Texte grec :
[49,9] ὡς οὖν τό τε σημεῖον ἤρθη καὶ ἡ σάλπιγξ ὑπεσήμηνεν, ἐκεῖναί
τε ἅπασαι πρὸς τῇ γῇ συνέμιξαν καὶ ὁ πεζὸς ἀμφοτέρων ὁμοίως
ἐπ´ αὐτῆς τῆς ῥαχίας παρετάξατο, ὥστε τὴν θέαν ἀξιολογωτάτην
γενέσθαι. ἥ τε γὰρ θάλασσα ἡ ἐκεῖ πᾶσα τῶν νεῶν ἐπεπλήρωτο
(πολλαὶ γὰρ οὖσαι ἐπὶ πλεῖστον ἐπέσχον), καὶ ἡ χώρα ἡ μὲν ἐγγὺς
αὐτῆς ὑπὸ τῶν ὡπλισμένων, ἡ δ´ ἄλλη ἡ προσεχὴς ὑπὸ τοῦ λοιποῦ
ἑκατέρων ὁμίλου κατείχετο. ὅθενπερ καὶ ὁ ἀγὼν ἔδοξε μὲν τῶν
ναυμαχούντων μόνων εἶναι, τῇ δ´ ἀληθείᾳ καὶ τῶν ἄλλων ἐγένετο·
οἵ τε γὰρ ἐν ταῖς ναυσὶν ὄντες προθυμότερον ἐς τὴν τῶν ὁρώντων
σφᾶς ἐπίδειξιν ἡμιλλῶντο, καὶ ἐκεῖνοι, εἰ καὶ τὰ μάλιστα ἀπείχοντο
ἀλλήλων, ἀλλὰ καὶ πρός γε τὴν τῶν δρωμένων ὄψιν καὶ αὐτοὶ
τρόπον τινὰ ἠγωνίζοντο. ἀντιπάλου γὰρ ἐπὶ πολὺ τῆς μάχης γενομένης
(ὁμοιοτροπώτατα γὰρ τοῖς πρόσθεν ἐναυμάχησαν) ἰσορρόπῳ
καὶ αὐτοὶ συστάσει τῆς γνώμης συνέσχοντο. μάλιστα μὲν γὰρ
καὶ τὸν πόλεμον πάντα ἐν αὐτῇ καταλυθήσεσθαι ἤλπιζον· εἰ δὲ μή,
οἱ μέν, εἰ καὶ τότε κρατήσειαν, οὐδὲν ἔτι μέγα ἐπιπονήσειν, οἱ δέ,
εἰ τότε γε νικήσειαν, οὐκέθ´ ἡττηθήσεσθαι προσδοκῶντες ἔρρωντο.
καὶ διὰ τοῦτο καὶ σιωπῇ, ὅπως αὐτοί τε πρὸς τὰ γιγνόμενα ἀποβλέπωσι
καὶ τοὺς ἐν τῷ ἔργῳ μὴ ἀποτρίβωσι, καὶ κραυγῇ μικρᾷ
ἐχρῶντο, τούς τε ναυμαχοῦντας ἀνακαλοῦντες καὶ τοὺς θεοὺς ἐπιβοώμενοι,
καὶ τοὺς μὲν κρατοῦντάς σφων ἐπαινοῦντες τοὺς δ´ ἡττωμένους
λοιδοροῦντες, καὶ πολλὰ μὲν ἐκείνοις ἀντιπαρακελευόμενοι
πολλὰ δὲ καὶ ἀλλήλοις ἀντιβοῶντες, τοῦ τε τοὺς σφετέρους ῥᾷον
τὰ λεγόμενα ἀκούειν καὶ τοῦ τοὺς ἐναντίους ἧττον τῶν οἰκείων ἐπαΐειν.
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Traduction française :
[49,9] Quand on eut élevé le signal du combat et que la
trompette eut sonné, les vaisseaux s'entremêlèrent tout
le long du rivage, et les troupes de terre se rangèrent
pareillement en bataille, sur le bord même de la mer, en
sorte que c'était un coup d'œil magnifique. Toute la mer
était, en cet endroit, remplie de vaisseaux, dont le grand
nombre couvrait naturellement une vaste étendue; le
pays voisin de la mer était occupé par des soldats
armés, et le terrain contigu, par le reste de la foule de
l'un et l'autre parti. C'est pour cela que la lutte, bien que,
en apparence, engagée seulement entre ceux qui
combattaient sur mer, eut aussi, en réalité, lieu entre les
autres. Ceux qui montaient les vaisseaux, dans le désir
de se faire remarquer des leurs, étaient plus ardents au
combat, tandis que les autres, bien que placés à une
grande distance, n'en prenaient pas moins, en regardant
l'action, leur part de la lutte. En effet, les chances du
combat s'étant longtemps balancées (cette bataille
ressembla beaucoup à la précédente), leurs esprits se
maintinrent aussi en équilibre. On espérait surtout
terminer complètement la guerre par cette bataille, ou,
du moins, l'idée, chez les uns, d'être désormais, s'ils
obtenaient alors l'avantage, exempts de grandes
fatigues; celle, chez les autres, que, s'ils remportaient la
victoire, ils n'essuieraient plus de défaites, les avait tous
fortement pénétrés. Aussi les assistants gardaient le
silence, pour pouvoir eux-mêmes regarder ce qui se
passait et ne pas distraire ceux qui étaient engagés dans
l'action, et ne faisaient entendre que de rares clameurs,
soit en encourageant les combattants, soit en invoquant
tout haut les dieux, et en donnant aux leurs des éloges
quand ils avaient l'avantage et les accablant d'injures
lorsqu'ils avaient le dessous, prodiguant les exhortations
contraires à celles de l'ennemi et criant à l'encontre les
uns des autres, afin que les leurs entendissent plus
facilement et que l'ennemi comprît moins les
recommandations des siens.
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