Texte grec :
[52,3] τούτου δὲ δὴ οὕτως ἔχοντος, οὐδὲν ἂν ἧττον ἐπικαλέσειέ τις ἡμῖν
καὶ εἰ μηδὲν τοιοῦτον ἀπὸ πρώτης ἐνθυμηθέντες ἔπειτα νῦν ἐπιθυμήσαιμεν αὐτοῦ.
τὸ γάρ τοι τῶν τε παρόντων νικᾶσθαι καὶ μήτε ἑαυτοὺς κατέχειν τοῖς τε παρὰ
τῆς τύχης δοθεῖσι μὴ καλῶς χρῆσθαι πολὺ χεῖρόν ἐστι τοῦ ἐκ
κακοπραγίας ἀδικεῖν τινα· οἱ μὲν γὰρ ὑπ´ αὐτῶν τῶν συμφορῶν
πολλάκις ἀναγκάζονται πρὸς τὴν τοῦ συμφέροντός σφισι χρείαν καὶ
ἄκοντες πλημμελεῖν, οἱ δ´ ἐθελονταὶ ἀκράτορες ἑαυτῶν καὶ παρὰ
τὸ λυσιτελοῦν γίγνονται. τοὺς δὲ δὴ μήθ´ ἁπλότητά τινα ἐν τῇ
ψυχῇ ἔχοντας μήτε τὰ δοθέντα σφίσιν ἀγαθὰ μετριάσαι δυναμένους
πῶς ἄν τις προσδοκήσειεν ἤτοι τῶν ἄλλων καλῶς ἡγεμονεύσειν ἢ
ταῖς συμφοραῖς ὀρθῶς χρήσεσθαι; ὡς οὖν μηδέτερον αὐτῶν πεπονθότες,
μηδ´ ἀλόγως τι πρᾶξαι ἐπιθυμοῦντες, ἀλλ´ ὅ τι ποτ´ ἂν
βουλευσαμένοις ἡμῖν ἄριστον φανῇ τοῦθ´ αἱρησόμενοι, τὴν διάγνωσιν
αὐτοῦ ποιησώμεθα. λέξω δὲ μετὰ παρρησίας· οὔτε γὰρ
αὐτὸς ἄλλως ἄν τι εἰπεῖν δυναίμην, οὔτε σοὶ σύνοιδα τὰ ψευδῆ
μετὰ κολακείας ἡδέως ἀκούοντι.
|
|
Traduction française :
[52,3] « La chose étant ainsi, on ne nous adresserait pas
de moins vifs reproches, si, bien que n'ayant eu d'abord
aucune pensée de cette nature, nous allions maintenant
désirer un tel pouvoir. Car, se laisser vaincre
par les circonstances présentes, ne pas se retenir soi-même,
ne pas user sagement des dons de la fortune,
est bien pire que de faire tort à quelqu'un à la suite
de mauvais succès : dans un cas, on est souvent
forcé par les malheurs mêmes, et pour les besoins
de sa cause, de se rendre coupable malgré soi; dans
l'autre cas, c'est volontairement et contrairement à son
intérêt qu'on cesse d'être maître de soi-même. Ceux
qui n'ont dans l'àme aucune simplicité, qui ne peuvent
user avec modération des biens qui leur sont accordés,
comment attendre d'eux qu'ils commandent sagement
aux autres ou qu'ils tiennent une conduite droite dans
le malheur ? Puis donc que nous n'avons rien éprouvé
de tout cela, et que, loin de désirer rien faire inconsidérément,
nous délibérons afin de choisir le parti
qui nous aura semblé le meilleur, procédons à sa discussion.
Je parlerai librement, surtout parce qu'il me
serait impossible de m'exprimer autrement, et parce
que, je le sais, tu n'aimes pas à entendre des mensonges
accompagnés de flatteries.
|
|