Texte grec :
[47,8] ἐκεῖνος μὲν οὖν πολλούς, ὅσους γε καὶ ἠδυνήθη, διεσώσατο· ὅ
τε Λέπιδος τῷ τε ἀδελφῷ τῷ Παύλῳ ἐς Μίλητον ἐκδρᾶναι ἐπέτρεψε,
καὶ πρὸς τοὺς ἄλλους οὐκ ἀπαραίτητος ἦν· ὁ δὲ Ἀντώνιος
ὠμῶς καὶ ἀνηλεῶς οὐχ ὅτι τοὺς ἐκτεθέντας ἀλλὰ καὶ τοὺς ἐπικουρῆσαί
τινι αὐτῶν ἐπιχειρήσαντας ἔκτεινε. τάς τε κεφαλάς σφων,
εἰ καὶ σιτούμενος ἐτύγχανεν, ἐπεσκόπει, καὶ ἐπὶ πλεῖστον τῆς τε
ἀνοσιωτάτης καὶ τῆς οἰκτροτάτης αὐτῶν ὄψεως ἐνεπίμπλατο. καὶ
ἥ γε Φουλουία πολλοὺς καὶ αὐτὴ καὶ κατ´ ἔχθραν καὶ διὰ χρήματα,
καὶ ἔστιν οὓς οὐδὲ γιγνωσκομένους ὑπὸ τοῦ ἀνδρός, ἐθανάτωσεν·
ἑνὸς γοῦν τινος κεφαλὴν ἰδὼν εἶπεν ὅτι "τοῦτον οὐκ ἠπιστάμην".
ὡς δ´ οὖν καὶ ἡ τοῦ Κικέρωνός ποτε ἐκομίσθη σφίσι (φεύγων γὰρ
καὶ καταληφθεὶς ἐσφάγη), ὁ μὲν Ἀντώνιος πολλὰ αὐτῷ καὶ δυσχερῆ
ἐξονειδίσας ἔπειτ´ ἐκέλευσεν αὐτὴν ἐκφανέστερον τῶν ἄλλων ἐν τῷ
βήματι προτεθῆναι, ἵν´ ὅθεν κατ´ αὐτοῦ δημηγορῶν ἠκούετο, ἐνταῦθα
μετὰ τῆς χειρὸς τῆς δεξιᾶς, ὥσπερ ἀπετέτμητο, ὁρῷτο· ἡ
δὲ δὴ Φουλουία ἔς τε τὰς χεῖρας αὐτὴν πρὶν ἀποκομισθῆναι ἐδέξατο,
καὶ ἐμπικραναμένη οἱ καὶ ἐμπτύσασα ἐπί τε τὰ γόνατα ἐπέθηκε,
καὶ τὸ στόμα αὐτῆς διανοίξασα τήν τε γλῶσσαν ἐξείλκυσε καὶ
ταῖς βελόναις αἷς ἐς τὴν κεφαλὴν ἐχρῆτο κατεκέντησε, πολλὰ ἅμα
καὶ μιαρὰ προσεπισκώπτουσα. καὶ οὗτοι δ´ οὖν ὅμως ἔσωσάν
τινας, παρ´ ὧν γε καὶ πλείω χρήματα ἔλαβον ἢ τελευτησάντων
εὑρήσειν ἤλπισαν· καὶ ἵνα γε μὴ κεναὶ αἱ ἐν τοῖς λευκώμασι χῶραι
τῶν ὀνομάτων αὐτῶν ὦσιν, ἑτέρους ἀντενέγραψαν. πλήν γε ὅτι
τὸν θεῖον ὁ Ἀντώνιος, πολλὰ τῆς μητρὸς τῆς ἑαυτοῦ τῆς Ἰουλίας
ἱκετευσάσης, ἀφῆκεν, οὐδὲν ἄλλο χρηστὸν εἰργάσατο.
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Traduction française :
[47,8] César donc sauva tous ceux qu'il put; Lépidus aussi
permit à son frère Paulus de s'enfuir à Milet, et ne se
montra point inexorable à l'égard des autres ; mais
Antoine faisait cruellement et sans pitié mourir non
seulement les proscrits, mais encore ceux qui avaient
essayé de secourir quelqu'un d'entre eux. Il examinait
leurs têtes, même lorsqu'il se trouvait à table, et restait
longtemps à se rassasier de ce funeste et déplorable
spectacle. Fulvie aussi, tant pour satisfaire sa haine
particulière que pour avoir leur argent, fit mourir
beaucoup de citoyens, dont quelques-uns n'étaient
même pas connus de son mari. C'est ainsi qu'en voyant
la tète de l'un d'eux Antoine s'écria : « Je ne le connaissais pas. »
Quand la tête de Cicéron leur fut enfin apportée (arrêté dans sa
fuite, il avait été mis à mort), Antoine, après lui avoir adressé de
sanglants reproches, ordonna de l'exposer sur les Rostres, plus
en vue que les autres, afin qu'en ce même endroit d'où le
peuple l'avait entendu parler contre lui, il l'y pût voir, la
main droite coupée; Fulvie prit la tête dans ses mains,
avant qu'on l'emportât, et, après l'avoir insultée par des
paroles amères et avoir craché dessus, elle la plaça sur
ses genoux ; puis, lui ouvrant la bouche, elle en tira la
langue, qu'elle perça avec les aiguilles dont elle se servait pour
parer sa tête, tout en l'accablant de railleries criminelles.
Tous les deux, cependant, épargnèrent quelques proscrits dont
ils reçurent plus d'argent qu'ils n'espéraient en retirer de leur mort;
et, pour ne pas laisser vides, sur les tables de proscription,
la place occupée par leurs noms, ils leur substituèrent
d'autres victimes. Ainsi donc, excepté la grâce de son
oncle, accordée aux instantes supplications de sa mère
Julia, Antoine ne fit rien d'honnête.
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