Texte grec :
[52,17] ὅτι μὲν οὖν ὀρθῶς σοι παραινῶ, μοναρχεῖσθαι τὸν δῆμον ἀξιῶν,
πάλαι σε ἡγοῦμαι πεπεῖσθαι· τούτου δὲ δὴ οὕτως ἔχοντος καὶ
ἑτοίμως καὶ προθύμως τὴν προστασίαν αὐτοῦ ἀνάδεξαι, μᾶλλον
δὲ μὴ προῇ. οὐδὲ γὰρ οὐδ´ ὑπὲρ τοῦ λαβεῖν τι βουλευόμεθα, ἀλλ´
ὑπὲρ τοῦ μὴ ἀπολέσαι καὶ προσέτι καὶ κινδυνεῦσαι. τίς γάρ σου
φείσεται, ἄν τε ἐς τὸν δῆμον τὰ πράγματ´ ἀνώσῃς, ἄν τε καὶ ἑτέρῳ
τινὶ ἐπιτρέψῃς, παμπόλλων μὲν ὄντων τῶν ὑπὸ σοῦ λελυπημένων,
πάντων δ´ ὡς εἰπεῖν τῆς μοναρχίας ἀντιποιησομένων, ὧν οὐδεὶς
οὔτε μὴ ἀμύνασθαί σε ἐφ´ οἷς πεποίηκας οὔτ´ ἀντίπαλον ὑπολιπέσθαι
ἐθελήσει. τεκμήριον δὲ ὅτι καὶ ὁ Πομπήιος ἐκστὰς τῆς
δυναστείας καὶ κατεφρονήθη καὶ ἐπεβουλεύθη, κἀκ τούτου μηκέτ´
αὐτὴν ἀναλαβεῖν δυνηθεὶς ἐφθάρη, καὶ ὁ Καῖσαρ ὁ πατὴρ ὁ σὸς
τὸ αὐτὸ τοῦτο ποιήσας προσαπώλετο. πάντως δ´ ἂν καὶ ὁ Μάριος
καὶ ὁ Σύλλας ὅμοια αὐτοῖς ἐπεπόνθεσαν, εἰ μὴ προετεθνήκεσαν.
καίτοι τὸν Σύλλαν φασί τινες αὐτὸ τοῦτο φοβηθέντα φθῆναι καὶ
ἑαυτὸν ἀναχρήσασθαι· συχνὰ γοῦν τῶν νομοθετηθέντων ὑπ´ αὐτοῦ
ζῶντος ἔτ´ αὐτοῦ λύεσθαι ἤρξατο. ὥστε καὶ σὺ πολλοὺς μὲν Λεπίδους
πολλοὺς δὲ Σερτωρίους Βρούτους Κασσίους γενήσεσθαί σοι προσδόκα.
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Traduction française :
[52,17] « La justesse de mes conseils, lorsque je prétends
que le peuple doit être soumis à un chef unique, tu
en es, je pense, depuis longtemps convaincu. Puisqu'il
en est ainsi, hâte-toi d'accepter résolument la souveveraineté,
ou plutôt ne la dépose pas; car l'objet de
notre délibération n'est pas de savoir comment nous
nous emparerons de quelque chose, mais comment
nous ne périrons pas et comment nous ne serons plus
exposés au danger. Qui, en effet, t'épargnera, si tu
remets les affaires au peuple, et que tu les confies à
un autre, lorsqu'il y a tant de gens qui ont été offensés
par toi, et que tous, pour ainsi dire, aspireront
à la monarchie ? Aucun d'eux ne voudra, en raison de
ce que tu as fait, ni te défendre, ni laisser vivre en toi
un adversaire. La preuve, c'est que, sorti du pouvoir,
Pompée fut en butte au mépris et aux conjurations,
et que, n'ayant pu le recouvrer ensuite, il fut tué;
c'est que César, ton père, ayant voulu faire la même
chose, a péri avant le temps. Marius et Sylla eussent
certainement éprouvé le même sort, s'ils ne l'avaient
devancé par leur trépas. Quant à Sylla, au rapport de
quelques historiens, par crainte de ce malheur, il a
prévenu ses adversaires et s'est tué lui-même. Au moins
est-il vrai que plusieurs de ses règlements commencèrent
à être abolis dès son vivant. Ainsi, attends-toi
à voir naître plus d'un Lépidus, plus d'un Sertorius,
plus d'un Brutus, plus d'un Cassius.
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