Texte grec :
[45,8] δεινῶς γὰρ δὴ πάντες ἠγανάκτησαν, καὶ οὐχ ἥκιστα ὅτι ὁ Καῖσαρ
οὐδὲ ἐς τὴν ἀγορὰν ἔτι, πρός τε τὸ ἐκείνου ἐπίφθονον καὶ πρὸς τὸ τοῦ πλήθους
ἐπαγωγόν, ἐφοίτησε. φοβηθεὶς οὖν ὁ Ἀντώνιος διελέξατό ποτε τοῖς παροῦσιν
ὅτι οὔτε τινὰ ὀργὴν τῷ Καίσαρι ἔχοι, ἀλλὰ καὶ εὔνοιαν αὐτῷ ὀφείλοι, καὶ ὅτι
ἕτοιμος εἴη πᾶσαν τὴν ὑποψίαν ἀπολύσασθαι. ἀγγελθέντων δὲ τούτων
ἐκείνῳ συνῆλθον μὲν ἐς λόγους, καὶ κατηλλάχθαι τισὶν ἔδοξαν
(τάς τε γὰρ γνώμας σφῶν ἀκριβῶς εἰδότες, καὶ ἐξελέγξαι τότε αὐτὰς
ἄκαιρον εἶναι νομίσαντες, ἀνθυπεῖξάν τινα ἀλλήλοις συμβιβαζόμενοι),
καὶ ἡμέρας μέν τινας ἡσύχασαν, ἔπειτα δὲ ἀνθυποπτεύσαντες
ἀλλήλους, εἴτ´ ἐξ ἀληθοῦς ἐπιβουλῆς εἴτε καὶ ἐκ ψευδοῦς
διαβολῆς, οἷα ἐν τῷ τοιούτῳ φιλεῖ γίγνεσθαι, διηνέχθησαν αὖθις.
ὅταν γάρ τινες ἐκ μεγάλης ἔχθρας συνενεχθῶσι, πολλὰ μὲν μηδὲν
δεινὸν ἔχοντα πολλὰ δὲ καὶ ἐκ συντυχίας συμβαίνοντα ὑποτοποῦσι·
πᾶν γὰρ ἑνὶ λόγῳ ὡς καὶ ἐξεπίτηδες καὶ ἐπὶ κακῷ τινι
γιγνόμενον πρὸς τὸ προϋπάρξαν ἔχθος λαμβάνουσι. καὶ αὐτοῖς ἐν
τούτῳ καὶ οἱ διὰ μέσου ὄντες συνεπιτίθενται· διαγγέλλοντες γάρ
τινα προσποιήσει εὐνοίας ἐπιπαροξύνουσιν αὐτούς. πλεῖστόν τε
γάρ ἐστι τὸ βουλόμενον πάντας τούς τι δυναμένους ἀλλήλοις διαφέρεσθαι,
καὶ διὰ τοῦτ´ ἐπιχαῖρόν τε ἐπὶ τῇ ἔχθρᾳ αὐτῶν καὶ συνεπιβουλεῦόν
σφισι· καὶ ῥᾷστον ἀπατηθῆναι λόγοις ἐπιτετηδευμένοις
ἐκ φιλίας ἀνυπόπτου τὸ προδιαβεβλημένον. ἐκ μὲν οὖν
τούτου καὶ ἐκεῖνοι, οὐδὲ ἐν τῷ πρὶν πιστεύοντες ἀλλήλοις, ἐπὶ
πλέον ἠλλοτριώθησαν.
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Traduction française :
[45,8] Tout le monde en fut vivement indigné, surtout
parce que César, pour rendre Antoine odieux et attirer
à lui la multitude, cessa de venir au Forum. Antoine
effrayé dit à son entourage qu'il n'avait nul ressentiment
contre le jeune César, qu'il lui devait de la bienveillance
et qu'il était disposé à effacer tout soupçon. Ces propos
ayant été rapportés à César, ils en vinrent à un entretien,
semblèrent aux yeux de quelques-uns s'être réconciliés,
car, sachant exactement leurs intentions, mais ne croyant
pas le moment alors opportun pour les manifester, ils se
rapprochèrent moyennant quelques mutuelles concessions,
et ils restèrent quelques jours en paix; puis des
soupçons de part et d'autre, soit trahison véritable, soit
aussi accusation mensongère, comme cela arrive d'ordinaire
en pareille occurrence, les brouillèrent de nouveau.
En effet lorsqu'à la suite d'une grande inimitié
des hommes se sont réconciliés, une foule de choses
qui n'ont rien de sérieux et qui sont l'effet du hasard
leur inspirent des soupçons; en un mot, leur haine précédente
leur fait voir partout l'effet d'une intention
malveillante. Dans ces circonstances, les intermédiaires
exercent aussi une certaine action sur eux; leurs rapports,
pleins d'une bienveillance simulée, les aigrissent encore
davantage. Le nombre est grand, en effet, de ceux qui
veulent que les hommes puissants soient en désaccord, et
qui, pour ce motif, se font une joie de leur inimitié et
s'unissent à ceux qui leur dressent des embûches. En
outre, il est facile de se laisser tromper par les paroles
calculées d'une amitié qui n'éveille aucun soupçon,
lorsqu'une fois on a été préalablement calomnié. Aussi,
ces deux hommes, déjà disposés à la défiance, n'en furent
que plus aigris dans leur haine mutuelle.
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