, il consacrait à la bienfaisance
tout le crédit, toute la puissance dont il jouissait
auprès de lui. Ce fut là surtout ce qui fit qu'il ne
fut jamais importun à Auguste, ni odieux à ses concitoyens :
s'il contribua à l'affermissement de la monarchie
dans la main d'Auguste, en véritable partisan d'un
gouvernement absolu, il s'attacha le peuple par ses
bienfaits, en homme qui a les sentiments les plus populaires.
A sa mort, il légua au peuple ses jardins et les
bains qui portent son nom, pour qu'il pût se laver gratuitement,
faisant don à Auguste pour cet objet de quelques-uns
de ses domaines. Auguste non seulement les
abandonna au peuple, mais, de plus, lui distribua environ
cent drachmes par tête, comme si t'eût été la
volonté d'Agrippa. Il hérita, en effet, de la plus grande
partie de ses biens; entre autres, de la Chersonèse
voisine de l'Hellespont, venue, je ne sais comment, en la
possession d'Agrippa. Il le regretta vivement pendant
longtemps et, pour cette raison, il lui fit rendre des honneurs
parmi le peuple et nommer Agrippa le fils qui naquit
de lui après sa mort. Cependant, bien qu'aucun des
principaux citoyens ne voulût assister aux jeux, il ne permit
pas aux autres de rien négliger des usages des ancêtres,
et il donna lui-même les combats de gladiateurs;
ils eurent souvent lieu même en son absence. Aussi la
mort d'Agrippa ne fut pas seulement un malheur privé
pour sa maison, elle fut aussi un malheur public
atteignant tous les Romains, à tel point que les présages
qui leur annonçaient d'ordinaire les grandes calamités
se montrèrent alors réunis. Des hiboux vinrent
en grand nombre dans la ville, la foudre frappa, sur le
mont Albain, la maison dans laquelle descendent les
consuls pendant le temps des sacrifices. Un de ces astres
qu'on nomme comètes, après être, pendant plusieurs
jours, apparu dans les airs au-dessus de Rome elle-même,
se dissipa en flambeaux. Plusieurs édifices de la
ville furent la proie des flammes, ainsi que la cabane de
Romulus, où des corbeaux avaient jeté des chairs en
feu ravies sur un autel.
|