Texte grec :
[49,41] μετὰ δὲ τοῦτο ὁ Ἀντώνιος τούς τε Ἀλεξανδρέας εἱστίασε, καὶ
τὴν Κλεοπάτραν τούς τε παῖδας αὐτῆς ἐν ἐκκλησίᾳ παρεκαθίσατο,
δημηγορήσας τέ τινα ἐκείνην τε βασιλίδα βασιλέων καὶ τὸν Πτολεμαῖον,
ὃν Καισαρίωνα ἐπωνόμαζον, βασιλέα βασιλέων καλεῖσθαι
ἐκέλευσε. καὶ αὐτοῖς καὶ τὴν Αἴγυπτον τήν τε Κύπρον, ἄλλην διανομήν
τινα ποιησάμενος, ἔδωκε· τοῦ τε γὰρ προτέρου Καίσαρος
τὴν μὲν γυναῖκα τὸν δὲ υἱὸν ὄντως γεγονέναι ἔλεγε, καὶ ἐς τὴν
ἐκείνου δὴ χάριν ταῦτα ποιεῖν ἐσκήπτετο, ὅπως τὸν Καίσαρα τὸν
Ὀκταουιανὸν ἐκ τούτου, ὅτι ποιητὸς ἀλλ´ οὐ γνήσιος αὐτοῦ παῖς
ἦν, διαβάλλοι. ἐκείνοις μὲν δὴ ταῦτ´ ἔνειμε, τοῖς δὲ δὴ αὑτοῦ
παισὶ τοῖς ἐκ τῆς Κλεοπάτρας οἱ γεγονόσι, Πτολεμαίῳ μὲν τήν
τε Συρίαν καὶ τὰ ἐντὸς τοῦ Εὐφράτου μέχρι τοῦ Ἑλλησπόντου
πάντα, Κλεοπάτρᾳ δὲ τὴν Λιβύην τὴν περὶ Κυρήνην, τῷ τε ἀδελφῷ
αὐτῶν Ἀλεξάνδρῳ τήν τε Ἀρμενίαν καὶ τἆλλα τὰ πέραν τοῦ Εὐφράτου
μέχρις Ἰνδῶν δώσειν ὑπέσχετο· καὶ γὰρ ἐκεῖνα ὡς ἔχων
ἤδη ἐχαρίζετο. καὶ ταῦτα οὐκ ἐν τῇ Ἀλεξανδρείᾳ μόνον εἶπεν,
ἀλλὰ καὶ ἐς τὴν Ῥώμην, ἵνα καὶ παρ´ ἐκείνων τὸ κῦρος λάβῃ, ἐπέστειλεν.
οὐ μέντοι καὶ ἐν τῷ κοινῷ τι αὐτῶν ἀνεγνώσθη· ὅ τε
γὰρ Δομίτιος καὶ ὁ Σόσσιος ὑπατεύοντες ἤδη τότε, καὶ ἐς τὰ μάλιστα
αὐτῷ προσκείμενοι, οὐκ ἠθέλησαν, καίπερ τοῦ Καίσαρος
ἐγκειμένου σφίσιν, ἐς πάντας αὐτὰ ἐκφῆναι. νικησάντων δὲ ἐν
τούτῳ ἐκείνων, ἀντεπεκράτησεν ὁ Καῖσαρ μηδὲν τῶν περὶ τοῦ
Ἀρμενίου γραφέντων δημοσιευθῆναι· τοῦτόν τε γὰρ ἠλέει ἅτε
καὶ λάθρᾳ πρὸς αὐτὸν ἐπὶ τῷ Ἀντωνίῳ κεκοινολογημένος, καὶ
ἐκείνῳ τῶν νικητηρίων ἐφθόνει. τοιαῦτα δ´ οὖν ὁ Ἀντώνιος
πράττων ἐτόλμα τῇ βουλῇ γράφειν ὅτι τῆς τε ἀρχῆς παύσασθαι
καὶ ἐπ´ ἐκείνῃ τῷ τε δήμῳ πάντα τὰ πράγματα ποιήσασθαι ἐθέλει,
οὐχ ὅτι τι καὶ πράξειν αὐτῶν ἔμελλεν, ἀλλ´ ὅπως ταῖς παρ´
αὐτοῦ ἐλπίσι τὸν Καίσαρα ἤτοι ἀναγκάσωσιν, ἅτε καὶ παρόντα,
τῶν ὅπλων προαποστῆναι, ἢ καὶ ἀπειθήσαντα μισήσωσι.
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Traduction française :
[49,41] A la suite de ce triomphe, Antoine donna un
banquet aux Alexandrins, et, au milieu du peuple
assemblé, il fit asseoir près de lui Cléopâtre et ses
enfants; puis, après avoir prononcé quelques paroles, il
ordonna d'appeler Cléopâtre reine des rois, et Ptolémée,
surnommé Césarion, roi des rois. Il leur donna, par un
nouveau partage, l'Egypte et Chypre : il répétait que
Cléopâtre avait été la femme du premier César et que
Ptolémée était véritablement son fils, et feignait d'agir
ainsi par amitié pour l'ancien dictateur, afin de rendre
odieux César Octavien, qui n'était son fils que par
adoption et non par la nature. Telle fut la part qu'il leur
assigna ; quant aux enfants qu'il avait eus lui-même de
Cléopâtre, il promit de donner, à Ptolémée, la Syrie et
tout le pays en deçà de l'Euphrate jusqu'à l'Hellespont; à
Cléopâtre, la Libye qui avoisine Cyrène: et à leur frère
Alexandre l'Arménie et les régions au-delà de
l'Euphrate jusqu'aux Indes; car il disposait de ces
contrées comme s'il les avait déjà en son pouvoir. Ce ne
fut pas seulement à Alexandrie qu'il tint ce langage; il
écrivit à Rome pour y mentionner ces dispositions.
Cependant aucune de ses lettres ne fut lue en public; les
consuls Domitius et Sossius, qui alors étaient déjà en
charge, et qui lui étaient fort attachés, ne le voulurent
pas, de quelques instances que César usât auprès d'eux.
Les consuls l'avant emporté sur ce point, César, à son
tour, obtint qu'on ne publierait rien de ce qu'il avait
écrit touchant l'Arménien; car il avait compassion de ce
roi avec qui il traitait secrètement contre Antoine, et il
était jaloux du triomphe de ce dernier. Antoine,
cependant, malgré une telle conduite, osa écrire au
sénat qu'il voulait renoncer à son commandement et lui
remettre toutes les affaires, à lui et au peuple. Son
intention n'était pas d'en rien faire ; mais, en leur
donnant ces espérances, il voulait seulement forcer
César, attendu qu'il était sur les lieux, à quitter les
armes le premier, ou, s'il s'y refusait, le perdre dans
l'opinion des Romains.
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