Texte grec :
[47,11] ἀρετῆς μὲν δὴ καὶ εὐσεβείας τοσαῦτα τότε ἐπιφανῆ ἔργα ἐγένετο·
Ποπίλιος δὲ δὴ Λαίνας τὸν Κικέρωνα τὸν Μᾶρκον ἀπέκτεινε
καίπερ εὐεργέτην αὐτοῦ ἐκ συνηγορήματος ὄντα, καὶ ἵνα γε μὴ
ἀκουόμενος μόνον ἀλλὰ καὶ ὁρώμενος πίστιν τοῦ πεφονευκέναι αὐτὸν
λάβῃ, εἰκόνα ἑαυτοῦ πλησίον τῆς ἐκείνου κεφαλῆς ἐστεφανωμένην
ἔθηκε, καὶ τὸ ὄνομα καὶ τὸ ἔργον αὐτοῦ ἐπιγεγραμμένον
ἔχουσαν. καὶ οὕτω γε καὶ τῷ Ἀντωνίῳ διὰ τοῦτ´ ἤρεσεν ὥστε καὶ
χρήματα πλείω τῶν ἐπηγγελμένων λαβεῖν. Μᾶρκος δὲ Τερέντιος
Οὐάρρων ἠδίκησε μὲν οὐδέν, ὁμώνυμος δὲ δή τινι τῶν ἐπικεκηρυγμένων
πλὴν μιᾶς προσηγορίας ὤν, καὶ δείσας μή τι κατὰ τοῦτο,
οἷα καὶ ὁ Κίννας, πάθῃ, ἐξέθηκε γράμμα αὐτὸ τοῦτο δηλῶν· ἐδημάρχει
δέ. καὶ ὁ μὲν διατριβὴν καὶ γέλωτα ἐπὶ τούτῳ ὠφλίσκανεν·
τὸ δὲ δὴ ἀστάθμητον τοῦ βίου καὶ ἐξ ἐκείνου ἐτεκμηριώθη, ὅτι
Λούκιος μὲν Φιλούσκιος ὑπό τε τοῦ Σύλλου πρότερον ἐπικηρυχθεὶς
καὶ διαφυγὼν ἔς τε τὸ λεύκωμα αὖθις τότε ἐσεγράφη καὶ ἀπέθανε,
Μᾶρκος δὲ Οὐαλέριος Μεσσάλας ὑπὸ τοῦ Ἀντωνίου θανατωθεὶς
οὐχ ὅπως ἐν ἀσφαλείᾳ διεβίω, ἀλλὰ καὶ ὕπατος ἀντ´ αὐτοῦ ἐκείνου
ὕστερον ἀπεδείχθη. οὕτως ἔκ τε τῶν ἀπορωτάτων πολλοὶ περιγίγνονται
καὶ ἐκ τῶν θαρσούντως ἐχόντων οὐκ ἐλάττους ἀπόλλυνται·
καὶ διὰ τοῦτο χρὴ μήτε ἐς τὸ ἀνέλπιστον πρὸς τὰς αὐτίκα συμφορὰς
ἐκπλήττεσθαί τινα μήτε ἐς τὸ ἀφρόντιστον ὑπὸ τοῦ παραχρῆμα
περιχαροῦς ἐπαίρεσθαι, ἀλλ´ ἐς τὸ μέσον ἐπ´ ἀμφότερα τὴν ἐλπίδα
τοῦ μέλλοντος τιθέμενον ἀσφαλεῖς ἐφ´ ἑκάτερα τοὺς λογισμοὺς ποιεῖσθαι.
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Traduction française :
[47,11] Voilà jusqu'ici d'illustres exemples de vertu et de
piété qui se produisirent à cette époque. Au contraire,
Popilius Laenas tua Marcus Cicéron qui pourtant était
devenu son bienfaiteur en le défendant en justice, et,
comme si ce n'eût pas été assez de la renommée et qu'il
eût aussi fallu la vue pour confirmer qu'il était l'auteur
de ce meurtre, il plaça près de la tête de Cicéron son
buste avec une couronne et une inscription relatant son
nom et son action. Il se rendit par là tellement agréable
à Antoine que celui-ci lui donna une somme plus forte
que celle qui avait été promise. M. Térentius Varron
n'était coupable d'aucune offense ; mais comme son
nom était, à un seul prénom près, le même que celui
d'un des proscrits, et qu'il craignait, par suite de cette
ressemblance, d'éprouver le sort de Cinna, il fit poser
une affiche pour en donner avis : il était alors tribun du
peuple. Par là il se rendit l'objet des entretiens et des
railleries de tout le monde. Mais voici un exemple qui
témoigne bien de l'instabilité de la vie : L. Philuscius,
dont la tête avait été autrefois mise à prix par Sylla et
qui avait alors échappé au péril, fut inscrit de nouveau
sur les tables de proscription et fut tué, tandis que M.
Valérius Messala, quoique condamné à mort par
Antoine, non seulement vécut en sûreté, mais même fut,
dans la suite, créé consul à sa place. Ainsi, beaucoup se
tirent sains et saufs des circonstances les plus difficiles,
tandis que beaucoup périssent de ceux qui étaient pleins
d'assurance ; ce qui montre bien qu'il ne faut ni se
laisser abattre, en présence d'un malheur subit, au point
de perdre toute espérance, ni se laisser emporter à des
sentiments insensés par l'excès d'une joie inattendue,
mais, prenant pour intermédiaire dans les deux cas l'attente de
l'avenir, rester ferme dans l'une comme dans l'autre fortune.
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