Texte grec :
[47,5] κἄν τε τούτῳ χαλεπωτέρως ἢ πρὶν ἀπήλλασσον, καὶ διότι τότε
μὲν μόνοι οἱ τοῦ Σύλλου τῶν τε περὶ αὐτὸν δυνατῶν ἐχθροὶ διώλοντο,
τῶν δὲ δὴ φίλων αὐτοῦ τῶν τε ἄλλων ἀνθρώπων οὐδεὶς
ἐκείνου γε κελεύσαντος ἐφθάρη, ὥστε ἔξω τῶν πάνυ πλουσίων
(τούτοις γὰρ οὐκ ἔστιν ὅτε εἰρήνη πρὸς τὸν ἰσχυρότερον ἐν τοῖς
τοιούτοις γίγνεται) οἵ γε λοιποὶ ἐθάρσουν· ἐν δὲ δὴ ταῖς δευτέραις
ταύταις σφαγαῖς οὐχ ὅπως οἱ ἐχθροὶ αὐτῶν ἢ καὶ οἱ πλούσιοι,
ἀλλὰ καὶ οἱ πάνυ φίλοι καὶ παρὰ δόξαν ἐκτείνοντο. ἄλλως
μὲν γὰρ ἤ τις ἢ οὐδεὶς ἐς ἔχθραν ἀπ´ ἰδίας τινὸς αἰτίας τοῖς ἀνδράσιν
ἐκείνοις, ὡς καὶ σφαγῆναι πρὸς αὐτῶν, ἐληλύθει· τὰ δὲ
δὴ κοινὰ πράγματα καὶ αἱ τῶν δυναστειῶν διαλλαγαὶ καὶ τὰς φιλίας
τάς τε ἔχθρας τὰς σφοδρὰς αὐτοῖς ἐπεποιήκεσαν. πάντας
γὰρ τοὺς τῷ πέλας συναραμένους τέ τι καὶ συμπράξαντας ἐν πολεμίου
μοίρᾳ οἱ ἕτεροι ἐτίθεντο· καὶ οὕτω συνέβαινε τοὺς αὐτοὺς
καὶ φίλους τινὶ αὐτῶν καὶ ἐχθροὺς πάντως γεγονέναι ὥστε, ἐν ᾧ
ἰδίᾳ ἕκαστος τοὺς ἐπιβουλεύσαντάς οἱ ἠμύνετο, καὶ τοὺς φιλτάτους
κοινῇ συναπώλλυσαν. ἐκ γὰρ τῶν πρὸς ἀλλήλους πραγμάτων
τό τε οἰκειωθέν σφισι καὶ τὸ ἀλλοτριωθὲν ἐν λόγῳ τινὶ τιθέμενοι
οὔτε τὸν ἑαυτοῦ τις αὐτῶν ἐχθρὸν τιμωρήσασθαι, φίλον ἑτέρου
ὄντα, ἐδύνατο μὴ ἀντιδιδοὺς ἄλλον, καὶ ἐκ τῆς τῶν γεγονότων
ὀργῆς τῆς τε ἔπειτα ὑποψίας παρ´ οὐδὲν τὴν τοῦ ἑταιρικοῦ σωτηρίαν
πρὸς τὴν τοῦ διαφόρου τιμωρίαν ποιούμενοι ῥᾳδίως σφᾶς ἀντεδίδοσαν.
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Traduction française :
[47,5] C'est pour cela que les résultats furent alors pires que
la première fois, et aussi parce que, au temps de Sylla,
ses ennemis et ceux d'hommes puissants près de lui
furent les seuls qui périrent, et que nul autre, par son
ordre du moins, ne fut mis à mort; de telle sorte qu'en
dehors des gens tout à fait riches (pour ceux-là en effet,
jamais, en pareil cas, il n'y a de paix avec le plus fort),
le reste des citoyens était sans crainte; au lieu que, dans
ces nouveaux massacres, non seulement les ennemis
des triumvirs et les riches, mais même leurs plus grands
amis, étaient tués contre toute attente. Presque personne
d'ailleurs n'avait, pour une cause privée, encouru
l'inimitié de ces hommes au point d'être égorgé par eux;
mais les affaires publiques et des compromis d'ambition
avaient fait naître chez eux des amitiés et des haines
très fortes. Quiconque avait favorisé l'un et pris son
parti, les autres le mettaient au rang de leurs ennemis.
Aussi arriva-t-il que les mêmes hommes étaient
inévitablement amis de l'un et ennemis des autres; en
sorte que si chacun, en son particulier, se vengeait de
ceux qui avaient agi contre lui, en commun, tous
faisaient périr leurs amis les plus chers. Car comme,
vis-à-vis les uns des autres, ils tenaient compte des
bonnes et des mauvaises dispositions qui leur avaient
été témoignées, aucun d'eux ne pouvait punir son
ennemi, quand il était ami d'un autre, sans en livrer un
autre en échange; et leur ressentiment pour ce qui s'était
passé, ainsi que les soupçons qui en étaient la suite, les
poussant à ne faire aucun cas du salut d'un ami en
comparaison de la punition d'un adversaire, les
décidaient sans peine à consentir à cet échange.
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