[52,4] ἡ μὲν τοίνυν ἰσονομία τό τε πρόσρημα εὐώνυμον καὶ τὸ ἔργον
δικαιότατον ἔχει. τήν τε γὰρ φύσιν τὴν αὐτήν τινας εἰληχότας
καὶ ὁμοφύλους ἀλλήλοις ὄντας, ἔν τε τοῖς αὐτοῖς ἤθεσι τεθραμμένους
καὶ ἐν τοῖς ὁμοίοις νόμοις πεπαιδευμένους, καὶ κοινὴν καὶ τὴν
τῶν σωμάτων καὶ τὴν τῶν ψυχῶν χρῆσιν τῇ πατρίδι παρέχοντας,
πῶς μὲν οὐ δίκαιον καὶ τἆλλα πάντα κοινοῦσθαι, πῶς δ´ οὐκ
ἄριστον ἐν μηδενὶ πλὴν ἀπ´ ἀρετῆς προτιμᾶσθαι; ἥ τε γὰρ ἰσογονία
ἰσομοιρίας ὀριγνᾶται, καὶ τυχοῦσα μὲν αὐτῆς χαίρει, διαμαρτοῦσα
δὲ ἄχθεται· καὶ τὸ ἀνθρώπειον πᾶν, ἅτε ἔκ τε θεῶν γεγονὸς
καὶ ἐς θεοὺς ἀφῆξον, ἄνω βλέπει, καὶ οὔτε ἐθέλει ὑπὸ τοῦ αὐτοῦ
διὰ παντὸς ἄρχεσθαι, οὔθ´ ὑπομένει τῶν μὲν πόνων καὶ τῶν κινδύνων
τῶν τε δαπανημάτων μετέχον, τῆς δὲ κοινωνίας τῶν κρειττόνων
στερόμενον, ἀλλὰ κἂν ἀναγκασθῇ τι τοιοῦτον ὑποστῆναι,
μισεῖ τὸ βεβιασμένον, κἂν καιροῦ λάβηται, τιμωρεῖται τὸ μεμισημένον.
ἄρχειν τε γὰρ πάντες ἀξιοῦσι, καὶ διὰ τοῦτο καὶ ἄρχεσθαι
ἐν τῷ μέρει ὑπομένουσι· καὶ πλεονεκτεῖσθαι οὐκ ἐθέλουσι, καὶ διὰ
τοῦτο οὐδ´ αὐτοὶ πλεονεκτεῖν ἀναγκάζονται. ταῖς τε τιμαῖς ταῖς
παρὰ τῶν ὁμοτίμων χαίρουσι, καὶ τὰς τιμωρίας τὰς ἐκ τῶν νόμων
ἐπαινοῦσι. κἂν οὕτω πολιτεύωνται, {καὶ} κοινὰ μὲν τὰ ἀγαθὰ κοινὰ
δὲ καὶ τὰ ἐναντία νομίζοντες εἶναι, οὔτε τι κακὸν οὐδενὶ τῶν πολιτῶν
γίγνεσθαι βούλονται, καὶ πάντα τὰ κρείττω πᾶσιν αὐτοῖς συνεύχονται.
καὶ ἄν τε τις αὐτὸς ἀρετήν τινα ἔχῃ, καὶ προφαίνει αὐτὴν
προχείρως καὶ ἀσκεῖ προθύμως καὶ ἐπιδείκνυσιν ἀσμενέστατα, ἄν τε
καὶ ἐν ἑτέρῳ ἴδῃ, καὶ προάγει ἑτοίμως καὶ συναύξει σπουδαίως
καὶ τιμᾷ λαμπρότατα. καὶ μέντοι κἂν κακύνηταί τις, πᾶς αὐτὸν
μισεῖ, κἂν δυστυχῇ, πᾶς ἐλεεῖ, κοινὴν τῆς πόλεως καὶ τὴν ζημίαν
καὶ τὴν αἰσχύνην τὴν ἀπ´ αὐτῶν εἶναι νομίζων.
| [52,4] «L'égalité de droits est un mot de bon augure, et
son oeuvre est une oeuvre de justice. Comment, en
effet, quand on a reçu du sort la même nature, quand
on est de la même race, quand on a été élevé dans
les mêmes coutumes et instruit suivant des lois semblables,
quand on met en commun à la disposition de
la patrie et son corps et son âme, ne serait-il pas juste
de partager aussi tout le reste en commun ? Comment
ne serait-ce pas chose excellente qu'il n'y ait en rien
de préférence que pour le mérite? L'égalité de naissance
demande l'égalité de conditions; elle se réjouit
lorsqu'elle l'obtient, elle s'afflige quand elle en est privée.
De plus, tout être humain, attendu qu'il est
issu des dieux et qu'il doit retourner vers les dieux,
porte en haut ses regards ; il ne veut pas être toujours
commandé par le même chef, et ne supporte
pas de participer aux fatigues, aux dangers et aux
dépenses sans prendre part aux avantages : loin de
là, s'il est forcé de subir quelque chose de pareil,
il déteste cette violence, et, quand il en peut saisir
l'occasion, il se venge de ce qu'il déteste. Tous se
croient dignes de commander, et, pour ce motif, ils
souffrent qu'on les commande à leur tour; ils ne
veulent pas être opprimés, et, pour cette raison, ils
ne sont pas eux-mêmes forcés d'opprimer les autres.
Ils aiment à être honorés par leurs égaux, et approuvent
les punitions infligées en vertu des lois. Quand ils
sont ainsi gouvernés, ils considèrent comme communs
les biens et les adversités ; ils ne désirent voir arriver
de mal à aucun de leurs concitoyens, et unissent avec
eux leurs prières pour demander aux dieux des prospérités
pour tous. Si quelqu'un a quelque talent, il
est disposé à le produire et empressé de l'exercer; il
prend plaisir à en faire montre; s'il en voit dans un
autre, il le pousse de bon gré ; il est plein de zèle
pour le grandir, et lui décerne les honneurs les plus
éclatants. Que si quelqu'un fait un acte mauvais, chacun
le hait; s'il tombe dans le malheur, chacun prend
compassion de lui, tenant pour communs à la cité
tout entière le châtiment et la honte qui en résultent.
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