Texte grec :
[45,22] μὴ γὰρ ὅτι καὶ ψηφίσασθαί τινα αὑτῷ τὰ μὲν ἀνέπεισεν ὑμᾶς
τὰ δὲ ἐξεβιάσατο, ἧττόν τι παρὰ τοῦτο ἀδικεῖν αὐτὸν καὶ ἐλάττονος
διὰ τοῦτο ἄξιον τιμωρίας εἶναι νομίσητε. πᾶν γὰρ τοὐναντίον
καὶ ὑπὲρ αὐτοῦ τούτου μάλιστα δίκην ὀφείλει δοῦναι, ὅτι πολλὰ
καὶ δεινὰ προελόμενος δρᾶσαι δι´ ὑμῶν τέ τινα αὐτῶν ἐποιήσατο,
καὶ ταῖς παρ´ ὑμῶν ἀφορμαῖς, ἃς οὔτε εἰδότας οὔτε προορωμένους
τι τοιοῦτον ἐξαπατήσας ἠνάγκασεν αὑτῷ ψηφίσασθαι, ἐφ´ ὑμᾶς
αὐτοὺς ἀπεχρήσατο. ποῦ γὰρ ἂν ἑκόντες ὑμεῖς τὰς μὲν παρὰ τοῦ
Καίσαρος ἢ καὶ τοῦ κλήρου δοθείσας ἑκάστοις ἡγεμονίας κατελύσατε,
τούτῳ δὲ ἐπετρέψατε τά τε ἄλλα πολλὰ τοῖς φίλοις καὶ τοῖς
ἑταίροις διαδοῦναι, καὶ ἐς μὲν τὴν Μακεδονίαν τὸν ἀδελφὸν τὸν
Γάιον πέμψαι, τὴν δὲ δὴ Γαλατίαν ἑαυτῷ μετὰ τῶν στρατευμάτων,
οἷς οὐδὲν ὑπὲρ ὑμῶν χρήσασθαι εἶχε, προστάξαι; ἢ οὐ μέμνησθε
ὅπως ταραττομένους ὑμᾶς ἐπὶ τῇ τοῦ Καίσαρος τελευτῇ λαβὼν
πάνθ´ ὅσα ἠβουλήθη διεπράξατο, τὰ μὲν ἐπικοινῶν ὑμῖν ὑπούλως
καὶ ἀκαίρως, τὰ δὲ αὐτὸς ἐφ´ ἑαυτοῦ προσκακουργῶν, πάντα δὲ
βιαζόμενος; στρατιώταις γοῦν, καὶ τούτοις βαρβάροις, καθ´ ὑμῶν
ἐχρήσατο. καὶ τοῦτο θαυμάσειεν ἄν τις, εἰ κατ´ ἐκείνους τοὺς χρόνους
ἐψηφίσθη τι οἷον οὐκ ἐχρῆν, ὁπότε μηδὲ νῦν παρρησίαν ἄλλως
εἰπεῖν τι καὶ πρᾶξαι τῶν δεόντων, εἰ μὴ μετὰ φρουρᾶς, ἐσχήκαμεν;
ἣν εἰ τότε περιβεβλημένοι ἦμεν, οὔτ´ ἂν ἐκεῖνος ὧν φήσει τις αὐτὸν
τυχεῖν ἔτυχεν, οὔτ´ ἂν τὰ μετὰ ταῦτα αὐξηθεὶς ἐξ αὐτῶν
ἔπραξε. μὴ οὖν ὅσα κελευόμενοι καὶ καταναγκαζόμενοι καὶ θρηνοῦντες
δεδωκέναι αὐτῷ ἐδόξαμεν, ταῦτά τις ὡς καὶ νομίμως καὶ
δικαίως γεγονότα προβαλλέσθω· οὐδὲ γὰρ ἐν τοῖς ἰδίοις, ὅσα ἄν
τις ἕτερος ὑφ´ ἑτέρου βιασθεὶς πράξῃ, κύρια ταῦτα τηρεῖται.
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Traduction française :
[45,22] Parce qu'il a obtenu de vous quelques décrets
en sa faveur, les uns par la persuasion, les autres par la
violence, n'allez pas pour cela croire qu'il est moins
coupable et qu'il mérite un moindre châtiment. Tout
au contraire, il doit surtout être puni de ce qu'ayant
dessein de commettre bien des forfaits, il en a accompli
quelques-uns par votre moyen, et que les
avantages qu'il vous a, contre toute prévoyance, contraints
par ses tromperies à lui fournir dans vos décrets,
il en a abusé contre vous-mêmes. Comment, en
effet, eussiez-vous consenti à retirer des gouvernements
distribués par César ou par le sénat, pour permettre
à cet homme de répartir maintes faveurs à
ses amis et à ses compagnons, d'envoyer son frère
Caïus en Macédoine, de prendre pour lui-même la
Gaule avec les armées, quand il n'a pas à s'en servir
pour vous ? Ne vous souvient-il pas aussi comment,
à la faveur du trouble que vous causa la mort de César,
il fit tout ce qu'il voulut, vous associant à certains
actes avec astuce et à contre-temps, en y ajoutant des
attentats commis de sa propre autorité, avec mauvaise
foi, remplissant tout de ses violences ? car il a employé
contre vous des soldats, et des soldats barbares ! Et l'on
s'étonnera qu'à cette époque il ait été décrété quelque
mesure qui n'eût pas dû l'être, lorsque aujourd'hui nous
n'aurions pas la liberté de parler et d'agir selon notre
devoir, si nous n'étions protégés par une garde? Si
nous l'eussions eue alors autour de nous, il n'aurait
pas obtenu ce qu'on dira qu'il a obtenu, et, augmentant
par là sa puissance, fait ce qu'il a fait. Les choses
donc que, cédant à des ordres, à la contrainte, et versant
des larmes, nous avons paru lui accorder, que
personne ne vienne nous les objecter comme des actes
légitimes et justes : même entre particuliers, tout
ce qui est le résultat d'une contrainte est réputé non obligatoire.
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