Texte grec :
[47,13] ἀριθμὸν γὰρ οὔτε τῶν προγραφέντων οὔτε
τῶν φονευθέντων ἢ καὶ διαφυγόντων οὐδὲ νῦν ἔγραψα, ὅτι πολλοὶ
μὲν τῶν τὸ πρῶτον ἐς τὰ λευκώματα ἐγγραφέντων ἀπηλίφησαν,
πολλοὶ δὲ ὕστερον ἀντ´ αὐτῶν ἀντενεγράφησαν, καὶ τούτων τε οὐκ
ὀλίγοι διεσώθησαν καὶ ἄλλοι συχνοὶ διεφθάρησαν. καὶ αὐτοὺς
οὐδὲ πενθεῖν τισιν ἐξουσία ἦν, ἀλλὰ πολλοὶ καὶ ἐκ τούτου παραπώλοντο.
καὶ τέλος, ὡς τό τε πεπλασμένον αὐτῶν πᾶν αἱ συμφοραὶ
ἐξενίκων, καὶ οὐδεὶς οὐδὲ τῶν πάνυ ἀνδρικῶν ἀντικαρτερεῖν
πρὸς αὐτὰς ἐδύνατο, ἀλλ´ ἔν τε τοῖς ἄλλοις πᾶσι καὶ ἔργοις καὶ
λόγοις ἐσκυθρώπαζον καὶ ἐν τῇ ἀρχῇ τοῦ ἔτους οὐκ ἤμελλον, ὥσπερ
εἰώθασιν, ἑορτάσειν, ἐκελεύσθησαν διὰ προγραφῆς εὐθυμεῖσθαι,
θάνατον ὀφλήσοντες ἂν μὴ πειθαρχήσωσιν· οὕτω που, ὡς καὶ ἐπ´
ἀγαθοῖς, τοῖς κοινοῖς κακοῖς χαίρειν ἠναγκάζοντο. καὶ τί τοῦτο
εἶπον, ὁπότε καὶ ἐκείνοις (τοῖς τρισὶν ἀνδράσι λέγω) ἄλλα τε ὡς
εὐεργέταις καὶ σωτῆρσι τῆς πόλεως γεγονόσι καὶ τοὺς στεφάνους
τοὺς πολιτικοὺς ἐψηφίσαντο; οὐ γὰρ ὅτι τινὰς ἐφόνευον, αἰτίαν
ἔχειν ἠξίουν, ἀλλ´ ὅτι μὴ πλείονας, προσεπαινεῖσθαι ἤθελον. καὶ
πρός γε τὸν δῆμον φανερῶς ποτε εἶπον ὅτι οὔτε τὴν τοῦ Μαρίου
τοῦ τε Σύλλου ὠμότητα, ὥστε καὶ μισηθῆναι, οὔτ´ αὖ τὴν τοῦ
Καίσαρος ἐπιείκειαν, ὥστε καὶ καταφρονηθῆναι καὶ ἀπ´ αὐτοῦ
καὶ ἐπιβουλευθῆναι, ἐζηλώκασι.
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Traduction française :
[47,13] Quant au chiffre, je ne rapporte, aujourd'hui encore,
ni celui de ceux qui furent proscrits, ni celui de ceux
qui furent tués ou qui échappèrent par la fuite, attendu
que beaucoup de ceux qui, dans le premier moment,
avaient été inscrits sur les listes, en furent effacés, et
que beaucoup d'autres y furent, dans la suite, inscrits à
leur place; que, parmi ceux-ci, un assez grand nombre
furent sauvés et que d'autres, également en assez grand
nombre, furent tués. Il n'était permis à personne de
pleurer, et plusieurs moururent pour l'avoir fait. A la
fin, comme la calamité était plus forte que toute
dissimulation, et que personne, même les plus
courageux, ne pouvait y résister, une sombre tristesse
éclata partout, et dans les actions et dans les paroles: et
même les fêtes ordinaires du commencement de l'année
n'auraient pas été célébrées sans un édit qui ordonna de
se livrer à la joie, avec peine de mort contre quiconque
n'obéirait pas. C'est ainsi que les Romains étaient forcés
de se réjouir des maux publics comme d'un bonheur.
Mais à quoi bon rapporter ces détails, quand, entre
autres honneurs, on leur décerna (je dis aux triumvirs)
des couronnes civiques comme avant été les
bienfaiteurs et les sauveurs de la ville? Car non
seulement ils prétendaient ne pas être accusés pour
avoir tué quelques citoyens, mais ils voulaient être
loués pour n'en avoir pas tué davantage. Ils allèrent
même jusqu'à dire un jour ouvertement au peuple qu'ils
n'imitaient ni la cruauté de Marius et de Sylla, afin de
ne pas être haïs, ni la démence de César, afin de ne pas
être méprisés et, par suite, en butte à des complots.
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