Texte grec :
[47,45] ἔμενον δὲ κατὰ χώραν ἀκριβῶς ἀμφότεροι, καὶ οὔθ´ ὑπαγωγαῖς
οὔτε διώξεσιν οὐδέτεροι ἐχρήσαντο, ἀλλ´ αὐτοῦ, ὥσπερ εἶχον, ἐτίτρωσκον
ἐτιτρώσκοντο, ἐφόνευον ἐφονεύοντο μέχρι πόρρω τῆς ἡμέρας. καὶ εἴγε
πάντες πᾶσιν, οἷα ἐν τῷ τοιούτῳ συμβαίνει, συνεμεμίχεσαν, ἢ
Βροῦτος μὲν κατὰ Ἀντώνιον Κάσσιος δὲ κατὰ Καίσαρα ἀντετέτακτο,
ἰσοπαλεῖς ἂν ἐγεγόνεσαν. νῦν δὲ ὅ τε Βροῦτος τὴν τοῦ
Καίσαρος ἀρρωστίαν ἐξεβιάσατο, καὶ ὁ Ἀντώνιος τὸν Κάσσιον
οὐδέν οἱ ὅμοιον τὰ πολέμια ὄντα ἐξενίκησε. καὶ τότε δὲ τῷ μὴ
πάντας ἅμα τοὺς ἑτέρους, ἀλλ´ ἐν τῷ μέρει ἀμφοτέρους καὶ ἡττηθῆναι
καὶ κρατῆσαι ταὐτὸν ὡς εἰπεῖν ἐγένετο· καὶ γὰρ ἐνίκησαν
ἀμφότεροι καὶ ἡττήθησαν, ἔτρεψάν τε τοὺς ἀντιτεταγμένους σφίσιν
ἑκάτεροι καὶ ἐτράποντο, καὶ αἵ τε διώξεις καὶ αἱ φυγαὶ ἀμφοῖν
ὁμοίως συνέβησαν, καὶ τὰ στρατόπεδα ἀμφοτέρωθεν ἑάλω. τοῦ τε
γὰρ πεδίου ἐπὶ πλεῖστον, ἅτε καὶ πολλοὶ ὄντες, ἐπέσχον, ὥστε μὴ
καθορᾶν ἀλλήλους· καὶ οὔτε ἐν τῇ μάχῃ πλὴν τὸ καθ´ ἑαυτὸν ἕκαστος
ἔγνω, ἐπεί τε ἡ τροπὴ ἐγένετο, ἔς τε τὰ οἰκεῖα ἐρύματα πολὺ ἀπ´
ἀλλήλων ἀφεστηκότα τὴν ἐναντίαν ἑκάτεροι ἀμεταστρεπτὶ ἔφυγον,
καὶ ἀπό τε τούτου καὶ ἐκ τοῦ κονιορτοῦ ἀπλέτου γενομένου ἠγνόησαν
τὸ τέλος τῆς μάχης, καὶ οἵ τε νενικηκότες πάντα κεκρατηκέναι
καὶ οἱ ἡττημένοι πάντα νενικῆσθαι ἐνόμισαν, καὶ οὐ πρότερον τὸ
γεγονὸς ἔμαθον πρὶν τά τε ταφρεύματα διαπορθηθῆναι καὶ ἀλλήλοις
τοὺς νενικηκότας πρὸς τὸ οἰκεῖον ἑκατέρους ἀναχωροῦντας συντυχεῖν.
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Traduction française :
[47,45] Des deux côtés, on restait ferme à son poste; ni les
uns ni les autres ne songeaient à reculer ou à
poursuivre; tous, à l'endroit même où ils se trouvaient
placés, portaient et recevaient des blessures, donnaient
et recevaient la mort, jusque bien avant dans le jour. Si,
comme il arrive eu pareille circonstance, tous en fussent
venus aux mains avec tous, ou bien si Brutus eût été
opposé à Antoine et Cassius à César, la lutte eût sans
doute été égale. Au lieu de cela, Brutus chassa de ses
positions César malade, tandis qu'Antoine vainquit
Cassius, qui lui était fort inférieur pour l'habileté à la
guerre. Il n'y eut pas alors partout à la fois victoire
complète de l'un des deux partis sur l'autre; chacun
deux à son tour éprouva, pour ainsi dire, le même sort :
chacun d'eux, en effet, fut vainqueur et vaincu, mit en
déroute ceux qui lui étaient opposés et fut mis en
déroute par lui; il y eut poursuite et déroute de part et
d'autre: de chaque côté le camp fut pris. Les
combattants étaient si nombreux qu'ils occupaient la
plus grande partie de la plaine, de sorte que ceux d'un
même parti ne se voyaient pas les uns les autres. Dans
le combat, chacun ne connut que ce qui le regardait
personnellement. Aussi, quand arriva la déroute, les
deux armées s'enfuirent en sens inverse, sans retourner
sur leurs pas, chacune dans ses retranchements, situés à
une grande distance les uns des autres, ce qui, joint à
l'immense poussière qui s'éleva, fit qu'elles ignorèrent
l'issue de la bataille : ceux qui étaient vainqueurs
crurent que tout était emporté, et ceux qui étaient
défaits, que tout était perdu: ils ne connurent ce qui
s'était passé qu'au moment où leur camp fut pillé et où
ceux qui étaient vainqueurs se rencontrèrent
mutuellement à leur retour, de part et d'autre, dans leurs
propres retranchements.
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