[52,14] "- - - οὔτε πεῖσαί τι ῥᾳδίως ὑπὸ παρρησίας τοὺς οὐχ ὁμοίους δύνανται,
κἀν ταῖς πράξεσιν ἅτε μὴ ὁμογνωμονούντων σφῶν κατορθοῦσιν.
ὥστε εἴ τι κήδῃ τῆς πατρίδος, ὑπὲρ ἧς τοσούτους πολέμους
πεπολέμηκας, ὑπὲρ ἧς καὶ τὴν ψυχὴν ἡδέως ἂν ἐπιδοίης, μεταρρύθμισον
αὐτὴν καὶ κατακόσμησον πρὸς τὸ σωφρονέστερον. τὸ
γὰρ ἐξεῖναί τισι πάνθ´ ἁπλῶς ὅσα βούλονται καὶ ποιεῖν καὶ λέγειν,
ἂν μὲν ἐπὶ τῶν εὖ φρονούντων ἐξετάζῃς, εὐδαιμονίας ἅπασιν αἴτιον
γίγνεται, ἂν δὲ ἐπὶ τῶν ἀνοήτων, συμφορᾶς· καὶ διὰ τοῦτο ὁ μὲν
τοῖς τοιούτοις τὴν ἐξουσίαν διδοὺς παιδὶ δή τινι καὶ μαινομένῳ
ξίφος ὀρέγει, ὁ δ´ ἐκείνοις τά τε ἄλλα καὶ αὐτοὺς τούτους καὶ μὴ
βουλομένους σώζει. διόπερ καὶ σὲ ἀξιῶ μὴ πρὸς τὰς εὐπρεπείας
τῶν ὀνομάτων ἀποβλέψαντα ἀπατηθῆναι, ἀλλὰ τὰ γιγνόμενα ἐξ
αὐτῶν προσκοπήσαντα τήν τε θρασύτητα τοῦ ὁμίλου παῦσαι καὶ
τὴν διοίκησιν τῶν κοινῶν ἑαυτῷ τε καὶ τοῖς ἄλλοις τοῖς ἀρίστοις
προσθεῖναι, ἵνα βουλεύωσι μὲν οἱ φρονιμώτατοι, ἄρχωσι δὲ οἱ
στρατηγικώτατοι, στρατεύωνται δὲ καὶ μισθοφορῶσιν οἵ τε ἰσχυρότατοι
καὶ οἱ πενέστατοι. οὕτω γὰρ τά τε ἐπιβάλλοντά σφισιν
ἕκαστοι προθύμως ποιοῦντες, καὶ τὰς ὠφελίας ἀλλήλοις ἑτοίμως
ἀντιδιδόντες, οὔτε τῶν ἐλαττωμάτων, ἐν οἷς καταδέουσί τινων,
ἐπαισθήσονται, καὶ τὴν δημοκρατίαν τὴν ἀληθῆ τήν τε ἐλευθερίαν
τὴν ἀσφαλῆ κτήσονται· ἐκείνη μὲν γὰρ ἡ τοῦ ὄχλου ἐλευθερία τοῦ
τε βελτίστου δουλεία πικροτάτη γίγνεται καὶ κοινὸν ἀμφοῖν ὄλεθρον
φέρει, αὕτη δὲ τό τε σῶφρον πανταχοῦ προτιμῶσα καὶ τὸ ἴσον
ἅπασι κατὰ τὴν ἀξίαν ἀπονέμουσα πάντας ὁμοίως εὐδαίμονας τοὺς
χρωμένους αὐτῇ ποιεῖ.
| [52,14] «- - - ils ne peuvent, non plus, par la liberté
de leur parole, persuader ceux qui ne leur sont pas
semblables; et, dans les affaires, ils ne réussissent
pas, parce qu'ils ne sont pas du même avis qu'eux.
C'est pourquoi, si tu prends quelque intérêt à ta patrie,
pour laquelle tu as soutenu tant de guerres, pour
laquelle tu aurais volontiers donné ta vie, réforme,
améliore sa constitution. Le droit de faire et de dire sans
détour tout ce qu'on pense, considéré chez les gens
sensés, est une cause de bonheur pour tous; considéré
chez les insensés, il est une cause de malheur : aussi,
donner le pouvoir à ceux-ci, c'est présenter une épée
à un enfant qui a perdu la raison; le donner à ceux-là,
c'est sauver, avec l'Etat, eux et le reste des citoyens,
quand bien même ils ne le voudraient pas. Je suis donc
d'avis que, sans t'arrêter à des mots spécieux, tu ne te
laisses pas abuser, mais qu'au contraire, considérant les
résultats, tu mettes un terme à l'audace de la multitude
et te réserves à toi-même et aux autres citoyens d'élite
l'administration des affaires, afin d'avoir, au sénat les
hommes les plus sensés; dans les charges, les hommes
les plus capables de commander les armées ; dans les
armées et parmi les mercenaires, les hommes les plus
vigoureux et les plus pauvres. De cette façon, chacun
accomplissant avec zèle les fonctions qui lui incombent
et rendant de bon gré les services qu'il attend des
autres, ne s'apercevra pas de son infériorité dans les
choses qui lui font défaut, et conquerra la vraie république,
la sùre liberté. Car cette liberté de la foule
est le pire esclavage pour les honnêtes gens, et amène
la perte commune des deux partis ; tandis que l'autre
liberté, accordant partout la préférence au parti le
plus sage, et donnant à tous équitablement selon leur
mérite, fait pareillement le bonheur de tous ceux qui
suivent son régime. »
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