Texte grec :
[52,5] αὕτη μὲν ἡ τῶν δήμων κατάστασις, ἐν δὲ δὴ ταῖς τυραννίσι
πάντα τἀναντία συμβαίνει. καὶ τὰ μὲν πολλὰ τί δεῖ μηκύνειν λέγοντα;
τὸ δὲ δὴ κεφάλαιον, χρηστὸν μὲν οὐδεὶς οὐδὲν οὔτ´ εἰδέναι
οὔτ´ ἔχειν δοκεῖν βούλεται (πολέμιον γὰρ αὐτῷ πᾶν ἐπὶ τούτῳ τὸ
κρατοῦν ὡς πλήθει γίγνεται), τὸν δὲ ἐκείνου τις τρόπον κανόνα τοῦ
βίου ποιησάμενος, ὅ τι ποτ´ ἂν ἐλπίσῃ δι´ αὐτοῦ πλεονεκτήσας
ἀκινδύνως κερδανεῖν, μετέρχεται. καὶ διὰ τοῦθ´ οἱ πλείους σφῶν
τό τε καθ´ ἑαυτοὺς μόνον σπεύδουσι καὶ πάντας τοὺς ἄλλους μισοῦσι,
τάς τε εὐπραγίας αὐτῶν οἰκείας ζημίας καὶ τὰς συμφορὰς
ἴδια κέρδη ποιούμενοι.
τοιούτων δὲ δὴ τούτων ὄντων οὐχ ὁρῶ τί ποτ´ ἂν εἰκότως
ἐπάρειέ σε μοναρχῆσαι ἐπιθυμῆσαι. πρὸς γὰρ τῷ τοῖς δήμοις χαλεπὸν
εἶναι τὸ πολίτευμα, πολὺ δυσχερέστερον αὐτῷ σοι γένοιτο
ἄν. ἢ οὐχ ὁρᾷς ὅπως ἥ τε πόλις καὶ τὰ πράγματα αὐτῆς ἔτι καὶ
νῦν ταράττεται; καὶ χαλεπὸν μέν ἐστι τὸ τὸν ὅμιλον ἡμῶν, τοσούτοις
ἔτεσιν ἐν ἐλευθερίᾳ βεβιωκότα, καταλῦσαι, χαλεπὸν δὲ καὶ τὸ
τοὺς συμμάχους τούς τε ὑπηκόους, τοὺς μὲν ἀπὸ παλαιοῦ δημοκρατουμένους
τοὺς δ´ ὑφ´ ἡμῶν αὐτῶν ἠλευθερωμένους, ἐς δουλείαν
αὖθις καταστῆσαι, τοσούτων πέριξ πολεμίων ἡμῖν προσκειμένων.
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Traduction française :
[52,5] «Voilà pour un gouvernement républicain; dans
les tyrannies, c'est le contraire qui arrive. Qu'est-il
besoin d'allonger mon discours par l'énumération de
leurs nombreux inconvénients? Le principal, c'est que
personne ne veut paraître rien savoir, posséder aucun
bien, parce que ces avantages, la plupart du temps,
attirent l'inimitié de quiconque a le pouvoir, et que
chacun, réglant sa conduite sur les moeurs du maître,
court après toute faveur dont il espère, s'il l'obtient
du prince, tirer sans danger quelque profit. Aussi la
plupart n'ont-ils de zèle que pour leurs intérêts personnels,
et haïssent-ils tous les autres, dont ils regardent
la réussite comme une affliction domestique
et les malheurs comme un gain particulier. Les choses
étant ainsi, je ne vois pas ce qui pourrait te pousser
raisonnablement au désir de commander seul. Car,
outre que ce gouvernement serait odieux aux peuples,
il aurait pour toi-même des inconvénients beaucoup
plus nombreux encore. Ne vois-tu pas combien notre
ville et ses affaires sont encore pleines de confusion ?
Il est difficile que la foule des Romains, après avoir
vécu tant d'années au sein de la liberté, y renonce
aujourd'hui ; il est difficile que les peuples nos alliés
ou nos sujets, dont les uns possèdent depuis longtemps
un gouvernement populaire, et les autres ont
été affranchis par nous-mêmes, soient de nouveau remis
en servitude, lorsque nous avons autour de nous
tant d'ennemis menaçants.
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