Texte grec :
[47,6] κἀκ τούτου τούς τε φιλτάτους ἀντὶ τῶν ἐχθίστων
ἀλλήλοις προέβαλλον, καὶ τοὺς πολεμιωτάτους ἀντὶ τῶν ἑταιροτάτων,
τοῦτο μὲν ἴσους πρὸς ἴσους, τοῦτο δὲ ἀνθ´ ἑνὸς πλείονας
ἢ καὶ ἀντὶ πλειόνων ἐλάττονας, ἠλλάττοντο, τά τε ἄλλα ἐν ἀγορᾶς
τρόπῳ ποιούμενοι, καὶ ὑπερβάλλοντες ὥσπερ ἐν πρατηρίῳ. εἰ μὲν
εἷς τις ἑνός τινος ἀντάξιος ὥστ´ ἰσομοιρεῖν εὑρίσκετο, ἁπλῆ ἡ ἀντίδοσις
ἐγίγνετο· ὅσους δὲ δὴ ἀρετή τις ἢ ἀξίωσις ἢ καὶ συγγένεια
ἀνετίμα, ἀντὶ πλειόνων ἀπώλλυντο. ἅτε γὰρ ἐν ἐμφυλίοις πολέμοις,
καὶ πολλῷ μὲν χρόνῳ πολλαῖς δὲ καὶ πράξεσι γενομένοις, συχνοὶ
καὶ τοῖς πάνυ συγγενέσι κατὰ τὸ στασιωτικὸν προσεκεκρούκεσαν.
ἀμέλει τῷ τε Ἀντωνίῳ καὶ ὁ θεῖος Λούκιος {Ἀντώνιος} Καῖσαρ
καὶ τῷ Λεπίδῳ καὶ ὁ ἀδελφὸς Λούκιος Παῦλος ἐπεπολέμωντο.
ἀλλ´ οὗτοι μὲν ἐσώθησαν, τῶν δὲ δὴ ἄλλων πολλοὶ καὶ παρ´ αὐτοῖς
τοῖς τε φίλοις καὶ τοῖς ἀναγκαίοις, ὑφ´ ὧνπερ ἐς τὰ μάλιστα
καὶ σωθήσεσθαι καὶ τιμηθήσεσθαι προσεδόκων, ἐσφάγησαν.
ὅπως γὰρ μηδεὶς στερηθήσεσθαι τῶν ἄθλων φοβηθείς, ὅτι τοὺς
ἐπὶ τοῦ Σύλλου φονεύσαντάς τινας ὁ Κάτων ὁ Μᾶρκος ταμιεύσας
ἀπῄτησε πάνθ´ ὅσα ἐπ´ αὐτοῖς εἰλήφεσαν, ἧττόν τινα ἀποκτείνῃ,
προηγόρευσαν ὅτι οὐδένα αὐτῶν ἐς τὰ δημόσια γράμματα ἐσγράψουσι.
τούς τε οὖν ἄλλους ἑτοιμότερον διὰ τοῦτ´ ἔσφαζον καὶ
τοὺς εὐπόρους, εἰ καὶ μηδενὶ αὐτῶν ἀπήχθοντο· παμπόλλων τε
γὰρ χρημάτων δεόμενοι, καὶ οὐκ ἔχοντες ὁπόθεν ἄλλοθεν τὰς ἐπιθυμίας
τῶν στρατιωτῶν ἀποπληρώσωσι, κοινήν τινα κατὰ τῶν
πλουσίων ἔχθραν προσέθεντο. καὶ ἄλλα τε διὰ τοῦτο πολλὰ παρενομήθη,
καὶ παιδίσκον τινὰ ἐς ἐφήβους ἐσήγαγον, ἵν´ ὡς ἐς ἄνδρας
ἤδη τελῶν ἀποθάνῃ.
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Traduction française :
[47,6] Aussi se livraient-ils les uns aux autres ceux qui leur
étaient les plus chers en échange de ceux qui leur
étaient les plus odieux, et leurs plus grands ennemis en
échange de ceux avec qui ils avaient les liaisons les
plus intimes. Tantôt ils donnaient nombre pour nombre,
tantôt plusieurs pour un seul, ou un nombre moindre
pour un plus grand, trafiquant ainsi que sur un marché
public et mettant tout à l'enchère comme pour des
objets vendus sous la haste. Quand l'un était trouvé égal
à l'autre, de manière à en être, pour ainsi dire.
l'équivalent, alors l'échange se faisait purement et
simplement; mais ceux à qui quelque vertu, quelque
dignité ou quelque parenté donnait un prix supérieur,
étaient mis à mort en échange d'un nombre plus grand.
Car, ainsi qu'il arrive dans les guerres civiles, surtout
quand elles se prolongent avec des incidents très divers,
plusieurs avaient, dans les séditions, offensé leurs
parents les plus proches. Ainsi, Antoine avait eu à
combattre contre son oncle Lucius César ; Lépidus,
contre son frère L. Paulus. Ces derniers, cependant,
furent sauvés; tandis que, parmi les autres, beaucoup
rencontrèrent dans les amis et dans les parents dont ils
attendaient le plus secours et respect, des gens qui les
égorgèrent. Pour que la crainte d'être dépouillé de ses
récompenses (M. Caton, dans sa questure, réclama des
assassins du temps de Sylla tout ce qu'ils avaient reçu
pour ces meurtres) ne rendît aucun meurtrier moins
hardi à verser le sang, les triumvirs déclarèrent
qu'aucun écrit public ne conserverait leur nom. Aussi
les meurtriers n'en furent que plus disposés à égorger
leurs concitoyens et les riches, sans avoir contre eux
aucune animosité. La quantité d'argent dont ils avaient
besoin, et l'impossibilité de contenter autrement les
désirs des soldats, rendirent les triumvirs ennemis
communs des riches. Entre autres contraventions aux
lois, qui en furent la suite, ils mirent un enfant au
nombre des adolescents, afin qu'étant déjà entré dans la
classe des hommes, on pût le faire mourir.
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