Texte grec :
[38,6] οὐ μέντοι καὶ ὁ Βίβουλος ἐνεδίδου, ἀλλὰ τρεῖς δημάρχους συναγωνιστὰς
προσθέμενος ἐκώλυσε τὸ νομοθέτημα, καὶ τέλος, ἐπειδὴ
μηκέτ´ αὐτῷ μηδεμία ἄλλη σκῆψις ἀναβολῆς ὑπελείπετο, ἱερομηνίαν
ἐς πάσας ὁμοίως τὰς λοιπὰς τοῦ ἔτους ἡμέρας, ἐν αἷς οὐδ´ ἐς
ἐκκλησίαν ὁ δῆμος ἐκ τῶν νόμων συνελθεῖν ἐδύνατο, προηγόρευσε.
καὶ ἐπειδὴ ὅ τε Καῖσαρ βραχὺ αὐτοῦ φροντίσας ῥητήν τινα ἡμέραν
προεῖπεν ἵν´ ἐν αὐτῇ νομοθετήσῃ, καὶ τὸ πλῆθος νυκτὸς τὴν
ἀγορὰν προκατέλαβεν, ἐπῆλθε μετὰ τῶν παρεσκευασμένων, καὶ πρὸς
μὲν τὸ Διοσκόρειον, ἀφ´ οὗπερ ἐκεῖνος ἐδημηγόρει, διέπεσεν, τὰ μὲν
αἰδοῖ τῶν ἀνθρώπων ὑπεικόντων οἱ, τὰ δὲ καὶ νομιζόντων αὐτὸν
μὴ καὶ ἐναντιωθήσεσθαί σφισιν, ὡς δὲ ἄνω τε ἐγένετο καὶ ἀντιλέγειν
ἐπειρᾶτο, αὐτός τε κατὰ τῶν ἀναβασμῶν ἐώσθη καὶ αἱ
ῥάβδοι αὐτοῦ συνετρίβησαν, πληγάς τε καὶ τραύματα ἄλλοι τε καὶ
οἱ δήμαρχοι ἔλαβον. καὶ ὁ μὲν νόμος οὕτως ἐκυρώθη, Βίβουλος
δὲ τότε μὲν ἀγαπητῶς ἐσώθη, τῇ δ´ ὑστεραίᾳ ἐπείρασε μὲν ἐν τῷ
συνεδρίῳ αὐτὸν λῦσαι, ἐπέρανε δ´ οὐδέν· τῇ γὰρ τοῦ πλήθους
σπουδῇ δεδουλωμένοι πάντες ἡσύχαζον. ἀνεχώρησέ τε οὖν οἴκαδε,
καὶ οὐκέτι τὸ παράπαν ἐς τὸ κοινὸν μέχρι τῆς τελευταίας τοῦ ἔτους
ἡμέρας παρῆλθεν, ἀλλ´ ἐν τῇ οἰκίᾳ καταμένων ἀεὶ τῷ Καίσαρι,
ὁσάκις γε ἐνεωτέριζέ τι, ἐνετέλλετο διὰ τῶν ὑπηρετῶν ὅτι ἱερομηνία
τε εἴη καὶ οὐδὲν ὁσίως ἐκ τῶν νόμων ἐν αὐτῇ δύναιτο δρᾶσθαι.
ἐπεχείρησε μὲν γὰρ αὐτὸν ἐπὶ τούτοις Πούπλιός τις Οὐατίνιος δήμαρχος
ἐς τὸ οἴκημα καταθέσθαι, τῶν δὲ συναρχόντων οἱ ἐναντιωθέντων
οὐκ ἐνέβαλεν, ἀλλ´ ἐκεῖνός τε οὕτω τῶν πολιτικῶν ἐξέστη
καὶ οἱ δήμαρχοι οἱ συνεξετασθέντες αὐτῷ οὐκέτ´ οὐδὲν δημόσιον ἔπραξαν.
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Traduction française :
[38,6] Cependant Bibulus ne céda pas : il s'opposa à la loi
avec trois tribuns qu'il avait pris pour auxiliaires. Quand
il n'eut plus de prétexte pour obtenir des délais, il
annonça que jusqu'à la fin de l'année il prendrait, chaque
jour, les augures : de cette manière le peuple ne pourrait
point se former légalement en assemblée. César, sans
s'inquiéter de cette déclaration, fixa le jour où la loi serait
rendue, et le peuple envahit le Forum pendant la nuit.
Bibulus s'y rendit, de son côté, avec les amis qu'il avait
rassemblés autour de lui et se dirigea en toute hâte vers
le temple de Castor, où César haranguait la multitude.
Elle lui laissa un libre passage, soit par respect, soit parce
qu'elle espérait qu'il ne serait pas contraire à ses intérêts.
Parvenu aux degrés supérieurs du temple, Bibulus
essaya de parler contre la loi ; mais il fut précipité du
haut des marches, et ses faisceaux furent brisés.
Plusieurs citoyens et les tribuns du peuple reçurent des
coups et des blessures : voilà comment la loi fut adoptée.
Bibulus, qui s'était trouvé heureux en ce moment d'avoir
la vie sauve, tenta, le lendemain, en plein sénat, de
l'abroger ; mais il ne réussit pas. Personne ne bougea,
tant l'élan populaire avait subjugué les esprits. Bibulus se
retira chez lui et ne se montra plus en public, jusqu'au
dernier jour de l'année ; mais, renfermé dans sa maison,
il faisait dire à César par les licteurs, toutes les fois que
celui-ci proposait une mesure nouvelle, qu'il prenait les
augures et qu'on ne pouvait rien faire, sans violer les
lois. Aussi un tribun du peuple, P. Vatinius, voulut-il le
mettre en prison : ses collègues s'y opposèrent et il
renonça à son projet. C'est ainsi que Bibulus abandonna
la vie politique : les tribuns, qui s'étaient déclarés pour
lui, ne traitèrent plus aucune affaire publique.
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